samedi 29 mai 2010

Redynamisation de SOS. Esclaves : Des points focaux pour renforcer sa présence sur le terrain

SOS. Esclaves sonne la mobilisation en matière de droits humains pour une meilleure efficacité dans la mise en œuvre de ses programmes de protection, de promotion et de sensibilisation sur les droits fondamentaux relatifs à l’esclavage et à la discrimination.

Et, pendant 3 jours, avec l’appui d’Anti Slavery, les militants de cette association, au nombre de 30, ont été initiés aux techniques de collecte d’informations, au monitoring et à l’application et au respect de la loi n° 2007-048 du 3 septembre 2007.

Cette formation visait à «sensibiliser sur le fait que l’esclavage, qui est aboli depuis longtemps, est aujourd’hui criminalisé et ceux qui continuent à le pratiquer encourent des sanctions », selon Boubacar Ould Messaoud, président de SOS. Esclaves.
Il s’agira également de porter l’accent sur «la nécessité d’éduquer les enfants descendants d’esclaves, de les protéger et y compris les femmes qui sont les principales victimes de l’esclavage», a-t-il poursuivi.

Ainsi, les stratégies d’intervention vont tourner autour de l’occupation du terrain, de la sensibilisation des victimes de l’esclavage sur les garanties juridiques offertes au niveau international et celles offertes également par la loi de 2007 qui a créé une dynamique au niveau des organisations de défense des droits de l’homme.

Au-delà de faire face aux défis organisationnels et aux perspectives d’action en faveur de l’émancipation des esclaves et des descendants d’esclaves, cette formation qui a eu lieu du 09 au 11 novembre à Nouakchott avait pour objectif principal de faire la sensibilisation sur la loi n° 2007-048 du 3 septembre 2007 portant incrimination de l’esclavage et réprimant les pratiques esclavagistes.

Mais également, «rendre opérationnels nos représentants sur le terrain, qu’ils puissent savoir comment suivre un cas de pratique esclavagiste, comment le traiter et surtout ce qu’il faut faire pour assister les victimes de l’esclavage », explique Boubacar Ould Messaoud. Parallèlement à cette formation, cette organisation nationale de défense des droits de l’Homme est en train de s’activer pour une campagne d’adhésion autour de la question de l’esclavage et de son éradication définitive à Nouakchott et plus particulièrement à l’intérieur du pays où l’on ignore la loi n° 2007-048 du 3 septembre 2007.

Le changement de ton et de stratégie

Cette formation initiée par SOS. Esclaves est le prélude d’une série d’activités visant à renforcer son maillage du territoire national. Toutefois, a précisé le président, il ne s’agit pas d’une stratégie de dévoilement. Mais, plutôt d’un renforcement de leur présence dans les différentes localités du pays où l’esclavage est plus présent et d’un renforcement de la capacité de ses points focaux.

Aujourd’hui, de plus en plus de mauritaniens adhèrent à SOS. Esclaves et font siens de ses principes et objectifs. L’organisation est devenue ouverte à tout le monde. A SOS. Esclaves, l’heure est désormais au changement de ton et de stratégie. «Avant, nous étions dans la dénonciation. Aujourd’hui, nous avons l’objectif d’aller à la rencontre des gens et de les associer à une campagne de sensibilisation que nous allons mener pour la réinsertion des esclaves », déclare Boubacar Ould Messaoud.
Il poursuit : «Nous pensons qu’il n’y a pas que les pratiques d’esclavage. Il y a également les séquelles et celles-ci demandent qu’on soit présent partout parce qu’il y a beaucoup d’injustice. »

Face à certaines injustices, SOS. Esclaves s’est insurgé contre le fait que les projets destinés à des anciens esclaves- qui servent de canaux aux maîtres esclavagistes-pour leur réinsertion dans la vie soient détournés par ces derniers au profit de leurs fils. Loin d’être une solution dans la lutte contre les séquelles de l’esclavage, cela ne fait qu’enrichir les maîtres esclavagistes. Et, en conséquence, «la domination continue», regrette Boubacar Ould Messaoud qui a suggéré plus de sérieux dans l’attribution de certains programmes destinés à réinsérer les anciens esclaves dans la vie active.

La bataille contre l’esclavage sera désormais accès sur la formation et l’information. Et, comme l’explique l’assistant technique de SOS. Esclaves, il s’agira de faire un plaidoyer local autour de la question de l’esclavage. «On ne peut plus accuser le gouvernement de ne pas avoir interdit l’esclavage. Maintenant, il est criminalisé. Il s’agit désormais de pousser le gouvernement à appliquer la loi en montrant des cas avérés d’esclavage », dit-il.

Babacar Baye NDIAYE

Filles domestiques mineures accusées de vols ou victimes de viols : L’AFCF s’insurge contre la complicité entre les employeurs,la police et la justice

La présidente de l’Association des Femmes Chefs de Famille (Afcf) a exigé, au cours d’une conférence de presse organisée le 24 décembre, l’application de la loi sur les mineurs de 2005 mais aussi exprimé son inquiétude au sujet de la situation des filles domestiques mineures.
Cette conférence presse, dont l’objectif est de permettre au public et à la presse de connaître la problématique des filles domestiques mineures, vise à élucider les obstacles et les difficultés que rencontrent l’Afcf sur le terrain par rapport à ce projet lancé depuis août 2009.
"Nous avons d’énormes difficultés", a déclaré Aminétou Mint El Moctar, présidente de l’Afcf. "Il n’y a qu’un seul commissariat pour les mineurs dans tout Nouakchott", regrette-t-elle.

Aminétou Mint El Moctar, qui n’a pas raté de souligner les difficultés de déplacement auxquelles elles sont confrontées, a déploré le fait que des commissaraits de la capitale ou de l’intérieur du pays qui ne sont pas du tout spécialisés dans la question des filles mineures, soient saisies de cette question par des tierces personnes.

"Il y a des cas qui se retrouvent dans d’autres commissariats. Ces filles mineures sont traitées comme des adultes et souvent maltraitées", explique-t-elle. "Sans enquête et sans rien du tout, on envoie ces filles domestiques mineures directement en prison", ajoute-t-elle.

A en croire Aminétou Mint El Moctar, cette situation ne se fait pas sans complicité entre les employeurs et la police, hypothéquant du coup le sort de ces filles domestiques mineures.
"Je donne l’exemple de Fatou Guèye qu’on a envoyée directement en prison sans faire aucune enquête", renseigne-t-elle. Comme Fatou Guèye, de nombreuses filles domestiques mineures sont aujourd’hui accusées, à tort ou à raison, de vols, en plus d’être des victimes de viols ou de maltraitances corporelles.

"C’est une situation que nous dénonçons", a affirmé Aminétou Mint El Moctar qui s’est également outrée de l’absence d’enquête honnête et de collaboration dans ce genre d’affaire où "on n’écoute que l’employeur", dit-t-elle. "Parfois même, on est chassé des commissariats pour ne pas assister la victime. On nous prive de faire correctement notre travail", a-t-elle complété.

Cette situation est aussi valable au niveau des tribunaux. "Là, c’est le grand problème. Le dossier est souvent classé sans suite", a rappelé Aminétou Mint El Moctar qui n’a pas manqué d’attaquer le comportement outrancier de certaines autorités judiciaires qui usent souvent, à l’en croire, de menaces verbales pour intimider la victime et la faire taire.
Une meilleure prise en charge de cette question supposerait, explique la présidente de l’Afcf, qu’un cadre juridique sur la situation des filles domestiques mineures soit élaboré le plus rapidement possible.

Autant le Ministère de la justice est concerné par cette question, autant l’est celui de l’Intérieur en ce qui concerne l’élaboration d’un code de bonne conduite au sein de la police.
Pour Aminétou Mint El Moctar, la question des filles domestiques mineures doit être prise en considération par les pouvoirs publics comme l’est actuellement celle relative à la lutte contre la corruption et la gabegie. Elle a enfin suggéré, pour circonscrire cette situation, l’élaboration d’un cadre juridique pour protéger les filles domestiques mineures dont certaines d’entres, durant leur incarcération, séjournent avec des personnes subversives, une fois accusées de vols par leurs employeurs. Une situation vertement critique par Aminétou Mint El Moctar.

Babacar Baye Ndiaye

Projet de promotion des droits de la femme : 3.000 personnes ont été sensibilisées à Nouakchott

La fin des activités du projet de promotion des droits de la femme et de renforcement des organisations de la société civile a été sanctionnée par un atelier de restitution qui a eu lieu ce 30 novembre à l’hôtel Khatter en présence des responsables du Programme d’Appui à la Société Civile et à la Bonne Gouvernance (PASOC).

Et selon la coordinatrice de ce projet Salimata Sy, 3.000 personnes ont été sensibilisées à Nouakchott sur les droits de la femme, au cours de l’année 2009. En Mauritanie, les enquêtes sociologiques révèlent que les femmes même celles qui habitent dans la capitale méconnaissent leurs droits.

D’après Aminétou Mint El Moctar, la présidente de l’Association des Femmes Chefs de Famille, la femme mauritanienne, comme la plupart de ses consoeurs d’Afrique et du monde Arabe, est restée longtemps maintenue «hors du circuit des responsabilités et des centres de décision ». Pour elle, la méconnaissance des juridictions nationales et l’absence de l’application de ce qui existe déjà comme lois sont un handicap à la promotion et à la marche de la femme mauritanienne vers l’égalité et l’émancipation.

«Le projet va contribuer au renforcement de la place de la femme dans la société à travers la vulgarisation et la diffusion des droits de la femme auprès des acteurs de la vie publique et des populations à Nouakchott», a déclaré Salimata Sy.

Toutefois, des difficultés d’ordre politique liées au climat qui a prévalu avant et après le coup d’Etat du 6 août 2008 sont venues se greffer à ce projet pendant son exécution rendant du coup impossible la mobilisation des élus et leur implication dans l’action. Salimata Sy a regretté aussi, au cours de sa présentation du projet, les lenteurs dans les procédures d’autorisation du PASOC sur les modifications du budget et du plan d’action qui ont constitué une contrainte dans la mise en œuvre de certaines activités de sensibilisation.

«Notre objectif initial visait à atteindre 18.000 personnes à travers 24 campagnes de sensibilisation sur une année. Cela nous a parus trop ambitieux au vu des moyens qui étaient mis à notre disposition. A cela s’ajoute le fait que le projet ne cherchait pas à informer mais à susciter un changement de comportement », explique-t-elle.

De son côté, Aminétou Mint El Moctar a toutefois reconnu que ce projet leur a permis d’ouvrir un débat sur le contenu du Code du Statut Personnel, la levée des réserves sur la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discriminations à l’égard des femmes et l’amélioration des juridictions nationales.

En outre, ce projet a montré que l’implication des hommes et le changement des mentalités sont indispensables pour mettre fin aux violences contre les femmes qui restent encore tributaires de discriminations notoires dans bien des domaines.

Au total, 11 élus locaux, 8 parlementaires, 5 oulémas et 16 personnes ressources et responsables d’Ongs ont été également sensibilisées sur les réserves émises par l’Etat mauritanien sur la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discriminations à l’égard des femmes, le manque d’harmonisation de la législation interne avec les conventions internationales et l’absence de décrets de mise en application des conventions ratifiées et les lois internes.

L’Association des Femmes Chefs de Famille (AFCF), en collaboration avec d’autres associations de défense des droits de la femme, a appelé les oulémas et les élus à constituer le fer de lance dans le combat pour la promotion des droits de la femme mauritanienne.

Babacar Baye NDIAYE

A 11 ans, Oumoul Khairy risque d’être remariée après deux ans de célibat !

Tous les jours, des parents, sans s’en rendre compte, violent allègrement, les droits de leur enfant. Oumoul Khairy Mint Sidi Mohamed, âgée de 11 ans, en est une parfaite illustration. Comme tant d’autres milliers de filles de sa génération, elle vient d’être mariée, sans son consentement, pour une seconde fois en l’espace de deux ans.

C’est à peine qu’elle s’est remise de son premier mariage qui l’a psychologiquement et physiquement bouleversée, qu’Oumoul Khairy Mint Sidi Mohamed a apprise qu’on lui avait trouvée un second époux.

Un tel agissement n’a pas manqué de susciter l’ire de la présidente de l’Association des Femmes Chefs de Famille (AFCF), Aminétou Mint El Moctar qui a été aussitôt saisie de cette affaire qu’elle suit depuis presque trois ans.

