jeudi 22 octobre 2009

Education- Program Access 2007 : L’ambassade des USA organise une cérémonie de départ pour les bénéficiaires



Ils sont au total huit élèves choisis parmi 80 élèves âgés de 14 à 18 ans à suivre un programme d’apprentissage de l’Anglais appelé «English Access Microscholarship Program» au Centre d’Anglais de Nouakchott. A l’issue de deux ans d’apprentissage, les 8 meilleurs élèves sont envoyés aux Etats-Unis pendant trois semaines pour y accomplir un séjour linguistique entièrement pris en charge par le gouvernement américain. La cérémonie marquant leur départ a eu lieu à l’ambassade des Etats-Unis, ce 21 octobre, en présence de leurs parents d’élèves et du directeur de l’enseignement secondaire.
«Il offre aux jeunes sélectionnés l’opportunité d’améliorer leur niveau en Anglais tout en participant à des activités éducatives destinées à développer leur capacité de leadership, promouvoir l’éducation civique, le respect de la diversité et la participation active dans la vie de leur communauté», a expliqué Mark Boulware, l’ambassadeur des Etats-Unis d’Amérique en Mauritanie.
Soumaré Oumar est chargé de mission au ministère de l’Education Nationale. Il a salué le «program Access 2007» qui traduit, selon lui, une belle manifestation d’exemplarité des relations qu’entretiennent les Etats-Unis d’Amérique et la Mauritanie.
«Nous nous félicitons du choix qu’ils font parce qu’ils investissent dans le secteur de l’éducation et sur la jeunesse. Nous pensons que ces deux créneaux peuvent permettre à nos deux pays de maintenir leurs relations. Nous félicitons également les responsables du centre de formation et le staff enseignants qui ont su encadrer ces élèves avec tout le sérieux et la qualité d’enseignement dispensée avec la responsabilité», a-t-il déclaré.
«Profitez de l’opportunité qu’on vous donne, de l’opportunité de comprendre une langue. Profitez aussi de l’opportunité de découvrir aussi un grand pays et je suis convaincu que vous reviendrez convaincus de deux choses : que vous avez visité un grand pays mais aussi vous avez connu un grand peuple. Revenez-nous saints et emmenez-nous tout ce qu’il y a d’agréables», a-t-il poursuivi.
Docteur Tombo Mbaye est le directeur du Centre d’Anglais de Nouakchott (NEC) et coordinateur adjoint du programme «English Access Microscholarship Program» entièrement financé par le gouvernement américain dont la plupart des bénéficiaires sont issus des quartiers périphériques de Nouakchott.
«C’est un programme très intéressant parce qu’il aide les enfants à apprendre la langue en se familiarisant avec la culture et la civilisation américaines», confie-t-il en espérant que leur séjour aux Etats-Unis leur apportera beaucoup de choses notamment sur le plan linguistique et sur le plan des relations humaines.
Il n’a pas manqué de prodiguer des conseils pratiques à ses élèves qu’il a invités à être des «ambassadeurs de la Mauritanie auprès des Etats-Unis». Ils seront accompagnés durant leur séjour par deux professeurs encadreurs du Centre d’Anglais de Nouakchott.
Abdoul Bocar Ly travaille au corps de la Paix américaine. Il est venu remplir les formalités de séjour de son enfant, Sy Djibril Abdoul qui fait partie des 8 bénéficiaires du program Access. Il est heureux que son fils puisse découvrir les multiples facettes du pays de l’oncle Sam. «C’est une bonne chose que nous apprécions à sa juste valeur. C’est une première entre les Etats-Unis et la Mauritanie. Ce séjour va leur permettre d’aller à la rencontre d’autres personnes, d’autres cultures et d’autres communautés», se réjouit-il.
Le départ aux Etats-Unis aura lieu le 15 novembre prochain. Et, en croire le directeur du Centre d’Anglais de Nouakchott, toutes les dispositions ont été prises pour éviter les désagréables surprises de dernière minute. En attendant ce jour, ils raclent déjà leur enthousiasme de découvrir pour la première fois de leur vie les Etats-Unis d’Amérique dont des millions d’individus caressent le rêve d’y séjourner.

