samedi 29 mai 2010

Accès au crédit, aux soins de santé et aux services : Les femmes laissées en rade

Aujourd’hui, des structures de micro-finance sont crées par des femmes qui, désormais, voudraient inscrire leur action dans une dynamique de lutte contre la pauvreté. Certaines d’entre elles sont en train de mettre à profit leurs capacités productives afin de favoriser le développement économique du pays. Mais, le constat est là : toutes les femmes n’ont pas accès au crédit, aux soins de santé, à l’éducation, à la justice, à l’eau potable, à l’électricité, aux terres et aux travaux rémunérateurs.

Face à cette situation, des associations féminines élèvent, de plus en plus, le ton pour qu’on facilite à la femme l’accès au crédit pour lui permettre de satisfaire ses besoins économiques et sociaux mais également ceux de sa famille.

Des femmes comme Aminétou Mint Ely Moctar, la présidente de l’Association des Femmes Chefs de Famille (Afcf), regrette qu’il n’y ait pas de traçabilité dans les décisions des pouvoirs publics. Ce qui, à ses yeux, constitue une violation flagrante de la Convention sur l’Elimination de toutes les formes de discrimination dont les grands principes tardent à être mis en œuvre par le gouvernement mais également en ce qui concerne l’adoption de mesures nécessaires à la suppression de toutes formes ou manifestations de discriminations.

C’est un secret de polichinelle que les femmes sont confrontées à des problèmes économiques du fait de leur manque d’accès au crédit. «Beaucoup de femmes voudraient se lancer dans des activités génératrices de revenus(AGR) mais elles n’ont pas de moyens. Nous savons que ces femmes ont un problème d’accès au crédit formel », explique Déwel Diop, présidente de l’Association féminine d’épargne et de crédit.

Aujourd’hui, avec l’appui d’institutions de microcrédit, les femmes peuvent bénéficier d’un prêt qui pourrait leur permettre de développer et de renforcer leurs activités génératrices de revenus.

Dans ce cadre, Déwel Diop, pour nous convaincre de l’importance d’accorder du crédit aux femmes, nous raconte l’histoire de cette femme, habitant dans un quartier périphérique de Nouakchott, qui n’a jamais, dans sa vie, gardé un montant dépassant les 50.000 UM.

«Elle a pu accéder, à travers une mutuelle d’épargne, à un montant de 100.000 UM de crédit. Elle n’a jamais su ce que c’était une mutuelle d’épargne, un chèque. Quand elle a eu ce montant, elle n’a pas dormi toute la nuit parce qu’à chaque instant, elle pensait que cet argent allait être soutiré par quelqu’un. Son mari, lorsqu’elle est venue avec les 100.000 UM, était tout content », raconte-t-elle.

Avec cet argent, cette dame a pu acheter deux congélateurs flambants neufs pour développer son activité de vente de jus. «Avec cette activité, elle a pu acheter un terrain à PK qu’elle a réussi à construire. Ce qui montre que l’accès au crédit peut permettre aux femmes de développer leurs activités», dit-elle.

«Les femmes s’impliquent économiquement et politiquement », a-t-elle rappelé. Et, pour cette raison, Déwel Diop a indiqué qu’elles doivent avoir accès au microcrédit, dont l’utilité n’est plus à démontrer dans la lutte contre la pauvreté, pour améliorer leurs conditions de vie et celles de leur famille.
Aujourd’hui, des organisations féminines regrettent que le cadre stratégique de lutte contre la pauvreté n’ait pas pris en considération la situation sociale des femmes chefs de famille et des femmes rurales. Pour celles-ci, ce cadre stratégique n’a pas, ni plus ni moins, changé la situation précaire des femmes.

Et, pourtant, dans ses observations finales sur la Mauritanie rendues à la trente-huitième session de l’Assemblée Générale des Nations-Unies de juin 2007, le Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes s’inquiétait de la pauvreté généralisée des femmes notamment chefs de famille.

En outre, il s’inquiétait notamment de la situation des femmes rurales, de leur manque d’information et de leur non-participation aux processus décisionnels ainsi que de leur manque d’accès aux soins de santé, aux services de sécurité sociale, à l’éducation, à la justice, à l’eau potable, à l’électricité et aux ressources foncières et bancaires.

Babacar Baye NDIAYE

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