On est en 2006. Oumoul Khairy Mint Sidi Mohamed, alors âgée de 6 ans, est mariée et amenée en Arabie Saoudite par une de ses tantes. Pendant deux ans, elle va vivre un véritable calvaire. Elle sera torturée et malmenée par sa propre tante et la famille de celle-ci.
Aujourd’hui, l’histoire semble se répéter pour cette jeune fille. Mais, c’est sans compter avec Aminétou Mint Ely Moctar qui n’est y est pas allée avec le dos de la cuillère pour dénoncer cet acte qu’elle a qualifié d’inhumain et aux antipodes de la loi qui interdit formellement le mariage précoce.

Dans ce sens, rappelons que l’article 6 de la loi n° 2001-052 du 19 juillet 2001 portant Code du Statut Personnel stipule que : "La capacité de se marier est accomplie pour toute personne douée de raison et âgée de 18 ans révolus".

Pour Aminétou Mint Ely Moctar, cela montre que les pouvoirs publics ont encore du chemin à faire pour venir à bout des mariages précoces et forcés. Et aujourd’hui, les organisations féminines qui veulent défendre les droits de ces petites filles rencontrent des difficultés face aux pouvoirs publics et aux familles. Comble du sort, c’est que parfois même des juges et des hommes religieux sont impliqués.

Selon l’Enquête sur la Dimension Sanitaire en Mauritanie (EDSM) réalisée en 2001, 13% des filles ont déjà contracté un mariage avant l’âge de 15 ans. Aujourd’hui, le mariage précoce prend de l’ampleur malgré le fait que le Code du Statut Personnel (CSP) l’interdise. Cette situation avait interloqué le Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes qui s’inquiétait déjà de "l’existence d’une idéologie patriarcale aux stéréotypes solidement ancrés et de la persistance de règles, de coutumes et de traditions culturelles néfastes et fermement enracinées à savoir notamment le mariage forcé et le mariage précoce".

Pour Aminétou Mint Ely Moctar, qui explique les raisons de la persistance d’un tel phénomène par la liberté accordée au tuteur de marier sa fille, ce qui est une brèche à toute violation des droits des femmes. "Ce qui met aussi en cause la liberté de choisir librement son mari et l’âge fixé du mariage qui est de 18 ans. Cela constitue, le manque de possibilité de choisir son mari, un facteur de discrimination dans la prolifération des divorces et l’instabilité du foyer. Cette situation engendre également des violences conjugales qui se sont accrues ces dernières années", explique-t-elle.
La présidente de l’Association des Femmes Chefs de Famille (AFCF) a appelé, tout en condamnant ce cas de mariage forcé, à ce que le père d’Oumoul Khairy Mint Sidi Mohamed soit sanctionné comme prévu dans le Code du Statut Personnel (CSP).

Babacar Baye NDIAYE

Polémique autour de Ndiaga Dieng : Les internautes analysent sa nomination à la tête de la Gendarmerie Nationale

La nomination de Ndiaga Dieng au poste de chef d’état-major de la Gendarmerie Nationale ce mercredi 2 décembre 2009 a été diversement appréciée par les internautes qui l’ont largement commentée. A vrai dire, cette nomination qui est l’aboutissement direct du rapt des trois humanitaires espagnols a surpris tout le monde et celle-ci est vue par de nombreux internautes comme la récompense d’un officier "expérimenté", "habile" et "efficace".

"Dans l'armée, chacun sait sa valeur. Ndiaga fait partie des meilleures graines qui ont échappé à la dictature de Maouiya Ould Sid’Ahmed Taya et surtout à la haine raciale. Le Président a vu juste et doit continuer à reprendre les forces armées et de sécurité en mettant au commandement les plus méritants quelles que soient leur race et leurs couleurs" (Kaonlk).

"Il est heureux et rassurant que le Président tire aussi rapidement les conséquences de la situation grave créée par ce regrettable enlèvement aussi proche de la capitale. Le choix du colonel Ndiaga Dieng est également bien inspiré sur tous les plans. Il s'agit d'un officier d'une grande envergure, expérimenté, habile et efficace. Il mérite cette consécration, pour tout ce qu'il a donné à ce pays et sa compétence" (Mdwessat).

"Si Feu Colonel O. Boïde était en vie, il serait ravi de cette nomination. Le Président Aziz avait dit que les nominations se feraient au mérite. Félicitations à Ndiaga Dieng et nous lui souhaitons à lui et au personnel de la Gendarmerie beaucoup de réussite dans leur mission délicate. C'est un homme simple comme l'est le Président Aziz qui se soucie beaucoup des faibles, à le voir à Boghé dans sa maison avec des boghéens simples, apprécié de tous car ce vaillant officier reste toujours calme, simple et ne prend jamais les choses de l'Etat à la légère" (Elhoussein).


Retour à l’époque de Mâaouiya Ould Sid’Ahmed ? Volonté de contrecarrer le terrorisme ? Suite logique d’une situation ? Rescousse ? Les avis divergent et chacun y va de ses propres analyses envoyant au passage des volées de bois vert.

"Ce n’est que le début du retour à la normale, donc aux normes d’une armée nationale représentative du peuple mauritanien dans toutes ses franges. D’éléments zélés avaient trop joué sur l’incrédulité d’Ould Taya qui a recruté à bras le corps des « baasistes » dont il avait une peur bleue. Le résultat est là avec une armée divisée en 2 compartiments essentiels : des officiers maures blancs et des hommes de troupe harratin, avec quelques éléments négro africains parsemés ça et là!" (Ibadou).

Certaines internautes n’ont pas compris pourquoi Mohamed Ould Abdel Aziz qui est en casse pipe contre les "Roumouz-el-Vessad" et les "Moufçidines" puissent aujourd’hui faire revenir Ndiaga Dieng qui "était un sbire de Mâaouiya Ould Sid’Ahmed Taya" (Maurebleu).
"Apres la gabegie, les militaires. Aziz n'oublie pas que tu as accédé au pouvoir grâce à ton limogeage donc fait très attention. Celui qui règne par les armes croupira par les armes. Ndiaga Dieng n'était pas le bon choix" (Morelam). "Toujours la stratégie de Maâouiya. Ce pays n’avancera jamais" (Chourahbil).

"Aziz doit savoir qu'on ne peut pas rafistoler indéfiniment un vieux boubou, il faut le changer tout simplement. Ndiaga Dieng ne sera d'aucune utilité. Ces messieurs sont d'une autre époque. Ils ont fait leur temps, le temps du "grand" Mâaouiya O/ Sid’Ahmed Taya. La Mauritanie nouvelle sera ou ne sera pas qu'avec de nouveaux hommes. Je sais qu'il n'y a pas de relève négro-africaine dans l'armée tellement que la purge fût débilement effectuée, mais il y a de valeureux jeunes officiers maures qu'il faut mettre au travail pour bien remplacer cette vielle garde qui s'est assagie. Il est incompréhensible que sur les routes les plus riches du monde, juste après la côte d'ivoire, en "Check Point", on arrive à enlever des personnes qui devraient être les mieux gardées, et en plein jour, avec leur disparition à la vitesse de la fumée!" (Ibadou)

Dans ce méli-mélo de confrontation à distance par écrits interposés, il y’en a certains qui tentent d’apaiser ces deux camps : "Féliciter ou blâmer, cela ne rapporte rien au peuple. Nous avons un nouveau départ avec le général Mohamed Ould Abdel Aziz. Personne n'a plus droit à l'erreur. Tout celui qui ne se montre pas utile et intègre doit céder sa place"(Abdoull).

"Ould Békrine limogé et Ndiaga Dieng à sa place ? La tayatie revient de plus belle. Il ne manque plus que Mohamed Salem Ould Lekhal et Lemrabott Ould Sidi Mohamed"(Ibadou).
Certains internautes n’ont pas manqué de dénoncé "le comportement anormal de la [gendarmerie] vis-à- vis des voyageurs sur nos routes. Si cela a abouti au limogeage d’un colonel, tant pis !"(Dykrim).

"Cette nomination n'est-elle pas à l'image du fiasco qui a conduit au limogeage de son prédécesseur?"(Ibadou). "Cette mesure devait toucher tous les corps. Ce qui s'est passé (le rapt des trois espagnols, Ndlr) est inadmissible!"(Deddouh). Et, sur un ton empreint d’ironie, Ell-arrab, à la suite de l’enlèvement des trois humanitaires espagnols, déduit que notre Gendarmerie Nationale est "composée de chèvres".

Avant sa nomination à la tête de la Gendarmerie Nationale, Ndiaga Dieng était le président de la Fédération Mauritanienne de Basket Ball. "J'espère seulement que le Basket Ball ne va pas souffrir de cette nouvelle nomination" (Terrouzi).

Babacar Baye NDIAYE

Accès au crédit, aux soins de santé et aux services : Les femmes laissées en rade

Aujourd’hui, des structures de micro-finance sont crées par des femmes qui, désormais, voudraient inscrire leur action dans une dynamique de lutte contre la pauvreté. Certaines d’entre elles sont en train de mettre à profit leurs capacités productives afin de favoriser le développement économique du pays. Mais, le constat est là : toutes les femmes n’ont pas accès au crédit, aux soins de santé, à l’éducation, à la justice, à l’eau potable, à l’électricité, aux terres et aux travaux rémunérateurs.

Face à cette situation, des associations féminines élèvent, de plus en plus, le ton pour qu’on facilite à la femme l’accès au crédit pour lui permettre de satisfaire ses besoins économiques et sociaux mais également ceux de sa famille.

Des femmes comme Aminétou Mint Ely Moctar, la présidente de l’Association des Femmes Chefs de Famille (Afcf), regrette qu’il n’y ait pas de traçabilité dans les décisions des pouvoirs publics. Ce qui, à ses yeux, constitue une violation flagrante de la Convention sur l’Elimination de toutes les formes de discrimination dont les grands principes tardent à être mis en œuvre par le gouvernement mais également en ce qui concerne l’adoption de mesures nécessaires à la suppression de toutes formes ou manifestations de discriminations.

C’est un secret de polichinelle que les femmes sont confrontées à des problèmes économiques du fait de leur manque d’accès au crédit. «Beaucoup de femmes voudraient se lancer dans des activités génératrices de revenus(AGR) mais elles n’ont pas de moyens. Nous savons que ces femmes ont un problème d’accès au crédit formel », explique Déwel Diop, présidente de l’Association féminine d’épargne et de crédit.

Aujourd’hui, avec l’appui d’institutions de microcrédit, les femmes peuvent bénéficier d’un prêt qui pourrait leur permettre de développer et de renforcer leurs activités génératrices de revenus.

Dans ce cadre, Déwel Diop, pour nous convaincre de l’importance d’accorder du crédit aux femmes, nous raconte l’histoire de cette femme, habitant dans un quartier périphérique de Nouakchott, qui n’a jamais, dans sa vie, gardé un montant dépassant les 50.000 UM.

«Elle a pu accéder, à travers une mutuelle d’épargne, à un montant de 100.000 UM de crédit. Elle n’a jamais su ce que c’était une mutuelle d’épargne, un chèque. Quand elle a eu ce montant, elle n’a pas dormi toute la nuit parce qu’à chaque instant, elle pensait que cet argent allait être soutiré par quelqu’un. Son mari, lorsqu’elle est venue avec les 100.000 UM, était tout content », raconte-t-elle.

Avec cet argent, cette dame a pu acheter deux congélateurs flambants neufs pour développer son activité de vente de jus. «Avec cette activité, elle a pu acheter un terrain à PK qu’elle a réussi à construire. Ce qui montre que l’accès au crédit peut permettre aux femmes de développer leurs activités», dit-elle.

«Les femmes s’impliquent économiquement et politiquement », a-t-elle rappelé. Et, pour cette raison, Déwel Diop a indiqué qu’elles doivent avoir accès au microcrédit, dont l’utilité n’est plus à démontrer dans la lutte contre la pauvreté, pour améliorer leurs conditions de vie et celles de leur famille.
Aujourd’hui, des organisations féminines regrettent que le cadre stratégique de lutte contre la pauvreté n’ait pas pris en considération la situation sociale des femmes chefs de famille et des femmes rurales. Pour celles-ci, ce cadre stratégique n’a pas, ni plus ni moins, changé la situation précaire des femmes.

Et, pourtant, dans ses observations finales sur la Mauritanie rendues à la trente-huitième session de l’Assemblée Générale des Nations-Unies de juin 2007, le Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes s’inquiétait de la pauvreté généralisée des femmes notamment chefs de famille.