Babacar Baye NDIAYE
Filles domestiques mineures: L’Afcf tire la sonnette d’alarme

L’ampleur de la maltraitance des filles domestiques mineures inquiète aujourd’hui l’Association des Femmes Chefs de Famille (Afcf) dirigée par Aminétou Mint El Moctar. Selon des statistiques, ces filles domestiques constituent 25% de la population dans les principales villes de la Mauritanie à savoir Nouakchott et Nouadhibou.
L’Afcf suit depuis quelques temps et avec beaucoup d’intérêt la situation de cette tranche de la société qui n’a pas de statut juridique qui les protège et garantit leurs droits. C’est dans ce cadre qu’un projet, en partenariat avec Terre des Hommes et la Coopération espagnole, a été initié.
L’objectif de ce projet est d’identifier les filles domestiques mineures et faire une étude de capitalisation de ce phénomène. Il s’agira d’avoir une idée de l’étendue d’un tel phénomène, d’analyser les données qui seront recueillies et partant de là élaborer une stratégie de protection, d’assistance et d’insertion des filles domestiques mineures dans la vie active.
Souvent utilisées dans la domestication, ces filles mineures font l’objet régulièrement de maltraitances, de kidnapping et de trafic sexuel. La plupart d’entre elles travaillent dans la garde des enfants sans aucune mesure de protection. Elles sont souvent exposées aux viols, à la maltraitance, après l’accumulation de plusieurs mois d’arriérés de salaire chez l’employeur, elles sont accusées de vol pour ne pas être payées.
«Et là, elles sont directement envoyées en prison sans protection. Venues à la recherche du pain et pour aider leurs familles qui sont dans une situation de précarité, elles se retrouvent emprisonnées dans des conditions catastrophiques, inhumaines et dégradantes. Elles se retrouvent en prison sans savoir pour quels motifs et sans issue», fustige vertement Aminétou Mint El Moctar.
Elle poursuit sur un ton d’indignation : «On ne juge pas ces filles mineures selon le code pénal mauritanien dont l’application dépend de l’humeur du cadi ou du procureur de la République souvent issu de la classe féodale qui a l’habitude d’opprimer les pauvres».
Aller en croisade contre la maltraitance des filles domestiques mineures passe nécessairement par la mise en place d’abord d’un cadre juridique qui les prémunirait contre toutes sortes d’abus, de violences ou d’injustice…Pourchassées par la pauvreté et la misère, la majorité de ces jeunes filles viennent du milieu rural. «Il y en a même quelques unes d’entres elles qui ont fait l’école. Mais, elles sont contraintes d’abandonner et de chercher du travail pour aider leurs parents», explique Aminétou Mint El Moctar qui n’a pas manqué d’indexé l’absence de campagne d’éducation, d’orientation et de sensibilisation de la part des élus locaux au sujet de ce problème.
Aujourd’hui, certaines organisations de protection des droits de la femme comme l’Afcf butent souvent sur un obstacle. Celui du non transfert des cas de filles domestiques accusées de vols vers la Brigade des mineures de Socogim Ps.
«Nous avons eu un cas de cette nature où une femme a porté plainte au commissariat de Ksar contre une fille de 12 ans pour vol. Au lieu que la fille soit envoyée à la Brigade des mineures, le commissaire a agi directement sur cette affaire pour des raisons de parenté avec la plaignante. C’est très grave», raconte Aminétou Mint El Moctar.
La présidente de l’Afcf a également fustigé le manque de sérieux dans le traitement de ces cas au niveau des commissariats de police «Seule la brigade des mineures répond dans la plupart du temps nos attentes», se félicite-t-elle.
Les problèmes sont donc réels. En plus de cela, il y a une difficulté réelle d’insérer les filles domestiques dans la vie active mais également que les organisations de défense des droits de la femme éprouvent toutes les peines du monde pour pouvoir défendre ou prendre charge de tels cas. A cela s’ajoute la complicité de certains policiers très prompts à les emprisonner sans toute forme de jugement dès que c’est un des leurs qui est victime de ce vol.
Plus inquiétant encore. Ce phénomène ne touche pas spécifiquement les filles mauritaniennes. Il y a celles qui sont issues de l’immigration. La Mauritanie étant devenue un point de passage vers l’Europe, les réseaux de trafic sexuel ont pignon sur rue notamment à Nouakchott et à Nouadhibou. Ces filles, pour l’essentiel, sont originaires du Mali ou du Sénégal. Au départ, recrutés pour être des filles domestiques, elles se retrouvent presque entre quatre murs. «C’est un phénomène grandissant sans qu’il y ait une véritable prise en considération de la part des pouvoirs publics, fulmine Aminétou Mint El Moctar. C’est un phénomène qui constitue un réel problème dans la société mauritanienne.»
A en croire, la présidente de l’Association des Femmes Chefs de Famille (Afcf), il faut qu’il y’ait, pour venir à bout de ce phénomène, un vrai débat, des mesures sérieuses prises dans ce sens mais également une vraie collaboration entre la société civile et les pouvoirs publics pour combattre ce phénomène des temps modernes.