En outre, il s’inquiétait notamment de la situation des femmes rurales, de leur manque d’information et de leur non-participation aux processus décisionnels ainsi que de leur manque d’accès aux soins de santé, aux services de sécurité sociale, à l’éducation, à la justice, à l’eau potable, à l’électricité et aux ressources foncières et bancaires.

Babacar Baye NDIAYE

Mutilations Génitales Féminines : Une fatwa peut-elle accélérer l’abandon de cette pratique ?

Selon la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discriminations à l’égard des femmes, les mutilations génitales féminines comme le mariage forcé et le mariage précoce, la polygamie, l’alimentation forcée, font partie des stéréotypes solidement ancrés en Mauritanie mais aussi une des règles, des coutumes et des traditions culturelles néfastes et fermement enracinées.

Une situation qui n’a pas manqué d’inquiéter le comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes durant sa trente-huitième session de mai-juin 2007. Déjà, à cette époque, des Ongs engagées dans la protection des filles et des femmes qui ont travaillé avec des théologiens lesquels ont confirmé que l’excision n’est pas une obligation religieuse s’insurgeaient contre cette pratique qu’elles considèrent comme étant discriminatoires à l’égard des femmes et constituent de graves obstacles à l’exercice de leurs droits.

"Il ne fait aucun doute que cette fatwa luttera de manière significative [contre les mutilations], dans la mesure où elle retire le masque religieux derrière lequel s'abritaient de telles pratiques. Mais nous avons besoin d'une campagne dans les médias destinée à faire connaître cette fatwa, l'expliquer et éclaircir sa signification religieuse et sociale", déclare Sheikh Ould Zein Imam, professeur de jurisprudence à l’Université de Nouakchott contacté par Magharebia.

Le 12 janvier dernier, sous l’impulsion du forum de la pensée islamique et du dialogue entre les cultures, une trentaine de leaders religieux ont émis une fatwa contre l’excision. Mais, faut-il le rappeler, une fatwa est un avis religieux qui a force d’orientation légale mais sans être lui-même une loi.

Ce n’est pas la première fois qu’on agit contre la pratique de l’excision. Ce n’est pas non plus la première fois que les mutilations génitales féminines sont déclarées néfastes et dangereuses pour la santé. Combien d’ateliers, de journées de réflexion et de campagne de sensibilisation a-t-on organisé autour de cette pratique ? Ce constat est aussi valable en ce qui concerne les recommandations.

Dans son rapport alternatif pour la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discriminations à l’égard des femmes publié en 2007, le Réseau des partenaires pour la promotion et la protection des droits humains en Mauritanie recommandait aux pouvoirs publics de prendre des mesures pour le suivi des cas saillants de complications pour une application effective de l’article 12 du Code de Protection Pénale de l’Enfance pour s’assurer de la poursuite des auteurs de l’acte, de favoriser l’accès des Ongs aux médias publics pour sensibiliser les communautés sur les pratiques néfastes à la santé de la femme et la petite fille, d’introduire dans les programmes scolaires la question de la lutte contre les différentes formes de pratiques néfastes, de protéger et soutenir les filles qui pourraient être obligées de subir cette pratique en les mettant sous tutelle d’une institution ou autorité officielle, d’adopter des mesures de prises en charge par l’Etat des cas extrêmes comme par exemple en cas de cicatrices chéloïdiennes, de boursouflures, de complications urinaires et autres effets nécessitant un suivi médical.

Faut-il voir dans cette fatwa une sollicitation du pouvoir pour délégitimer, au regard de la religion, cette pratique ? En Mauritanie, il n’existe pas des tribunaux devant lesquels des cas ont été présentés et jugés. Jusque-là, les pouvoirs publics se sont contentés, tout simplement, d’observer le silence radio sur cette pratique en préférant laisser le champ de l’action aux religieux et aux médecins de se prononcer par rapport à cette question taboue.

Dans ce cadre, les choses semblent s’accélérer puisque le dernier obstacle, la prononciation des religieux en défaveur de cette pratique, a été levé depuis ce 12 janvier. D’ailleurs, leur position ambivalente avait retardé la validation du projet de loi interdisant les mutilations génitales féminines.

Cette fatwa reconnue par le gouvernement aura certainement de l’influence sur l’abandon de la pratique de l’excision. Mais, pour les Ongs engagées dans la protection des filles et des femmes, lutter contre l’excision nécessite surtout de promulguer une loi interdisant la pratique de l’excision sous toutes ses formes d’une part et d’autre part faire appliquer les sanctions prévues dans le cadre du Code de Protection Pénale de l’Enfance même en dehors de préjudices.

Cette fatwa que beaucoup considèrent comme un progrès dans la lutte contre les mutilations génitales féminines va-t-elle avoir de l’influence sur les communautés qui la pratiquent qui sont les premières concernées ? Vont-elles accepter d’abdiquer une pratique qu’elles considèrent comme une pratique d’embellissement ? Cette fatwa pourra-t-elle accélérer l’abandon de la pratique de l’excision ? Au vu de la réalité de cette pratique, on peut dire qu’à ce propos, ce n’est pas encore demain la veille.

Babacar Baye NDIAYE

Une Mauritanienne accuse le consulat de Mauritanie aux Iles Canaries de lui avoir refusé de délivrer son passeport

Presque la cinquantaine, Marième Diop, une mauritanienne d’origine, vit aux Iles Canaries depuis 1986. L’histoire que cette dame est en train de vivre dans ce pays ressemble à une vie de bâton de chaise. Depuis plus d’une année, elle vit seule avec ses quatre filles, à la suite de son divorce avec le sieur Abdourrahmane Bâ, vivant actuellement à Nouakchott depuis son expulsion d’Espagne.

Ereintée par ses conditions de vie, Marième Diop décide ainsi de rentrer définitivement en Mauritanie, plus précisément à Mbagne, dans le sud de la Mauritanie, d’où elle est native ainsi que ses parents.

Mais, pour revenir en Mauritanie, il lui faut un passeport. Elle se rend au consulat de Mauritanie aux Iles Canaries, munie de son ancienne pièce d’identité. Et là, parce qu’elle ne parle pas hassanya, rapporte-t-elle, le consul de Mauritanie refuse de lui octroyer un passeport.

Ce qui l’empêche, du coup, de mettre les pieds sur le territoire mauritanien, faute d’obtenir un passeport. Face à ce refus, la voilà, contrainte de prolonger son séjour. La seule option qui lui restait, c’était de contacter un membre de sa famille vivant à Nouakchott pour aller lui chercher les pièces susmentionnées à Mbagne.

Ce qui fut fait et elle se présenta, à nouveau, au consulat de Mauritanie aux Iles Canaries, munie de ces pièces d’Etat civil. A sa grande surprise, le Consul lui tient le même discours que sa première rencontre avec ce dernier.

Mais, cette fois-ci, ce dernier ira plus loin en lui demandant un casier judiciaire et un acte de nationalité. Depuis, Marième Diop dans une situation de désespoir extrême.

"Je vis seule et je veux rentrer parce que je vis dans des conditions difficiles. Je n’en peux plus de rester aux Iles Canaries. Je n’ai pas de ressources. Tout ce que je veux, c’est de rentrer en Mauritanie et voir mes parents qui sont devenus âgés et que je n’ai pas revu depuis plus de vingt ans", a confié Marième Diop qui s’est retrouvée, du coup, dans une situation de désespoir voire de vulnérabilité.


"Tout ce que je veux, c’est de rentrer. Tout ce que je veux, c’est d’obtenir mon passeport", a expliqué Marième Diop dont le sort, aujourd’hui, est suspendu entre les mains de Sid’Ahmed Lavrack qu’elle n’a pas manqué d’accuser de lui avoir montré de la froideur à son égard à chaque fois qu’elle se rendait au Consulat.

A Nouakchott, la famille de Marième Diop entend se saisir des organisations de défense des droits de l’homme mauritaniennes en vue de déclencher une action de solidarité en faveur de Marième Diop et ses quatre filles actuellement prises en charge par le service social canarien.

Contacté à ce propos, le consul de Mauritanie aux Iles Canaries, Sid’Ahmed Lavrack a laissé entendre que les allégations de Marième Diop sont "déniées de tout fondement".

"Elle s'est présentée au Consulat au mois de janvier 2009 pour solliciter un passeport. N'étant ni inscrite au Consulat et n'ayant aucune référence de son passeport, je l'ai aidée à contacter des membres de sa famille en Mauritanie pour lui faire un dossier lui permettant d'obtenir un passeport auprès de la Direction Nationale de la Sûreté Nationale à Nouakchott", a déclaré Sid’Ahmed Lavrack.

"Il y’a seulement un mois, Madame Marième Diop, est revenue me voir pour me montrer un Acte de Naissance qui lui a été envoyé de Mauritanie. Je l'ai encouragé à faire établir par ses parents un certificat de nationalité et je m'occuperai de lui obtenir un passeport auprès de la direction générale de la sureté nationale à Nouakchott. Chose qu’elle a accepté et j’attends toujours son retour", a-t-il ajouté.

Sid’Ahmed Lavrack a promis de suivre de près le cas de Marième Diop auprès de la Direction Générale de la Sûreté Nationale en se rendant personnellement à Nouakchott.

Babacar Baye NDIAYE

Transferts illicites de la BCM : Les trois banquiers accusés dans cette affaire seront présentés au parquet aujourd’hui

Depuis jeudi dernier, Chriv Ould Abdallahi, Mohamed Ould Noueigueid et Abdou Maham sont placés en garde-à-vue au commissariat de police chargé des crimes économiques. Leurs proches sont descendus dans la rue, ce dimanche, pour demander leur libération. En majorité composés de femmes, ces derniers en veulent à Mohamed Ould Abdel Aziz.

«Nous sommes là parce que nos pères et nos patrons ont été emprisonnés. C’est les plus gros hommes d’affaires du pays qui ont été incarcérés. Des hommes qui symbolisent le développement et l’avancement de la Mauritanie. Nous fustigeons le fait qu’ils soient derrière les grilles. Ils constituent tout pour nous. C’est pour cette raison essentielle que nous sommes là », a expliqué Ahmed Mahmoud Ahmed.

Malgré l’interdiction de leur marche, lui et quelques autres membres des familles des hommes d’affaires appréhendé ont tenu quand même à être là quitte à braver les matraques et les grenades lacrymogènes des limiers.

«Nous regrettons le fait que nous n’ayons pas eu l’autorisation de marcher. Cela montre que notre pays souffre d’un manque de liberté. On fait de nous ce qu’on veut. On nous envoie des armées, des gens qui ont des matraques, des gens qui nous frappent et qui nous balancent des grenades lacrymogènes », a poursuivi Ahmed Mahmoud Ahmed.

Loin d’abdiquer, ils ont promis de redescendre dans la rue. Pendant que les proches de Ould Abdallahi, Ould Noueigueid et Abdou Maham protestaient contre leur détention, on a appris qu’on s’acheminerait vers la saisie des biens de ces trois hommes d’affaires. Depuis leur arrestation, les parents et les sympathisants des banquiers détenus dans le cadre de l’affaire dite des transferts illicites ont organisé des manifestations à Nouakchott. A Atar, également, des marches ont été organisées mais réprimés par la police.

Selon une source proche du dossier, un accord aurait été trouvé pour un remboursement par échéances mais ses termes semblent avoir été revus en faveur d’un paiement immédiat et intégral assorti d’un taux d’intérêt colossal.

Les banquiers détenus auraient refusé cette offre, à en croire cette même source. C’est aujourd’hui que ces trois banquiers qui sont accusés d’avoir perçu (20 milliards d’ouguiyas) des transferts illicites de la Banque Centrale de Mauritanie entre 2001 et 2002 doivent être présentés au parquet pour être entendus. On suppute déjà que des cellules leur auraient été aménagées à la prison centrale de Nouakchott.

Babacar Baye NDIAYE

Iwik : un village qui risque d’être dévasté par la mer

On ne sait pas quand est-ce que cela va-t-il se produire ? Mais, c’est certain : la disparition du village d’Iwik. Ce village situé à quelques pas du Banc d’Arguin appartient aujourd’hui à une zone côtière menacée par l’élévation du niveau de la mer et la progression des herbiers marins.