Babacar Baye NDIAYE
Nouakchott, Socogim Ps- L’Ufp retrousse les manches pour aider les habitants

Socogim Ps qui est administrativement rattaché à la Moughataa de Ksar ne dispose qu’un espace public transformé par les jeunes du quartier en terrain de football. Depuis les dernières pluies, cet espace est devenu un lit d’eau. Et, cela a duré un mois quasiment. Face à cette situation, les cadres de l’Union des Forces de Progrès (Ufp) ont retroussé les manches, ce 16 octobre, pour obturer les eaux stagnantes. «C’est une place historique de l’opposition. Toutes ses grandes activités au niveau de Socogim Ps ont été organisées ici. Lorsqu’une militante de notre parti nous a saisis à ce propos, on a pris l’engagement de régler matériellement ce problème avec l’appui de quelques cadres de notre parti», indique Ahmédou Ould Boudah, membre du comité exécutif de l’Union des Forces de Progrès (Ufp).
Ainsi, des tonnes de sable ont été déversés sur ce terrain afin d’absorber les eaux stagnantes. Les cadres de l’Ufp semblent donc avoir bien entendu les cris de détresse des habitants de Socogim Ps qui s’étaient insurgés contre le manque de réaction prompte des pouvoirs publics face à leur désespoir et même de toute la classe politique qui ne se manifeste que quand il s’agit d’aller à la pêche aux voix. Mais, comme le dit l’adage, il n’est jamais trop pour bien faire. Ahmédou Ould Boudah n’a pas manqué de griefs contre le régime de Mohamed Ould Abdel Aziz. «Ce genre de travail public est de la compétence des autorités. C’est justement parce qu’elles ne l’ont pas fait que nous avons réagi à leurs problèmes. Et d’ailleurs, nous n’allons pas se limiter à cette unique action », a-t-il affirmé.
Il en a profité pour annoncer que les autres partis qui composent le Front National pour la Défense de la Démocratie (Fndd) en plus du Rassemblement des Forces Démocratiques (Rfd) vont organiser dans les jours à venir des marches de protestation de grande envergure à Nouakchott pour stigmatiser la faible implication des autorités aussi bien locales que centrales dans le dossier des inondations.
Cette action humanitaire vise à venir au chevet des habitants de la Socogim Ps dont une bonne partie a quitté leurs foyers envahis par l’eau. «Cette situation est pénible. Nos maisons sont toujours remplies d’eau parce qu’elles ne disposent pas de rigoles qui peuvent transporter cette eau. En conséquence, les gens vident l’eau en la rejetant sur cette place. C’est pourquoi l’eau est toujours là stagnante», explique Ramata Anne qui a beaucoup apprécié ce geste des cadres de l’Ufp tout en appelant les bonnes volontés du pays à faire pareil.
Cette dame, infirmière de son état, habite ce quartier depuis 1983. Elle témoigne : «Cette place est très utile. Les enfants s’entraînent ici. Toutes les festivités se font ici également. On avait toujours des problèmes mais ceux qu’on a rencontrés cette année-ci sont pires. Nous sommes partout enclavés par les eaux stagnantes. A un moment, pour se rendre au travail, on était obligés de nouer des sachets en plastique autour de nos pieds pour se protéger.»

Babacar Baye NDIAYE
Mauritanie- Eradication définitive du trachome: Le Lions Club "La Rose des Sables" met les bouchées doubles