A en croire des spécialistes de l’environnement, on est dans une zone qui bouge avec des sédiments de sable qui sont facilement remobilisés et déplacés. Ils soutiennent que cet effet de l’élévation du niveau de la mer va être renforcé par d’autres effets notamment l’augmentation des accidents climatiques, des tempêtes tropicales, des houles plus grosses et plus fortes…

Iwik est un village situé sur une pointe sableuse autour de laquelle passe un courant relativement important qui vient ensuite remplir la baie qui l’environne. Ainsi, au mois de septembre par exemple, on a de grandes marées. Aujourd’hui, toutes les installations qui sont ou qui étaient en zone sèche sont mises en danger par l’élévation du niveau de la mer.
Comme toute la côte ouest africaine, Iwik est devenu une zone extrêmement vulnérable.

Pour Mathieu Ducrocq qui gère une étude régionale sur l’érosion côtière allant de la Mauritanie au Bénin, les politiques d’aménagement des zones côtières ne sont pas extrêmement efficaces pour faire face à cette élévation du niveau de la mer.

«On a les secteurs d’activités en compétition, des infrastructures humaines qui sont à l’origine de l’érosion côtière, des politiques sectorielles qui ne sont pas cohérentes et qui ne permettent pas de planifier un bon aménagement de la côte. Si, en plus, on rajoute à cela les prévisions à terme, il faut qu’on arrive à développer des stratégies d’adaptation de recul dans la plupart des cas », explique-t-il.

D’ici quelques décennies, ce village sera définitivement rayé de la carte du monde du fait de l’élévation du niveau de la mer qui est une des conséquences directes des changements climatiques. Menacée par l’érosion côtière, Iwik se prépare déjà à être avalée par la mer.

Cette situation qui est valable pour la partie littorale de Nouakchott ou de Nouadhibou poussera-t-elle les autorités à réfléchir sur les aménagements dans ces zones basses qui se caractérisent par une intrusion très importante de la mer ?

«Quand on est un décideur éclairé, on commence déjà à penser à des investissements, des infrastructures qui permettront de limiter les risques à ces endroits de faiblesse», a rappelé Mathieu Ducrocq.

Les habitants du village d’Iwik vivent à quelques centimètres au-dessus de la mer à marée haute. En conséquence, ce village est dans une zone de risques très importante. Selon des prévisions scientifiques, toutes les zones comme Iwik qui sont en dessous de 60 cm de hauteur risquent d’être inondées et du coup avalées par la mer, devant ainsi des zones inhabitables.

Et selon Mathieu Ducrocq, la géographie côtière de certaines parties du littoral de la Mauritanie devrait aujourd’hui pousser les pouvoirs publics à se préparer autrement dit à prendre des décisions efficaces sur l’aménagement du littoral.

«Cela demande une prise de décision politique très courageuse. Il faut qu’on soit capable d’expliquer aux populations du littoral qu’il y’a des zones à enjeu particulier où on va faire de la protection côtière et qu’on ne pourra pas le faire parce que cela coûte horriblement cher. Ça coûtera moins cher d’accompagner le déplacement des quartiers ou la viabilisation des zones qui sont un peu en arrière ou à l’intérieur des terres plutôt que de chercher à se battre contre l’avancée de l’érosion côtière », dit-il tout en insistant sur le travail d’information et d’éducation des populations pour aider le gouvernement à prendre ce genre de décisions.

Babacar Baye NDIAYE

Boubacar Ould Messaoud, président de SOS Esclaves :


"Hanevi est victime de la détestation où le tiennent certaines personnalités influentes au sommet de l’Etat "

Le directeur de publication du site électronique "Taqadoumy" Hanevi Ould Dehah détenu depuis 7 mois vient d’être condamné à deux ans de prison. Pour Boubacar Ould Messaoud, président de SOS Esclaves, le cas de Hanevi témoigne d’une volonté manifeste de la part du pouvoir de Mohamed Ould Abdel Aziz de confisquer les libertés qui semblent menacées surtout au regard de la nouvelle loi antiterroriste qui crée, à l’en croire, les conditions d’une violation systématique des droits élémentaires de la personne. Entretien.

Le Rénovateur Quotidien : Hanevi Ould Dehah vient d'être condamné à deux ans d'emprisonnement ferme. Quelle appréciation en faites-vous?

Boubacar Ould Messaoud : Je suis surpris. Je n’en crois pas mes oreilles ni mes yeux. Hanevi a purgé sa peine de 6 mois et a été maintenu en prison illégalement depuis le 24 décembre 2009 pour se faire condamner par une cour d’appel, autrement composée, de nouveau à 2 ans d’emprisonnement ferme après une procédure entachée d’irrégularités selon la défense. Il semble s’agir bien plus d’un règlement de comptes tant ce journaliste de talent déplait et dérange par son courage et sa détermination à pourfendre les tabous de la Mauritanie ancienne.

Le Rénovateur Quotidien : Malgré les pétitions, les appels de libération lancés par-ci et par-là, Hanevi n'a pas recouvré sa liberté. Peut-on penser qu'il s'agit là d'un acharnement gratuit sur ce dernier dès l'instant qu'il a déjà purgé sa peine?

Boubacar Ould Messaoud : Hanevi est victime de la détestation où le tiennent certaines personnalités influentes au sommet de l’Etat, dans le commandement des forces armées, de la police et aussi parmi les hommes d’affaires ; son journal, Taqadoumy tient une ligne éditoriale très libre, un peu trop sans doute en Mauritanie. Hanevi, dans ce système d’impunité et d’entente criminelle entre les tribus, est appelé à vivre en prison ou en exil. Le pays ne protège pas des gens comme lui mais les expose à la persécution parce qu’ils dérangent l’entente tacite entre les groupes qui dirigent et se partagent la richesse nationale.

Le Rénovateur Quotidien : Faut-il craindre pour la liberté d'expression et de presse qui sont deux règles garanties et reconnues par la constitution?

Boubacar Ould Messaoud : Au delà de la liberté presse d’expression et de presse, toutes les libertés semblent menacées de confiscation, surtout au regard de la nouvelle loi antiterroriste qui crée les conditions d’une violation systématique des droits élémentaires de la personne. Sans doute par ignorance, la plupart de nos députés l’ont adoptée. Oui, au-delà du cas Hanevi, je suis pessimiste sur l’avenir de l’Etat de droit en Mauritanie.

Propos recueillis par
Babacar Baye Ndiaye

Forum National de la Jeunesse : Les jeunes déçus par les conditions de déroulement des travaux

Comme toutes les jeunesses du monde entier, celle de la Mauritanie est très active, motivée et volontaire. Et, selon, les estimations de l’Office National des Statistiques(ONS), les jeunes constitueraient, en 2010, plus de 657.000 de la population mauritanienne. En marge du Forum National de la Jeunesse, du 27 au 28 décembre, au Palais des Congrès de Nouakchott, les jeunes ont exprimé leur mécontentement au sujet de leur marginalisation dans le processus de développement du pays mais également leur déception en ce qui concerne les conditions de déroulement des travaux dudit forum.

"Le Forum a été mal organisé. On nous a imposés un programme déjà ficelé. On ne peut pas coiffer quelqu’un à son absence", a déclaré Diakité Yacouba. Ce Forum, dont l’objectif était d’élaborer, en y impliquant les jeunes, une plateforme de concertation et un document de politique nationale en matière de jeunesse, a été beaucoup décrié notamment au niveau des débats.

"On nous a amenés des conférences et puis demandés d’intervenir. Au niveau des interventions, il y’avait du favoritisme. Ce forum était loin d’être la représentation de la Mauritanie. Je ne sais pas si c’est par clientélisme que certains participants étaient là. Tout le monde n’a pas été avisé", explique Diakité Yacouba.

Certains participants, comme Moussa Tawal Oumrou, ont mis en cause, quant à eux, le manque d’un certain nombre d’informations au sujet du déroulement des travaux du Forum qui a suscité beaucoup de tollés de déception.

"C’est un forum qui concerne en premier lieu les jeunes. Donc, la sensibilisation devait être plus grande de même que la mobilisation des leaderships. On s’est retrouvé face à certaines personnes qui ne sont pas vraiment aptes à exprimer les soucis et les espoirs des jeunes. On pensait qu’il y’aurait des débats sur les principaux thèmes proposés. Les conférenciers ont fait leurs conférences et ils sont rentrés chez eux sans attendre les remarques et les questions", a souligné Moussa Tawal Oumrou.

Cette situation, corolaire d’une mauvaise perception de la question jeunesse par les institutions étatiques, traduit aux yeux d’un bon nombre de jeunes un certain manque de confiance voire de considération notoire de la part des pouvoirs publics. Un état de fait qui a écœuré plus d’un participant. Du coup, les jeunes n’ont pas manqué de se ruer sur les brancards pour dénoncer leur faible implication dans la gestion des affaires publiques du pays et le processus de développement du pays.

"On donne un privilège qui n’est pas adéquat à certaines personnes inaptes à représenter les jeunes. C’est ce qui est mal. Ce Forum devait être une occasion pour nous de montrer aux autorités que les jeunes sont capables de participer à toutes les politiques et stratégies de développement", s’est indigné Moussa Tawal Oumrou.

Aujourd’hui, la jeunesse mauritanienne ne demande pas à l’Etat de lui arracher la lune et le soleil. Ce qu’elle demande, à juste titre, c’est d’être impliquée dans la mise en œuvre de certaines projets et ambitions du gouvernement tout en souhaitant que Mohamed Ould Abdel Aziz exprime sa bonne volonté à intégrer les jeunes dans le processus de développement du pays en réponse au thème du forum qui est la Jeunesse au service du développement.

La majorité de cette jeunesse-là avait voté, lors de l’élection présidentielle du 18 juillet 2009, pour Mohamed Ould Abdel Aziz, actuel Président de la République, parce que convaincue de son programme électoral notamment en ce qui concerne la Culture, la Jeunesse et les Sports. Aujourd’hui, elle espère le retour de l’ascenseur de sa part.

"On a entendu pas mal de discours extraordinaires. Mais, on attend des résultats concrets. On ne veut pas que ce forum reste dans les clichés. Les maux de la jeunesse, les pouvoirs publics doivent les régler. On n’a pas besoin de n forums. On veut que nos problèmes trouvent des solutions le plus rapidement possible", a rappelé Diakité Yacouba.

Parmi ces problèmes qui préoccupent la jeunesse, il y a celui relatif à leur intégration dans le marché de l’emploi et du manque de formation professionnelle. Et, des jeunes, comme Aboubakry Lam, ont tout simplement demandé l’application de la Charte Africaine de la Jeunesse dont la Mauritanie est signataire.

Autre problème aussi, celui de la réintégration des jeunes mauritaniens travaillant à l’extérieur mais qui voudraient revenir et servir leur pays. Comme Ibrahima Idriss Wade, qui est venu de Dakar pour participer à ce Forum, ils sont des milliers de jeunes mauritaniens à se retrouver dans une telle situation. "Depuis ans, je suis revenu en Mauritanie, mais j’éprouve des difficultés d’intégration" , a-t-il confié tout en demandant à l’Etat de mettre en place des institutions fonctionnelles destinées uniquement aux jeunes afin de leur permettre de s’orienter, d’être des releveurs de défis par rapport aux bailleurs internationaux.

"Au lieu de voir ce que la jeunesse a besoin le plus, on nous nous impose des choix qui ne sont pas les nôtres. On prend des décisions sans la concertation des jeunes. Cela prouve que les jeunes ne sont pas respectés ni considérés", a fustigé Ba Bocar Abdoulaye.

Sur un autre registre, les uns et les autres n’ont pas de soulever le manqué d’équité et de clarté dans le déroulement des travaux du Forum National de la Jeunesse. Pour autant, ils attendent qu’il y ait une véritable politique d’orientation des jeunes vers les besoins de l’Etat en termes de lutte contre le chômage et la réduction de la pauvreté.

"L’Etat, au lieu d’aller engager des manœuvres étrangers, il pourrait penser à permettre un accès à certains jeunes à certaines formations pour qu’ils puissent eux-mêmes faire bénéficier le pays de leurs connaissances", a suggéré Moussa Tawal Oumrou qui a demandé aussi à ce que le cadre professionnel soit valorisé afin de contribuer efficacement au développement du pays, autrement dit valoriser les métiers.

Pour Mamoudou Guèye, quand on parle d’intégration des jeunes, il faut qu’elle passe d’abord et nécessairement par une politique volontariste et efficiente de la part des pouvoirs publics. "Nous ne manquons pas de ressources humaines. Ce qui nous manque, c’est d’être organisés. Et, cela doit venir de l’Etat", dit-il.