C’est devenu presqu’un rituel. Tous les 10 octobre, la Rose des Sables organise, en marge de la journée du lionisme du 8 octobre, une journée de dépistage des maladies cécitantes au profit des populations les plus démunies. Pour l’année 2009, la journée de dépistage du 10 octobre s’est déroulée au centre Kissal d’El Mina en présence du secrétaire général du Ministère de la Santé.
A Nouakchott, presque toutes les moughataas sauf deux ont bénéficié de cette journée de dépistage qui vise aussi à pousser les populations à respecter les règles d’hygiène. «En faisant ce dépistage, on essaie de trouver du trachome et d’autres maladies cécitantes comme la cataracte et le glaucome. Après tout cela, on prescrit des ordonnances. On donne des rendez-vous aux personnes consultées afin qu’elles se présentent au Centre Priorité à la Vue de Teyarett où il y a des appareils nécessaires pour les traiter, approfondir le dépistage et voir si cela nécessite une opération chirurgicale», explique madame Limam, administrateur du projet Sight first en Mauritanie et par ailleurs présidente de la commission Sight first du Lions club La Rose des Sables.
Le docteur Hassane Ould Mohamédou est le coordonnateur adjoint du Programme National de Lutte contre la Cécité (PNLCC). Mis en place depuis 1998, ce programme dispose d’un Centre Priorité à la Vue qui se trouve à Teyarett, des antennes à Arafat, à la Polyclinique et à El Mina ainsi qu’à l’intérieur du pays. Il revient ici sur les orientations de ce programme. «En 2000, on a fait une enquête pour avoir une idée des maladies cécitantes. L’objectif de ce programme, c’est de lutter contre ces maladies cécitantes ou les prévenir. La première maladie, c’est la cataracte qui est la première cause de cécité en Mauritanie. En plus, il y a le trachome plus fréquent chez les enfants et les femmes», précise-t-il.
Aujourd’hui, les populations sont suffisamment informées au sujet des maladies cécitantes parce que de nombreuses campagnes de sensibilisation ou des missions techniques ont été effectuées à travers toute la Mauritanie quasiment. En parallèle, le ministère de la santé a élaboré un cadre de stratégie de lutte contre les maladies cécitantes et leur prise en charge qui est gratuite. A partir de janvier 2010, un nouveau projet estimé à 325.000 $ et financé par le Lions Club International va démarrer. Ce programme s’inscrit dans le cadre de la lutte contre la cataracte dans toutes les régions de la Mauritanie. Au sujet de la journée de dépistage du 10 octobre, l’accent a été essentiellement mis sur le trachome, la cataracte et le glaucome.
«A la fin de ces dépistages, les cas de trachome qu’on a retrouvés, on va leur donner des traitements à base d’antibiotiques appelés Zitromax. Les cas de cataracte, on les renvoie au Centre Priorité à la Vue de Teyarett ou à l’hôpital ophtalmologique de la fondation Bouamatou. Ils seront pris en charge gratuitement dans ces deux centres ainsi que les cas de glaucome», explique le docteur Abdallahi Ould Minnih, coordonnateur du Programme National de Lutte contre la Cécité.

Vers l’élimination définitive du trachome en Mauritanie avant 2012

C’est en tout cas la conviction des responsables du Programme National de Lutte contre la Cécité qui sont convaincus que la maladie du trachome qui est la deuxième cause de cécité en Mauritanie va bientôt être éradiqué. Le trachome représente aujourd’hui un problème de santé publique. Cette maladie est plus fréquente chez les enfants et les enfants. Pour cette maladie, il y a un programme depuis 2000 qui a touché toute la Mauritanie. «On est presque à la dernière phase d’éradication de cette maladie. Il ne reste plus que deux wilayas à savoir Tiriz-Zemmour et Inchiri», a déclaré docteur Hassane Ould Mohamédou. La cataracte et le trachome sont plus persistants en Mauritanie. Quant au glaucome, il est moins sévère. Les personnes les plus touchées par les deux premières maladies vivent souvent dans les quartiers les plus défavorisés de la capitale et à l’intérieur du pays dû en partie à la rareté de l’eau. C’est pour cela que le docteur Hassane Ould Mohamédou a insisté sur la nécessité d’observer une hygiène de vie rigoureuse. Il précise : «Si on arrive à observer une certaine propreté, on peut éradiquer cette maladie comme cela s’est passé en Europe. On croit qu’en 2012 le trachome n’existera plus en Mauritanie et on aura la certification de l’OMS», déclare-t-il, très optimiste.
En 2004, des enquêtes pour pouvoir définir le taux de prévalence de cette maladie en Mauritanie ont été menées. Les traitements des populations se font dans toutes les moughataas où il y’a un taux de prévalence avoisinant les 10%. Le Programme National de Lutte contre la Cécité est aidé en cela par l’Initiative Trachome International qui fournit gratuitement les médicaments de traitement et la fondation Bouamatou qui assure les frais de distribution, le stockage et le transport des médicaments.
Au sujet de la cataracte, c’est un plus délicat. Durant cette journée de dépistage, des cas de dernier degré ont été enregistrés. «Les gens viennent quand ils ne voient plus rien. C’est justement pour les bousculer qu’on organise cette journée de dépistage. Il ne faut pas attendre que la cataracte soit très épaisse et qu’on ne puisse plus l’opérer pour se manifester», tempête madame Limam sur un coup de gueule.
En marge de cette journée de sensibilisation, la présidente de la Rose des Sables Mme Mariam Chérif en a profité pour lancer la campagne de collecte de fonds destinés à financer les campagnes de dépistage des maladies cécitantes en Mauritanie. Et, spontanément, les membres de tous les clubs confondus ont mis leurs mains dans la poche y compris l’hôte de marque sénégalais Blaise Diédhiou qui a donné sa contribution en francs CFA. Même certaines personnes auscultées ont contribué à leur manière !
Toujours dans le cadre des activités de la Rose des Sables, en marge de la célébration de la journée du lionisme du 8 octobre, des dons en vivres variés (huile, mil, farine, sucre, lait, riz…) d’une valeur de 50.000 UM ont été distribués à des populations démunies au Centre de Récupération et de l’Education Nutritionnelle (CREN).