Cependant, les jeunes craignent que leurs suggestions qui seront confinées dans une feuille de route pour servir de base d’indication et de support en vue de l’élaboration d’une politique nationale de jeunesse ne dorment dans les tiroirs du Ministère de la Culture, de la Jeunesse et des Sports. Ce qu’ils craignent aussi, c’est le manque de suivi.

"Les bonnes initiatives doivent se faire dans les règles de l’art et aussi dans le bon sens avec une bonne intention. Il ne faut pas qu’on les utilise pour d’autres intérêts qui ne sont pas autres que ceux qui ont été conçus par la jeunesse", affirme Hama Ould Souvi. "Il est temps de finir et d’en abuser avec la jeunesse qu’on ne peut plus tromper", ajoute-t-il.

Avoir une jeunesse prometteuse, c’est aussi l’occuper, sans distinction de race. Et, pour Ba Aboubakry Mohamed, cela permettrait de résorber le taux de chômage qui est de l’ordre de plus de 30%. Cet objectif, limiter le chômage qui touche essentiellement les jeunes, est aujourd’hui l’une des priorités du gouvernement.

"Au lieu d’augmenter les salaires, nous demandons au Président de la République de voir d’abord le cas de ces milliers de jeunes chômeurs. Nous lui serons reconnaissants s’il ferait voter un budget spécial pour les besoins des jeunes en ce début d’année. Nous lui demandons d’offrir un cadeau de fin d’année à cette jeunesse mauritanienne tant négligée pour qu’elle puisse apporter sa contribution au développement du pays", a plaidé Moussa Tawal Oumrou.


Babacar Baye NDIAYE

Travaux du Forum National de la Jeunesse : Vers l’élaboration d’une plateforme de concertation et d’un document de politique nationale

Les travaux du Forum National de la Jeunesse sont ouverts, depuis hier matin, à Nouakchott, sous le haut patronage de Mohamed Ould Abdel Aziz, avec comme thème, la jeunesse au service du développement. Ces travaux, dont l’objectif est d’impliquer la jeunesse mauritanienne dans le processus de développement du pays, vont aboutir, entre autres, à l’instauration d’un Conseil National de la Jeunesse et la mise en place du Parlement de la Jeunesse mauritanienne.

Le secrétaire général de la Confédération des Ministres de la Jeunesse et des Sports des Etats et Gouvernements ayant la langue française en partage, Fall Youssouf, a assisté à l’ouverture des travaux du Forum National de la Jeunesse pour l’élaboration de la politique nationale de la jeunesse en Mauritanie.

A cet effet, il a indiqué que son institution œuvrera sans relâche pour venir en appui au gouvernement mauritanien dans sa recherche de solutions idoines aux problèmes des jeunes.

Des stratégies pour renforcer l’épanouissement des jeunes

Dans le même ordre d’idées, il a rappelé que la CONFEJES a réussi à mettre en place dans les pays membres de cette structure d’une plateforme de concertation où les jeunes sont accompagnés dans leur quête quotidienne et à les doter d’un document de politique nationale de jeunesse.

Parmi les objectifs de cette institution, il y a celle relative à l’appui et à l’organisation de concertations nationales ou internationales comme ces présents travaux et la disponibilisation d’experts de haut niveau aux Etats membres.

«Je souhaite, au cours de ces travaux, que toutes les réflexions convergent vers la mise en place d’un dispositif solide, opérationnel, efficace, actif, productif et bien structuré qui contribuera sans nul doute à renforcer l’épanouissement des jeunes de Mauritanie et a imaginé des programmes novateurs, réalistes, réalisables, des programmes qui, de par leur contenu et leur pertinence, susciteront une forte adhésion des jeunes eux-mêmes mais aussi de celle de l’Etat et des partenaires au développement », a déclaré Fall Youssouf.

Il en a, par ailleurs, profité pour révéler que son institution mettra à la disposition de notre Ministère de la Culture, de la Jeunesse et des Sports, un expert en politique publique qui va accompagner ce département dans l’élaboration d’un document stratégique de jeunesse.
En outre, Fall Youssouf a salué le dynamisme de la Ministre de la Culture, de la Jeunesse et des Sports dans sa volonté de sortir la jeunesse mauritanienne de sa léthargie.

Il n’a pas manqué non plus de saluer les efforts des pouvoirs publics mauritaniens dans l’élaboration et la mise en œuvre de politiques de jeunesse. «Seules les sociétés qui tiendront compte des besoins et aspirations des jeunes et qui impliqueront ces derniers dans les programmes qui les concernent seront celles qui, demain, réussiront les changements stratégiques souhaités porteurs de cohésion sociale et de développement économique », a-t-il conclu.


L’implication des jeunes dans la mise en œuvre d’un tel programme

Quant à Yane Kane, la représentante du FNUAP, qui a d’emblée, dans son discours, salué l’adoption tout dernièrement par le gouvernement de la charte de la jeunesse, elle s’est appesanti sur le rôle moteur de la jeunesse mauritanienne dans la société. Cette réalité, corroborée par des statistiques de l’Office National des Statistiques (ONS) qui estime qu’en 2010 le nombre de jeunes serait de 657.000, doit pousser le gouvernement à adopter des politiques de développement de jeunesse dans les domaines de la Santé, de l’Education, de la Formation, de l’Emploi, de la Culture et des Sports.

Elle espère dans ce sens qu’une stratégie claire assortie d’un plan d’action réaliste dont les jeunes devront être les principaux partenaires de mise en œuvre sera élaborée par le gouvernement Mauritanie. Elle a aussi suggéré que ce plan d’action tienne en compte des besoins spécifiques des jeunes filles.

Lui emboîtant le pas, le Premier ministre Moulaye Ould Mohamed Laghdaf a déclaré que son gouvernement est plus que jamais conscient des problèmes de développement que rencontre notre pays en termes de politique de jeunesse.

A cet effet, il a rappelé que son gouvernement, conformément aux orientations du Président de la République, mettra en œuvre une politique nationale de développement qui tiendra compte des spécificités de la jeunesse. A cet égard, il a indiqué que la participation de tous est essentielle pour l’aboutissement d’une telle stratégie.

Babacar Baye NDIAYE

Journée d’animation pédagogique du lycée de Djéol

Le directeur demande à l’Etat de ramener les internats, les colonies de vacances, les festivals et les tournois sportifs dans les écoles

Jeudi dernier, le lycée de la commune de Djéol a tenu la troisième édition de sa journée d’animation pédagogique. Lors de cette journée, organisée sur le thème "La famille, l’école et la nation", le directeur dudit établissement, Sy Alhousseinou, a demandé aux pouvoirs publics de ramener les internats, les colonies de vacances, les festivals et les tournois sportifs qui ont de tout temps, selon lui, étaient des facteurs de promotion de l’unité nationale.

Le lycée de Djéol qui est créé en 1998 compte actuellement 1321 élèves inscrits et 9 sections pour un effectif de 453 élèves dont 219 filles soit un pourcentage de 49,88%. Et pour répondre aux besoins des activités pédagogiques, le lycée de Djéol a prévu la construction et l’équipement de trois nouvelles salles de classe, l’adduction en eau potable et l’accès à l’informatique.

Le lycée de Djéol ne veut pas, aujourd’hui, demeurer un maillon faible dans les efforts de développement de notre système éducatif et de notre société. "Notre souci est de former des citoyens cultivant les valeurs de tolérance, de paix civile et d’unité nationale d’une part et d’autre part de créer une race d’hommes capables de relever le défi du troisième millénaire", a rappelé Sy Alhousseinou.

A côté des défis que veut relever la direction du lycée, figurent ceux relatifs aux problèmes des mariages précoces et à l’émigration qui tente de plus en plus les jeunes élèves. Par rapport à la question de l’émigration, Sy Alhousseinou a soutenu que l’école mauritanienne a un rôle à jouer, par le biais de l’éducation et de la sensibilisation, dans la réduction de ce fléau à défaut de pouvoir le combattre.

Dans un diagnostic sans complaisance sur le système éducatif mauritanien, Ngaidé Malik qui a pris la parole au nom des professeurs du lycée de Djéol a déclaré qu’il y a lieu de prendre des mesures concrètes pour redresser notre éducation nationale qui connaît, selon lui, une traversée du désert depuis quelques années.

Du coup, il a insisté sur la nécessité de faire "une réflexion profonde et de débats sérieux lors des Etats Généraux de l’Education promis par le Chef de l’Etat en vue d’une réforme profonde de l’enseignement loin de l’improvisation et de la démagogie" afin que l’école mauritanienne retrouve "son passé glorieux".

La responsabilité de ce fiasco, pour Ngaidé Malik, est non seulement partagée (élèves, administration et parents d’lèves) même si elle concerne en premier lieu le corps enseignant. Et pour mettre un terme à cet état de fait, Ngaïdé Malik a suggéré le gouvernement de promouvoir "le principe de la sanction et de la récompense loin du camouflage et du favoritisme qui ne ménagent que les médiocres et les paresseux laissant notre système éducatif à la merci de toutes les tempêtes qui l’ont plongé dans son sommeil et sa dégringolade".

Cette grande manifestation scolaire a été soutenue par la direction régionale de l’Education Nationale du Gorgol, la préfecture de la mouqata’a de Kaédi, la mairie de la commune de Djéol et les émigrés du village. Il faut noter également que pour cette année, c’est le Collège d’Enseignement Moyen du village de Doondu située sur la rive gauche à deux km de Djéol qui a été l’invité d’honneur avec la présence de son directeur Salif Ba. Et pour Sy Alhousseinou, "c’est là un exemple d’intégration éducative sous régionale à perpétuer", a-t-il dit.

Le point d’orgue de cette manifestation a été la distribution des prix aux élèves qui se sont distingués lors des compositions de 1er trimestre, le match de génies en herbe, les chœurs du ballet traditionnel et le spectacle de judo.

Babacar Baye NDIAYE

Discrimination positive prônée par le PM : «C’est une tromperie», aux yeux de Birame Ould Dah

S’il y a quelqu’un qui ne croit guère à la discrimination positive prônée par le Premier ministre Moulaye Ould Mohamed Laghdaf lors de sa déclaration de politique générale du 6 janvier 2010 devant les députés de l’Assemblée Nationale, c’est bien Birame Ould Dah Ould Abeid, président de l’Initiative de Résurgence du Mouvement Abolitionniste (IRA-Mauritanie).

Au cours d’une conférence de presse tenue lundi matin, il a laissé entendre que l’actuel gouvernement est incapable d’instaurer la justice entre tous les citoyens mauritaniens à plus forte raison d’évangéliser une discrimination positive. «C’est une tromperie et de la poudre aux yeux destinée à leurrer les franges de la population les plus démunies qui n’ont comme moyen de subsistance ou source de revenu que le travail et l’exploitation de la terre», s’exclame-t-il.

Mais, là où le bât blesse, c’est qu’il suffit juste d’un arrêté administratif ou d’une décision judiciaire pour qu’elles se voient exproprier leurs terres au profit d’un notable, d’un maître ou ancien maître, d’un dignitaire religieux, d’un homme d’affaire, d’un haut fonctionnaire de l’Etat ou d’un officier supérieur de l’armée.

«Le Premier ministre a prétendu [lors de sa déclaration de politique générale] que son gouvernement a attaqué de front tous les problèmes des mauritaniens dont le passif humanitaire et l’esclavage. Ce n’est pas vrai puisque ces deux problèmes n’ont pas toujours trouvé des solutions», a-t-il contredit.

Pour lui, l’objectif du gouvernement de Moulaye Ould Mohamed Laghdaf comme ceux qui l’ont précédé est de s’inscrire dans la logique de les ignorer, de les nier ou de leur apporter des semblants de solutions. Ce qui, à ses yeux, traduit une volonté manifeste de la part du régime de Mohamed Ould Abdel Aziz d’assurer l’impunité aux présumés coupables de crimes de torture et d’exécutions extrajudiciaires, la persistance et la non-répression des pratiques esclavagistes ainsi que la validation et la généralisation des expropriations foncières à caractère raciste et esclavagiste.

A cet effet, il a exprimé ses appréhensions par rapport à cette dernière question dont la déclaration du Premier ministre a fait table rase. «Ces expropriations se font par l’intermédiaire des appareils administratif, judiciaire et sécuritaire qui sont entre les mains des segments dominants de l’ethnie arabo-berbère», renseigne-t-il.