Babacar Baye NDIAYE

samedi 17 octobre 2009

Nouakchott, Mauritanie- A deux mois de la rencontre de Copenhague, les pays riches invités à tenir compte des intérêts des pays en voie de développement


«Enjeux et perspectives pour les pays d’Afrique, d’Amérique latine et d’Asie. Partager une vision commune des arrangements Post-Kyoto». Tel est le thème du symposium international sur le changement climatique qui s’est ouvert hier à Nouakchott au Palais des congrès et qui se poursuivra jusqu’au 16 octobre.
Cette rencontre internationale est une initiative de l’African Network of Environmental Journalists (ANEJ) dirigé par le mauritanien Sidi El Moctar Cheiguer. Ce symposium qui s’inscrit en perspective de la prochaine conférence des Nations Unies sur les changements climatiques du 7 au 18 décembre à Copenhague a pour objectifs, entre autres, de renforcer les positions des pays du sud.
Et, à ce sujet, le président du Réseau Africain des Journalistes de l’Environnement a laissé entendre que les pays asiatiques, latino-américains et notamment africains ont intérêt à développer entre eux une dynamique d’opinion pour pouvoir faire face aux conséquences des changements climatiques.
Il a invité par la même occasion, dans son discours, les pays industrialisés à «adopter des mesures pour réduire les effets sur les changements climatiques ». Pour lui, la volonté de changer doit exister au niveau de ces pays qu’il a appelés à «réapprendre à marcher sur terre » avant qu’il ne soit trop tard.
Il a aussi mis l’accent sur la nécessité de faire face à la «fréquence des catastrophes naturelles » qui sont une preuve vivante que les dirigeants des pays industrialisés doivent faire des efforts pour limiter l’impact du changement climatique.
«Le compte à rebours a déjà commencé », a rappelé Maria De Vello Ribero, coordinatrice du système des Nations Unies en Mauritanie. «L’horloge climatique tourne à grande vitesse », a-t-elle prévenu. Face aux dégâts qu’engendrent les changements climatiques à travers le monde, elle a déclaré que l’humanité ne peut plus attendre. Et, à l’en croire, il urge de «renverser la tendance actuelle » dans ce cadre. En Afrique, le coût de la dégradation de l’environnement représente 14%.
«Nos pays ont intérêt, en termes de lutte contre les changements climatiques, à fédérer et à mettre en place des projets qui intègrent plusieurs pays. Un seul pays ne peut pas mener une action de lutte contre les changements climatiques. C’est à travers des actions fédératrices de plusieurs pays qu’on peut avoir des résultats sur le terrain», a laissé entendre Babacar Bachir Sané, journaliste au quotidien national sénégalais «Le Soleil».
Si les journalistes ont été mis à contribution, c’est pour qu’ils incitent les dirigeants africains, en les mettant en garde, contre les menaces actuelles d’ordre environnemental que le continent est en train de vivre et qui sont liées aux changements climatiques à savoir les sécheresses, les inondations, la fonte des glaces, les ouragans...
Ce symposium va donc explorer les voies et moyens de soutenir les négociateurs des pays en développement pour une meilleure prise en compte, dans la capitale danoise en décembre prochain, des intérêts des pays vulnérables. Les récentes inondations dans certains pays de la planète y compris la Mauritanie sont là pour rappeler que les changements climatiques sont une évidence.
Aujourd’hui, le développement durable est rudement mis à mal par les pays industrialisés obnubilés par la concurrence et leurs intérêts au détriment des pays vulnérables. Dans de nombreux pays en voie de développement comme la Mauritanie, une stratégie nationale de développement durable a été élaborée dans ce sens pour face aux gaz à effets de serre.
Toutefois, les récentes inondations ont recelé au grand jour une absence de gestion environnementale préventive dans certains pays africains. «Dans les villes africaines, le volet aménagement a été toujours occulté. Si vous parcourez l’Afrique, beaucoup de pays sont en train d’aménager de secondes villes à caractère économique», rappelle Babacar Bachir Sané.
L’environnement est rangé aujourd’hui, comme à l’image de la lutte contre le Sida ou la pauvreté en priorité par les Etats membres des Nations Unies. En Afrique par exemple, face à l’avancée du désert, la grande muraille verte a été initiée pour servir de réponse au phénomène de la désertification. Les changements climatiques sont devenus aujourd’hui l’affaire de tout le monde et aucun pays ne peut se targuer d’être épargné.
«Nous sentons également les effets des changements climatiques au Cameroun. Cela veut dire que c’est un problème réel. Cela veut dire que les camerounais soufrent eux aussi. Nous ne sommes pas encore au niveau que nous voulons mais nous sommes en train de progresser. Les pays en développement sont énormément frappés par les effets de changement climatique.
Il faudra absolument que nous, en tant que hommes de médias, arrivions à accompagner nos pays à trouver une vision commune avant d’aller à Copenhague», déclare David Akana, journaliste à la CRTV.
La rencontre de Nouakchott semble être décisive. Cependant, nombreux sont les participants qui nourrissent déjà des à priori au sujet de la conférence des Nations Unies sur le changement climatique qui aura lieu du 7 au 18 décembre dans la capitale danoise et s’interrogent même si les pays en voie de développement pourront peser sur la balance.
«Peut-être sur le plan médiatique, ils pourront influencer les décisions qui seront prises à Copenhague. En tout cas, ça ne sera pas tellement fameux. Le monde, c’est des intérêts. Avec les questions d’environnement, ce sont généralement les pays développés qui les financent. Je vois mal ces pays ne pas mettre en avant leurs intérêts par rapport aux questions environnementales», explique Babacar Béchir Sané.