«Toutes les expropriations sont au profit des notabilités tribales ou religieuses, des hommes d’affaires, des banquiers, des officiers supérieurs de l’armée ou de hauts fonctionnaires de l’Etat », poursuit-il.

Autant le pouvoir qui vante les mérites de sa lutte contre la gabegie et la corruption en nous les rabattant à longueur de journée est complice de cet état de fait autant l’est l’opposition qui crie, lui aussi, à son tour, aux règlements de compte à en croire Birame Ould Dah.

Des dizaines de victimes d’expropriations foncières ont été présentes à cette conférence de presse pour exposer leur cas. La plupart d’entre elles viennent de l’intérieur du pays.
«Dans leurs tentatives désespérées de vouloir résister à l’exécution de décisions judiciaires ou administratives injustes, elles sont sujettes à des abus de pouvoirs, des arrestations arbitraires, des brimades en tout genre sans oublier que les procédures administratives et judiciaires qui les déboutent manquent de transparence et d’équité », indique Birame Ould Dah Ould Abeid.

A ce propos, il a suggéré au gouvernement de mener des enquêtes et de corriger cette tendance grave, honteuse et dangereuse en ce sens qu’elle renforce le sentiment de frustration, aiguise la haine intercommunautaire et hypothèque la paix sociale.

Babacar Baye NDIAYE

Conscience et Résistance : Ciré Kane démissionne de cette organisation parce qu’il estime qu’elle est devenue "une coquille vide"

Depuis ce 17 janvier 2010, Ciré Kane est devenu un ex-membre de Conscience et Résistance en démissionnant de cette organisation. Parmi les raisons évoquées par ce dernier, il y’a la détention prolongée de Hanevi Ould Dehah qui croupit toujours en prison alors qu’il a déjà purgé sa peine. Toutefois, il n’a pas manqué, au passage, de battre en brèche Hacen Ould Lebatt et Jemal Ould Yessa.

"Ce sont eux qui, aveuglés par leur obstination à faire sanctionner leur pays par la Communauté internationale, n’ont pas hésité à sacrifier sur l’autel le soldat Hanevi, un autre juste parmi les justes, un des meilleurs éléments de CR", accuse Ciré Kane.

"Je ne supporte plus de voir Hanevi Ould Dehah, un parfait innocent, croupir en prison alors que les véritables auteurs d’articles politiques ou économiques commandés pour détruire sans la moindre preuve la vie de plusieurs hommes en Mauritanie courent toujours", poursuit-il.
Celui qui a essuyé le plus les attaques de Ciré Kane est Jemal Ould Yessa. A ce propos, il signe et persiste : "ce manipulateur hors pair, dit-il, n’hésite devant rien pour faire croire qu’il a de l’influence. Sinon comment expliquer son acharnement contre Ibrahima SARR, un juste parmi les justes ? Acharnement qu’entretient un peshmerga notoire : le journaliste Djibril Diallo".

Une occasion qu’a saisie Ciré Kane pour disculper Ibrahima Moctar Sarr, président de l’Alliance pour Justice et la Démocratie/Mouvement pour la Rénovation. "Ibrahima est aujourd’hui complètement réhabilité par l’absence de présentation de preuves au procès de Hanevi concernant cette villa tantôt blanche à 33 millions , tantôt verte à 57 millions, ou cette 4x4 VX flambant neuf sensée garer devant sa somptueuse villa par laquelle les militaires l’auraient soudoyé pour qu’il participe à l’élection du 6 juin 2009 finalement reportée au 18 juillet", a-t-il expliqué.

Sur un ton empreint d’ironie, Ciré Kane s’est permis des railleries à l’endroit de Conscience et Résistance qu’il considère ni plus ni moins comme "une coquille vide, constitué d’au plus dix personnes qui pensent apporter le changement véritable en Mauritanie juste en pianotant sur le clavier d’un ordinateur", dit-il.

Entre Conscience et Résistance et Ciré Kane, c’est à classer désormais dans le tiroir du passé. "Je quitte ce navire que j’avais rejoint dans l’espoir de retrouver un fragment de la vie du Pr Saidou Kane", confie Ciré Kane en regrettant que Jemal Ould Yessa et Hacen Ould Lebatt aient réussi à dévier l’organisation de ses principes.

Il explique : "Par leur attitude, ils ont annulé la dédicace de leur mémoire de maîtrise aux bagnards de Walata. S’ils s’amusent à se référer au Pr Saidou KANE pour manipuler le sentimentalisme de certains négro-mauritaniens, ils me trouveront sur leur chemin. Je mettrai à nu toutes leurs techniques rudimentaires de manipulation d’individus fragiles ou franchement …honnêtes !"

Pour Ciré Kane dont la démission de Conscience et Résistance a été motivée également par le retard apporté dans la convocation d’un congrès pour élire son bureau, "l’essentiel est de faire sortir Hanevi de prison tout de suite" en rappelant que "la façon dont il y est allé importe peu" pour attirer l’attention des mauritaniens sur la manière dont "notre justice bafoue les lois de notre république".

Babacar Baye NDIAYE

CARNET DE ROUTE : Aziz au cœur des conversations, à mille lieues de la capitale!

L’Humanité évolue avec lui les mentalités et les mœurs aussi. On vit, à des degrés différents, les mêmes transformations sociales et les mêmes aléas du temps. A des centaines voire des milliers de kilomètres de Nouakchott, capitale des indisciplinés, on parle aussi de politique, de développement durable, de changements climatiques, du terrorisme, de la diversité culturelle, de la réconciliation nationale…. Dans ces zones, rien ne s’échappe. Les populations qui y vivent, on les croirait presqu’innocentes, dépitées par la vie, outrepassées par le temps et sans perspectives. Mais, détrompez-vous !

Quelque part dans le Brakna, au milieu d’un village, loin du brouhaha qui se répand à l’intérieur d’une école fondamentale, à quelques mètres de là, Mamadou Samba Ngaidé, Saada Abdoul Kelly, Moussa Assane Ould Mohamed, Ablaye Tall et Amadou Djibril Dia jouent à la pile ou face. Les trois premiers sont en classe de quatrième année fondamentale et les deux autres en première année.

Ils ont entre 6, 7 et 9 ans et rêvent de devenir des instituteurs, des policiers, des médecins, des administrateurs mais aussi de faire de la politique comme Saada Abdoul Kelly qui se voit déjà sur le fauteuil présidentiel qu’occupe actuellement Mohamed Ould Abdel Aziz. Qui n’en a pas connu ces rêves d’adolescence ?

Aziz comme ils l’appellent tous ici, ils le reconnaissent, à part les échos qu’ils reçoivent de la télé ou de la radio, à travers sa calvitie naissante. «Il est en train de changer le pays », déclare Bocar Diawal. «Depuis qu’il est président de la République, les choses bougent », poursuit-il. Que croyez-vous ? Il n’y a pas que les grandes personnes qui sont aussi effleurées par le vent de l’ère azizienne.

Agé de 15 ans, Bocar Diawal est en première année de collège à Boghé. Pour se rendre à son lieu d’études, il marche à pied. A 6 heures du matin, il est déjà réveillé. Dans la journée, il parcourt ce trajet deux fois. Il rêve de devenir un haut fonctionnaire de l’administration mauritanienne. Conscient des difficultés qui accablent son village, il mesure déjà la lourdeur de supporter une telle situation.

Certainement, c’est pour cette raison qu’il aspire à devenir quelqu’un, tout en évitant de se défaire des pratiques culturelles de son village. En plus de ses études, c’est lui qui s’occupe du breuvage de leur bétail qu’il mène jusqu’au bord du fleuve.
"Aziz ! C’est quelqu’un que j’admire. Je pense qu’il est en train d’insuffler un nouveau vent à la Mauritanie", déclare Mamadou Abou Ba, 13 ans, en rappelant parmi les démarches qu’il a appréciées de lui, il y’a sa prière à Kaédi à la mémoire des disparus des évènements de 1989, 1990 et 1991.

Chaussures éculées, portant des bas de laine, visage pâle et sec, Abdoulaye Diallo, un collégien, s’invite à la discussion et lâche, en prenant le contrepied de ses autres camarades, après les avoir attentivement écouté débiter ce qu’ils pensaient du Président des pauvres, pour balancer ses quatre vérités : "Aziz n’a rien fait pour le moment. Il ne fait que promettre. Qu’est-ce qu’il a fait", s’interroge-t-il. Comme Amadou Djibril Dia, ces ados n’ont pas manqué de formuler des prières à l’endroit de Mohamed Ould Abdel Aziz.

La Mauritanie de ces ados-là est un pays où cohabitent pacifiquement diverses cultures, d’éparses communautés, différentes langues, sans haine ni abomination. Leur Mauritanie-là est un pays festif et joyeux qui sait accueillir des hôtes. Leur Mauritanie-là est un pays qui veut tourner la page. Leur Mauritanie-là est un pays où on combat les discriminations, où chaque citoyen est assuré de vivre décemment, de choisir librement son Président de la République, où chaque citoyen a le droit de prétendre au savoir et à la connaissance, un pays où les libertés individuelles sont respectées.

Leur Mauritanie-là est un pays qui accorde à la femme la place qui lui sied dans le concert des nations civilisées et émancipées, un pays où le respect de la différence culturelle est une réalité et non un idéal, un pays où ce n’est pas parce que je suis né d’un père où d’une mère étrangère que je n’ai pas le droit de revendiquer ma citoyenneté ou non plus parce que je ne parle pas la langue dominante que je dois être exclu. On retrouve chez ces ados, ce que le pays a de plus pur et de moins démagogique. Ils constituent la force productrice de demain du pays. Leurs villages retrouvent un semblant de vie grâce à l’appui extérieur par le biais de jumelage qu’ont réussi à tisser leurs ressortissants vivant en France et un peu partout en Europe et aux Etats-Unis d’Amérique.

Babacar Baye NDIAYE

Ça s’est passé à Nouakchott : Une fille domestique violée par 6 membres d’une même famille et une fillette de quatre ans violée

C’est terrible ce qui est arrivé à Maimouna et Oumou respectivement âgée de 14 ans et de 4 ans. La première qui est une fille domestique a été collectivement violée par 6 membres d’une même famille et la deuxième, elle a été violée à l’âge de quatre ans par un homme d’une quarantaine d’années.
En ce qui concerne Maimouna, notre source indique qu’elle est actuellement, à la suite de ce viol, dans une situation très délicate car elle s’est retrouvée psychologiquement perturbée et anéantie physiquement. Pour l’heure, elle est en train de suivre des traitements intensifs. En outre, notre source a révélé qu’elle n’a pas réussi à lui faire une analyse de sperme. Et les coupables circulent librement faute de preuves suffisantes pour les condamner !

Un branle-bas de combat

Face à la recrudescence des cas de viol dans la ville de Nouakchott, des associations féminines qui agissent dans ce sens sont en train de s’organiser pour adopter une stratégie commune pour lutter contre ce fléau qui prend de plus en plus de l’ampleur.
Car, elles craignent que cette situation ne dégénère au mépris du respect des droits de la femme et de son intégrité physique. Aujourd’hui, ces organisations ne comprennent pas que les violeurs qui ont commis des actes barbares sur le corps de leurs victimes ne puissent pas être sanctionnés et punis.
Très rarement, ces derniers purgent leur peine d’emprisonnement. Une telle situation n’a pas manqué de susciter l’indignation de ces organisations féminines.

Les rares associations féminines qui travaillent dans le domaine des violences faites aux femmes, arrivés au commissariat pour porter plainte contre les bourreaux, une fois saisies de cas de viols, regrettent qu’on leur montre de la froideur.
En Mauritanie, la problématique du viol se pose avec acuité. Comme Oumou, la fillette de 4 ans qui a été victime de viol, des dizaines de filles sont régulièrement violées. Pour ce cas, à en croire notre source, lorsqu’il a été posé au niveau de la justice, on a laissé entendre, comme toujours, que ce sont les parents qui ont failli à leur mission, qui n’ont pas éduqué leur fille, etc. Du coup, son bourreau n’a pas été appréhendé.

Comble du sort, certaines d’entre ces filles victimes de viol, se retrouvent en prison, accusées de crime d’adultère. C’est à la prison des femmes de Nouakchott, où on les retrouve souvent en état de grossesse.