Babacar Baye Ndiaye

dimanche 11 octobre 2009

Collectif des veuves : Certains membres vilipendent la présidente et le secrétaire exécutif du Fonadh



Décriée par ses prises de position dans le cadre du règlement du passif humanitaire, l’actuelle présidente du Collectif des veuves suscite en cette période une levée de boucliers de la part de certains membres de l’organisation. Mais continue à bénéficier de l’appui indéfectible de Mamadou Sarr, secrétaire exécutif du Forum des Organisations Nationales de Défense des Droits Humains (FONADH). Au grand écœurement de ses détracteurs.
Ça sent le roussi avant l’incendie au Collectif des veuves ! La récente déclaration de la présidente de cette association en l’occurrence Houlèye Sall a ouvert une brèche de protestations au sein de son organisation. Les protestataires sont montés au créneau pour apporter, eux aussi, des éléments de clarification relatifs à cette déclaration du 30 septembre au sujet des indemnités décidées, sans aucune concertation inclusive, par Mohamed Ould Abdel Aziz, dans le cadre du règlement du passif humanitaire.
Sur le ton de la polémique et de la calomnie, ces personnes ont qualifié la déclaration de Houlèye Sall de «diffamatoire» et de «mensongère». Au-delà des griefs et récriminations portées contre elle, c’est toute la gestion du FONADH qui est mise à mal au sujet de la question du passif humanitaire.
«Si nous sommes aujourd’hui amenés à désigner du doigt certains détracteurs mal intentionnés, c’est qu’ils ont usé, pour des raisons politiques et d’intérêts personnels, de la question du passif humanitaire ; se servant ainsi, depuis plus de deux décennies, avec un cynisme et un égoïsme dignes de Machiavel, de cette douloureuse question qu’ils ont instrumentalisée pour faire des victimes "une vache laitière" auprès des organisations humanitaires internationales chez lesquelles ils font semblant de plaider une cause, sans se soucier de ceux qui auraient dû en tirer les avantages en l’occurrence les victimes», expliquent-elles.
Le secrétaire exécutif du FONADH en personne n’a pas été épargné par leurs tirs très nourris. Ces personnes l’accusent de profiter de son poste pour «redorer son blason» en usant de «manœuvres dilatoires et séparatistes». D’après leurs assertions, Mamadou Sarr qu’elles appellent ironiquement «Monsieur FONADH» est mal placé pour prétendre être un fer de lance des droits de l’Homme en Mauritanie.
Allant plus loin dans leurs accusations, elles ont même révélé que Mamadou Sarr aurait tissé, selon leurs propres expressions, «d’obscurs accords» avec Maouiya Ould Sid’Ahmed Taya alors président de la République de 1984 à 2005. Dans cet enchevêtrement de réquisitoires, Lala Aïcha Sy, présidente du Comité de Solidarité avec les Victimes des Violations des Droits Humains en Mauritanie (CSVVDH) en a reçu aussi sa part de dose. Et, leur mise en cause des accords conclus avec le régime de Mohamed Ould Abdel Aziz dans le cadre de la résolution du passif humanitaire ne semble pas avoir été du goût de ces personnes qui voient dans la dernière déclaration de Houlèye Sall la signature de Mamadou Sarr.
«Cette manœuvre de leur part, vise en vérité, à entretenir ce dossier qu’ils ne veulent pas voir achevé afin de continuer à l’entretenir par l’entremise de l’institution qu’ils dirigent et qu’ils n’ont jamais méritée puisque ne jouissant ni de qualités ni de connaissances requises car autant cette question perdurera autant ils espèrent en tirer les dividendes», ont-elles déclaré.
Elles poursuivent en vouant aux gémonies les arguments de poursuites et de procès entre autres revendications que Mamadou Sarr ne cesse de brandir pour faire la résolution du dossier du passif humanitaire son cheval de bataille. Elles le soupçonnent aussi de se servir de Houlèye Sall et de Maïmouna Alpha Sy dans l’optique, disent-elles, de «disloquer l’organisation des veuves en profondeur ou tout au moins la scinder pour pouvoir collaborer avec la partie la plus malléable presque fragilisée par une absence d’information».
En s’appuyant sur la délibération de l’assemblée générale du15 août 2009, elles ont décidé d’exclure ipso facto Houlèye Sall et Maïmouna Alpha Sy des instances dirigeantes du Collectif des Veuves pour indiscipline et inconduite notoires.
Ces personnes se réclamant du Collectif des Veuves ont annoncé, pour apporter plus d’éclaircissements à leurs affirmations, la tenue dans les jours à venir d’une conférence de presse et un débat télévisé avec le COVIRE dans le souci, disent-elles, d’informer le public sur la gestion transparente de ce dossier du passif humanitaire.

Babacar Baye Ndiaye

lundi 5 octobre 2009

Ahmed Hamza se confesse sur Rfi:«On reconnaît que Nouakchott a eu des problèmes durant ces deux derniers mois»