Un traumatisme quotidien

C’est peu dire en avouant que les filles victimes de viol ainsi que les associations qui suivent leurs cas sont en train de vivre un véritable traumatisme quotidien. Selon notre source, c’est avec leurs propres moyens, que la petite Oumou a été acheminé vers le Maroc afin qu’elle y subisse une opération (finalement, elle en a subira quatre !). Arrivée au commissariat de Police, la famille de la victime, comme la plupart d’entre elles, a été contrainte de faire un arrangement à l’amiable.
Aujourd’hui, les organisations féminines qui travaillent dans ce domaine suggèrent qu’il y’ait des émissions au niveau des médias publics notamment à la radio et à la télé pour lever le voile du tabou qui entoure le phénomène du viol.

Inefficacité et absence

Dans une déclaration, l’Association des Femmes Chefs de Famille (AFCF) a condamné le "développement de plus en plus grand et multiforme de la criminalité à Nouakchott et dans les principaux centres urbains de la Mauritanie".

"Il ne se passe presque plus de semaine, ni de jour, sans que la presse, les commissariats de police et les préfectures ne soient envahis par de nombreuses victimes de cette violence qui se traduit par des viols, des vols, des agressions de tous genres et dont les principales cibles sont toujours les couches sociales les plus vulnérables, c'est-à-dire les femmes, les enfants et tous ceux qui sont sans protection", rappelle l’AFCF.

Cette organisation regrette de vive voix que le Ministère des Affaires Sociales, de l’Enfance et de la Famille, celui de la Justice et de l’Intérieur à travers la Police "brillent par leur inefficacité" et "leur absence pure et simple" pour endiguer ce fléau.
Pour l’Association des Femmes Chefs de Famille (AFCF), il en résulte un climat de suspicion et d’inefficacité qui fait croire à une complicité, à divers niveaux entre les délinquants et les organismes chargés de réprimer le crime. "Ainsi assurés de l’incapacité des pouvoirs publics à faire respecter la loi et à protéger les citoyens, les délinquants et criminels de tous bords perpétuent, dans une impunité quasi-totale leurs crimes au quotidiens", écrit-elle.

Babacar Baye NDIAYE

Esclavage, racisme, discriminations et expropriation foncière : Le Président de l’IRA-Mauritanie fait la morale à la classe politique


Plutôt que de s’intéresser à ce qui passe ailleurs (dénonciation des agressions d’Israël), nos hommes devraient, au contraire, être attentifs sur ce qui se déroule sous leurs pieds. Cette invite a été faite par Birame Ould Dah Ould Abeid, dimanche matin, au cours d’une conférence de presse. Le président de l’IRA-Mauritanie, après s’être copieusement insurgé contre une certaine classe politique mauritanienne, lui a fait la morale sur certaines questions comme celles relatives à l’esclavage, au racisme, aux discriminations et à l’expropriation foncière.

"L’injustice, de jour en jour, s’amplifie et prend des formes beaucoup plus pernicieuses parce que les autorités mauritaniennes, en collision avec les groupes dominants qui ont fondé leur mode de vie sur les violations des droits de l’Homme, pérennisent un système social et étatique raciste et esclavagiste", a-t-il déclaré.

Le président de l’IRA-Mauritanie a indiqué dans ce même ordre idée que la justice mauritanienne est plombée. Par conséquent, "elle ne peut pas aller de l’avant, elle ne peut pas être une justice opérationnelle à cause de cette contradiction qui la mine car il y’a une cohabitation entre le droit moderne et la version locale du code malékite qui est loin, de notre point de vue, de la charia islamique, qui est une version obscurantiste, archaïque et esclavagiste", explique-t-il en citant à titre d’exemple la communauté des Aghzazirs victime de redevance, à l’en croire, imposée par la famille Kunta.

"Comme tous les lignages féodaux, cette famille a instrumentalisé la justice mauritanienne pour obtenir des jugements qui leur seront toujours favorables", indique-t-il.
Parmi les victimes de cette confusion du droit mauritanien et de l’injustice, Birame Ould Dah Ould Abeid a cité ces personnes (hommes et femmes) "qui ont écopé d’un jugement par flagellation ou qui croupissent en prison en attendant l’application de la loi dans des délais qui ne sont pas précisés", dit-il.

"Depuis le coup d’Etat du 6 août 2008, on a constaté qu’il y’a une bipolarisation de la vie politique mauritanienne. Cette bipolarisation ne concerne en rien les victimes des droits de l’Homme et les gens concernés par le règlement des questions de fond qui gangrènent la vie sociale, économique et politique du pays", explique-t-il.

Du coup, il a regretté que ces questions de fond à savoir l’esclavage, le racisme, les discriminations et l’expropriation foncière ne fassent pas partie de leurs préoccupations actuelles. Mieux encore, "les populations victimes de ces pratiques ne se retrouvent pas dans cette lutte politique entre les deux acteurs de cette bipolarisation", ajoute-t-il tout en prévenant les pouvoirs publics sur "le désespoir qui continue à gagner les victimes" des pratiques susmentionnées.

Pour Birame Ould Dah Ould Abeid, le pouvoir de Mohamed Ould Abdel Aziz promeut "une démocratie ethnique et de classe" et traite "les questions d’une seule communauté au détriment des larges pans de la société mauritanienne".

Suffisant pour lui, de pointer un doigt accusateur la passivité des populations mauritaniennes. "La rue mauritanienne se mobilise, par l’intermédiaire des partis politiques et des organisations de la société civile, à l’occasion par exemple des agressions d’Israël contre les territoires palestiniens. Mais, elle ne se mobilise jamais pour les questions quotidiennes massives et multiformes liées à l’esclavage et à l’expropriation foncière à caractère esclavagiste dont sont victimes les populations de la vallée", a-t-il martelé.

Comme les partis politiques l’avaient fait au sujet des hommes d’affaires en se mobilisant pour exiger leur libération immédiate, Birame Ould Dah Ould Abeid les a appelés qu’ils en fassent autant avec les victimes des violations des droits de l’Homme.
"Nous interpellons, lance-t-il, les partis progressistes (El Hor, les FLAM, APP et AJD/MR) à se ressaisir et à mettre dans leur agenda l’assistance de ces victimes pour soulager leur désolation".

Sur une note moins polémique, Birame Ould Dah Ould Abeid a terminé sa conférence de presse en appelant les pouvoirs publics à "souscrire aux règles de droit, à l’égalité devant la loi, à l’égalité des cultures et des langues, à l’éradication de l’esclavage et au racisme".

Babacar Baye NDIAYE

Birame Ould Dah Ould Abeid, président de l'IRA

"Le gouvernement de la France fera échec de manière volontaire à toute action judiciaire visant la mise au banc des accusés les coupables de crimes de pouvoir en Mauritanie"


Dans une interview accordée au site de l’Organisation contre les violations des droits humains (OCVIDH), Birame Ould Dah Ould Abeid, le président de l’Initiative de Résistance du Mouvement Abolitionniste (IRA), charge le régime de Mohamed Ould Abdel Aziz qu’il accuse de vouloir s’accaparer du pouvoir comme au temps de l’ex-dictateur Mâawiya Ould Sid’Ahmed Taya.

Pour Birame Ould Dah Ould Abeid, entre Mohamed O. Abdel Aziz et Mâawiya O. Sid’Ahmed Taya qui traine avec lui un lourd passif dans le domaine des droits de l’Homme, c’est bonnet blanc, blanc bonnet.

Birame O. Dah O. Abeid s’inscrit en faux contre le pouvoir de Mohamed Ould Abdel Aziz qu’il dénie toute intention de vouloir améliorer la situation des droits de l’homme en Mauritanie où persistent encore des pratiques esclavagistes, des exclusions systématiques, des discriminations, des emprisonnements arbitraires.

A ce régime, il ne reconnait la prouesse que dans une démarche de coudoiement de certaines victimes de l'épuration ethnique qui a endeuillé les populations noires de Mauritanie pendant les années de braise.

L’opposition qu’elle tient responsable du fait accompli de l’installation de Mohamed Ould Abdel Aziz au pouvoir n’a pas été épargnée non plus par les critiques du président de l’IRA-Mauritanie.

Pour lui, notre opposition ne fait pas le poids devant le renforcement de l'emprise du pouvoir de Mohamed Ould Abdel Aziz sur le pays qui s’accentue de jour en jour en s’appuyant sur certaines personnalités de marque de l’opposition. Il estime que c’est par défaitisme et manque de confiance en elle même que l'opposition a choisi des semblants d'élections, perdues d'avances, au lieu d'une confrontation au prix lourd mais salvatrice pour la démocratie et l'État de droit.

Au sujet des plaintes pour crimes de torture ou de meurtres déposées contre certaines personnes gravitant autour de Mohamed Ould Abdel Aziz, il a indiqué que les victimes des violations des droits humains passées et celles de nos jours n'ont aucun espoir de voir la justice rendue sous ce régime qui s'appuie allègrement sur des milieux civils et militaires ayant participé activement à la tentative de génocide contre les Noirs et s'adonnent de nos jours aux pratiques esclavagistes et à de faux témoignages sur la persistance de l'esclavage.

Derrière cet échec, Birame Ould Dah Ould Abeid y voit la main invisible du gouvernement français qu’il soupçonne d’entraver "de manière volontaire à toute action judiciaire nationale ou internationale visant la mise au banc des accusés les coupables de crimes de pouvoir en Mauritanie", a-t-il déclaré.

Par ailleurs, Birame Ould Dah Ould Abeid n’a pas manqué de dénoncer les tentatives du régime de Mohamed Ould Abdel Aziz de semer la discorde dans les rangs des victimes des déportations, de tortures, d’emprisonnements arbitraires, d’assassinats massifs…mais également au sein des associations des droits de l’Homme, des mouvements de libération et dans certains partis politiques.

"Je suis obligé de concéder que certaines victimes et certaines formations qui se sont illustrées dans cette lutte pour la reconnaissance des exactions contre les Noirs et leurs réparations sont traversées de nos jours par des tendances gagnées par le doute, le penchant au repos et à certaines sinécures que le système peut procurer en contrepartie de volte-face", a-t-il affirmé en citant à ce propos, le communiqué des FLAM, vantant les mérites des soi-disant cent jours de pouvoir du général Aziz et le refus de certains rescapés des événements de 1989-90 et 91de témoigner comme à l'accoutumée pendant la journée du 28 novembre.

En ce qui concerne la résolution du passif humanitaire, il a affirmé que toute démarche par rapport à ce problème doit impérativement obéir à la prise en compte des paramètres de l'unicité de l'action des associations et formations de défense des victimes et la fermeté sur les principes mondialement observés dans les cas d'espèces, c'est-à-dire : la vérité, la justice, les réparations et la mémorialisation.

Et, pour lui, la manière dont le pouvoir de Mohamed Ould Abdel Aziz gère ce problème s’apparente plutôt à de la poudre aux yeux (prière pour le repos des âmes des défunts, indemnisation des victimes, rapatriement des déportés…) destinée à occulter et à éviter son règlement.

A cet effet, il a suggéré aux victimes des violations des droits humains en Mauritanie et leurs assistants de mettre à l'épreuve les lois et juridictions au sein du monde libre, notamment les closes concernant la compétence universelle. "Ceci permettra à coup sur d'épingler certains coupables et, de ce fait, obtenir des jurisprudences, ou du moins maintenir la pression sur les présumés criminels", dit-il.

Babacar Baye Ndiaye

Article 16 de la CEDEF : Des élus mis à contribution pour la levée de cette réserve

Sans eux, la campagne de sensibilisation du projet de promotion des droits des femmes et de renforcement des capacités des organisations de la société civile manquerait une jambe. C’est ainsi que du 24 au 25 novembre dernier, à l’hôtel Khatter, des élus locaux, d’obédience politique diverse, ont été mis à contribution, à travers un atelier de sensibilisation sur les droits des femmes, pour la levée de la réserve de la Mauritanie sur la Convention sur l’Elimination de toutes les formes de Discriminations à l’égard des femmes qui porte sur l’article 16 (CEDEF).

Cet atelier rentre dans le cadre du projet de promotion des droits de la femme et de renforcement des organisations de la société civile piloté par l’Association des Femmes Chefs de Famille (Afcf) sur un financement du Programme d’appui à la Société Civile et à la Bonne Gouvernance (PASOC).

Promouvoir les droits de la femme et susciter une réflexion menant à terme à une actualisation des textes législatifs organisant la vie de la femme en Mauritanie, tel a été l’objectif principal de cet atelier destiné à ces élus afin d’obtenir leur implication dans la protection et la défense des droits de la femme.

Tous les pays de l’Afrique de l’Ouest ont ratifié la Convention sur l’Elimination de toutes les formes de discriminations à l’égard des femmes (CEDEF) qui est entrée en vigueur le 3 septembre 1981 sauf le Niger et la Mauritanie qui a évoqué des raisons religieuses en avançant que certains articles contenus dans cette convention portent atteinte à l’Islam et à la charria.

Aujourd’hui, des organisations de défense des droits de la femme comme l’Afcf sont en train de se mobiliser en vue de pousser le gouvernement mauritanien à lever cette réserve dont le nœud gordien demeure l’article 16 (Voir encadré). Pendant deux jours, ces élus ont réfléchi autour de trois questions : Que faut-il faire ? Comment le faire ? Et quelles sont les conditions qui doivent être réunies pour que la réserve sur l’article 16 de la CEDEF soit levée ?

Au cours de cet atelier, certains élus ont proposé la révision du Code du Statut Personnel et demandé à l’Afcf qu’elle fasse un travail de réflexion concerté au sujet par exemple du divorce, de la prise en charge des enfants, du mariage de même que suggéré la mise sur pied d’une commission qui va tracer un plaidoyer pour l’amélioration des droits des femmes et la levée de la réserve sur la CEDEF.

Des oulémas avaient également pris part à cet atelier qui a fait ressortir des divergences entre ces derniers et les femmes au sujet par exemple de la répudiation. «Nous devons tous nous mobiliser pour que toutes les dispositions relatives à l’émancipation de la femme soit appliquée», a lancé l’un d’entre eux.
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Encadré

Article 16 de la CEDEF

1. Les Etats parties prennent toutes les mesures nécessaires pour éliminer la discrimination à l’égard des femmes dans toutes les questions découlant du mariage et dans les rapports familiaux et, en particulier, assurer, sur la base de l’égalité de l’homme et de la femme :

a) Le même droit de contracter mariage;
b) Le même droit de choisir librement son conjoint et de ne contracter mariage que de son libre et plein consentement;
c) Les mêmes droits et les mêmes responsabilités au cours du mariage et lors de sa dissolution;
d) Les mêmes droits et les mêmes responsabilités en tant que parents, quel que soit leur état matrimonial, pour les questions se rapportant à leurs enfants; dans tous les cas, l’intérêt des enfants sera la considération primordiale;
e) Les mêmes droits de décider librement et en toute connaissance de cause du nombre et de l’espacement des naissances et d’avoir accès aux informations, à l’éducation et aux moyens nécessaires pour leur permettre d’exercer ces droits;
f) Les mêmes droits et responsabilités en matière de tutelle, de curatelle, de garde et d’adoption des enfants, ou d’institutions similaires, lorsque ces concepts existent dans la législation nationale; dans tous les cas, l’intérêt des enfants sera la considération primordiale;

g) Les mêmes droits personnels au mari et à la femme, y compris en ce qui concerne les choix du nom de familles d'une profession et d'une occupation;
h) Les mêmes droits à chacun des époux en matière de propriété, d’acquisition, de gestion, d'administration, de jouissance et de disposition des biens, tant à titre gratuit qu'à titre onéreux.
2. Les fiançailles et les mariages d’enfants n’auront pas d'effets juridiques et toutes les mesures nécessaires, y compris des dispositions législatives, seront prises afin de fixer un âge minimal pour le mariage et de rendre obligatoire l’inscription du mariage sur un registre officiel.

Babacar Baye NDIAYE

Aminétou Mint El Moctar exprime son inquiétude au sujet de la situation des filles domestiques mineures

La présidente de l’Association des Femmes Chefs de Famille (Afcf) a exigé, au cours d’une conférence de presse organisée le 24 décembre, l’application de la loi sur les mineurs de 2005 mais aussi exprimé son inquiétude au sujet de la situation des filles domestiques mineures.

Cette conférence presse, dont l’objectif est de permettre au public et à la presse de connaître la problématique des filles domestiques mineures, vise à élucider les obstacles et les difficultés que rencontrent l’Afcf sur le terrain par rapport à ce projet lancé depuis août 2009.

"Nous avons d’énormes difficultés", a déclaré Aminétou Mint El Moctar, présidente de l’Afcf. "Il n’y a qu’un seul commissariat pour les mineurs dans tout Nouakchott", regrette-t-elle.

Aminétou Mint El Moctar, qui n’a pas manqué de souligner les difficultés de déplacement auxquelles elles sont confrontées, a déploré le fait que des commissaraits de la capitale ou de l’intérieur du pays qui ne sont pas du tout spécialisés dans la question des filles mineures, soient de cette question par des tierces personnes.

"Il y a des cas qui se retrouvent dans d’autres commissariats. Ces filles mineures sont traitées comme des adultes et souvent maltraitées", explique-t-elle. "Sans enquête et sans rien du tout, on envoie ces filles domestiques mineures directement en prison", ajoute-t-elle.

A en croire Aminétou Mint El Moctar, cette situation ne se fait pas sans complicité entre les employeurs et la police, hypothéquant du coup le sort de ces filles domestiques mineures.

"Je donne l’exemple Fatou Guèye qu’on a envoyé directement en prison sans faire aucune enquête", renseigne-t-elle. Comme Fatou Guèye, de nombreuses filles domestiques mineures sont aujourd’hui accusées, à tort ou à raison, de vols, en plus d’être des victimes de viols ou de maltraitances corporelles.

"C’est une situation que nous dénonçons", a affirmé Aminétou Mint El Moctar qui s’est également outrée de l’absence d’enquête honnête et de collaboration dans ce genre d’affaire où "on n’écoute que l’employeur", dit-t-elle. "Parfois même, on est chassé des commissariats pour ne pas assister la victime. On nous prive de faire correctement notre travail", a-t-elle complété.

Cette situation est aussi valable au niveau des tribunaux. "Là, c’est le grand problème. Le dossier est souvent classé sans suite", a rappelé Aminétou Mint El Moctar qui n’a pas manqué d’attaquer le comportement outrancier de certaines autorités judiciaires qui usent souvent, à l’en croire, de menaces verbales pour intimider la victime.

Une meilleure prise en charge de cette question supposerait, explique la présidente de l’Afcf, qu’un cadre juridique sur la situation des filles domestiques mineures soit élaboré le plus rapidement.

Autant le Ministère de la justice est concerné par cette question, autant l’est celui de l’Intérieur en ce qui concerne l’élaboration d’un code bonne conduite au sein de la police.

Pour Aminétou Mint El Moctar, la question des filles domestiques mineures doit être prise en considération par les pouvoirs publics comme l’est actuellement celle relative à la lutte contre la corruption et la gabegie. Elle a enfin suggéré, pour une bonne appréciation de cette question, l’élaboration d’un cadre juridique pour protéger les filles domestiques mineures dont certaines d’entres, durant leur incarcération, séjournent avec des personnes subversives.

Babacar Baye Ndiaye

Aminétou Mint El Moctar : «On se base sur la Charia pour discriminer la femme, l’enchaîner et entraver son accès aux sphères de décision de l’Etat »

Pour améliorer la situation de la femme et lui garantir tous ses droits, l’Assemblée Nationale et le Sénat adopteront le 19 juillet 2001 la loi n° 2001-052 portant Code du Statut Personnel (CSP). De nombreuses associations de défense des droits de la femme y avaient vu une volonté affichée de donner à la femme mauritanienne sa place dans la société. Huit ans après son adoption, les problèmes des femmes restent inchangés du fait de l’impunité et de la non application de la loi. Aujourd’hui, des voix s’élèvent de plus en plus pour réclamer la révision de ce code. Parmi elles, celle d’Aminétou Mint El Moctar qui revient dans l’interview suivante sur les raisons de cette demande. Entretien.

Le Rénovateur Quotidien : Pourquoi estimez-vous qu’il y a lieu aujourd’hui de réviser le Code du Statut Personnel ?

Aminétou Mint El Moctar : Au regard des différents centres d’écoute créés pour les femmes victimes de violences, du nombre croissant de conflits familiaux qui se présentent devant nous, des difficultés d’accès à la justice, des problèmes que les femmes rencontrent au niveau de la police, des cadis, des tribunaux, des autorités administratives, il y’a lieu de le réviser pour l’intérêt de la Mauritanie.
Le Code du Statut Personnel qui est mieux que rien-nous le reconnaissons- est bourré d’insuffisances. Ce qui pose inévitablement un problème d’application de la loi. Toutefois, quand on dit que telle femme est discriminée, violentée, on met cela dans le cadre de la Charia. Un homme qui bat sa femme à mort, on soutient que celle-ci a failli aux prérogatives de la Charia. N’oublions pas que notre Sainte religion a donné à la femme la place qu’il faut. Ce qui est aberrant, toute violation des droits de la femme est mise sur le dos de la Charia.
Chez nous, les traditions sont mêlées à la Charia. On se base sur elle pour discriminer la femme afin qu’elle n’avance pas, pour l’enchaîner et entraver son développement et son accès aux sphères de décisions de l’Etat. Nous avons constaté qu’il n’y a aucune volonté au niveau des institutions nationales pour faire avancer la cause des femmes mauritaniennes. Si on veut vraiment le faire, c’est pour se servir d’elles comme canaux de propagande et non pour régler les problèmes auxquels les femmes font face. On se sert d’elles comme un panneau publicitaire pour avoir des fonds de l’extérieur et non pas des choses réelles qui vont être dans l’intérêt de l’émancipation de la femme ou de briser les chaînes qui l’entravent et qui sont un obstacle à son développement, son évolution et à son émancipation.

Le Rénovateur Quotidien : En Mauritanie, les oulémas jouent un rôle incontournable. Est-ce que leur position au sujet du Code du Statut Personnel vous rassure-t-elle ? Pensez-vous aussi que sans leur appui vous ne pouvez pas obtenir la révision du CSP ?

Aminétou Mint El Moctar : Je crois qu’ils ont un rôle très important à jouer dans l’amélioration du Code du Statut Personnel. On compte également sur les élus du peuple mauritanien qui peuvent également jouer un rôle dans l’application de la Convention relative à toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDEF) et la levée des réserves.
Il ne faut pas perdre de vue que les femmes représentent plus de 50% de la population. Elles constituent de fait un réservoir électoral non négligeable. Nos oulémas ont aujourd’hui intérêt à se mettre au diapason de l’évolution contemporaine de ce monde en renforçant par exemple leurs capacités intellectuelles et non pas à se fier uniquement à ce qu’ils ont acquis.
Le Maroc a enregistré beaucoup de progrès dans l’amélioration des lois organisant la vie des femmes. C’est valable aussi pour la Jordanie. Pourquoi devrions-nous, nous aussi, accepter d’être dans la queue du peloton ? Il faut que nos oulémas divorcent avec ces traditions qui les empêchent d’évoluer. Il faut qu’ils arrêtent de camper sur des positions qui ne vont pas dans le sens de l’intérêt de la femme mauritanienne qui n’accepte plus la domestication, l’excision, l’enchaînement. On ne peut pas comparer la femme d’aujourd’hui à celle de l’antiquité, des années d’indépendance. Il faut que les oulémas débarrassent l’Islam des préjugés.

Le Rénovateur Quotidien : Sur certaines questions comme par exemple le fait d’avoir la possibilité de divorcer, les oulémas vous opposent un niet catégorique. Pensez-vous qu’ils sont prêts un jour à lâcher du lest par rapport à cette question et à d’autres comme celle relative à la répudiation… ?

Aminétou Mint El Moctar : Le Saint Coran a donné à la femme le droit de décider de son divorce. Comme par exemple, quand elle est violentée, maltraitée, quand elle ne peut plus vivre avec son mari qui se drogue. Dans certains cas, la femme n’a pas besoin de divorcer puisqu’elle n’a pas de problèmes. Par contre, dans d’autres cas, si cela ressemble à de l’enfer, la Charia lui a donné le droit de divorcer. Allah Le Tout Puissant a interdit qu’on maltraite la femme ou qu’on ne lui assure pas sa prise en charge ainsi que celle de ses enfants. C’est cela même le principe de l’acte du mariage. Lorsqu’un homme accomplit des actes contraires à l’Islam, la Charia accorde à la femme le droit de divorcer. Quand il s’agit de la femme, on ne parle jamais de l’Islam. Par contre, s’il s’agit de parler des droits de l’époux, c’est à se moment qu’on se souvienne de l’Islam !

Propos recueillis par
Babacar Baye NDIAYE