L’émission «Appels sur l’actualité» animée par Juan Goméz tous les jours sauf le week-end sur Radio France Internationale (Rfi) du 1ier octobre dernier avait comme invités Ahmed Hamza (président de la Communauté Urbaine de Nouakchott), Simon Compaoré (maire de Ouagadougou), Pierre Diédié Amondji (gouverneur du district d’Abidjan) et Khalifa Sall (maire de Dakar).
Cette émission a été enregistrée en marge du 30ième anniversaire de l’assemblée générale de l’Association Internationale des Maires Francophones (AIMF) qui s’est déroulée du 2 au 3 octobre dernier dans la capitale française. Au cours de cette «émission spéciale», pour reprendre les termes de son animateur, ces quatre maires ont abordé la question de la gestion des villes africaines.
«Ces 30 dernières années, les villes africaines du continent ont absorbé plus de 200 millions d’habitants supplémentaires. L’Afrique est certes encore rurale mais le continent est en tête pour la vitesse de croissance de sa population urbaine. Autrement dit, dans 20 ans, donc, autant dire après demain.
L’Afrique comme l’Asie rassemblera les plus grandes populations urbaines du monde. Alors, le continent pourra-t-il relever ce défi d’autant que 62% des citadins en Afrique subsaharienne habitent en bidonvilles ? », introduit Juan Goméz pour camper le décor de ce que sera le débat.
D’autres sujets comme l’urbanisme, l’accès à l’eau, l’électricité, les transports collectifs, le ramassage des ordures, l’insécurité et autres problèmes que rencontrent les villes africaines ont été abordés.
A une question posée par Juan Goméz au président de la Communauté Urbaine de Nouakchott au sujet du ramassage des ordures dans la capitale mauritanienne, ce dernier a déclaré que son institution qu’il dirige depuis presque 3 ans a initié une nouvelle politique dans ce sens rappelant qu’un contrat a été signé depuis deux ans, sous Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi, entre la Communauté Urbaine de Nouakchott et Pizzorno.
Toutefois, il n’a pas manqué de signaler les atermoiements que cette entreprise française chargée de la collecte des ordures dans la ville de Nouakchott fait face. Il n’y est pas allé par quatre chemins pour débusquer les détracteurs de l’entreprise. «Nouakchott est une ville propre», se défend-il.
Il poursuit : «Depuis trois mois, il y a des problèmes avec Pizzorno parce qu’il y a des conflits d’intérêt et des lobbying qui s’occupaient du ramassage des ordures bien avant Pizzorno qui veulent revenir sur le contrat que l’Etat mauritanien a signé avec cette entreprise. Il y a un sabotage qui est fait contre la société.
En plus de cela, nous avons connu de fortes pluies cette année. On reconnaît que Nouakchott a eu des problèmes durant ces deux derniers mois. Mais, je peux confirmer que durant l’année 2008 et 2009, Nouakchott a été une ville propre.» Interpellé aussi au sujet de la problématique de l’eau dans la ville de Nouakchott, le président de la Communauté Urbaine de Nouakchott a soutenu qu’elle était en train d’être solutionnée en étayant ses propos par le projet d’Aftout Es-sahili financé par l’Etat mauritanien et le Fades (Fonds Arabe pour le Développement Economique et Social).
«D’ici une année et demie, Nouakchott n’aura plus des problèmes d’eau», a-t-il assuré relevant en outre le faible apport de l’Etat mauritanien dans le développement des projets d’infrastructures urbaines et l’insuffisance du réseau d’assainissement à Nouakchott.
«On ne peut pas demander aux élus locaux que nous sommes et aux pouvoirs actuels de faire des miracles», tente-t-il d’expliquer avec un brin de réalisme. Au mois d’août dernier, des pluies torrentielles se sont déversées sur Nouakchott avec toutes les conséquences que nous connaissons.
«On a compris qu’il fallait réfléchir sur notre futur. On est là-dessus avec l’administration pour que l’année prochaine, on évite d’avoir les mêmes problèmes que nous avons connus cette année», a-t-il assuré. N’est-ce pas là une preuve qu’un chat échaudé craint l’eau froide ?

Babacar Baye Ndiaye

dimanche 4 octobre 2009

Deux ans après son vote à l’Assemblée nationale:La loi criminalisant l’esclavage souffre de son manque d’application



Le 8 août 2007, sous Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi, une loi criminalisant l’esclavage et ses pratiques analogues est votée à l’Assemblée nationale, nonobstant la réserve d’une once de parlementaires. A l’époque, des organisations de défense des droits de l’Homme en Mauritanie, notamment SOS Esclaves et même de l’extérieur, s’en étaient vivement félicité en y voyant un palier vers l’éradication définitive de cette pratique.
Aujourd’hui, deux ans, après son vote à l’Assemblée nationale, la loi n° 2007-048 du 3 septembre portant incrimination de l’esclavage et réprimant les pratiques esclavagistes souffre du manque de son application.
Certes, la loi interdit l’esclavage et punit leurs auteurs. Mais, dans la pratique, c’est une autre paire de manche. «Depuis, le vote de cette loi en 2007 criminalisant l’esclavage et les pratiques esclavagistes, les victimes et les organisations de défense des droits de l’Homme ont tout fait pour que cette loi s’applique. Mais, il s’avère qu’il y’a une résistance très forte des appareils judiciaire, sécuritaire et administratif chargés de dire et d’appliquer la loi qui refusent toute enquête ou tout jugement », constate Birame Ould Dah Ould Abeïd, président de l’Initiative de résurgence du mouvement abolitionniste (IRA) fondé en 2008 au lendemain du coup d’Etat.
Ce constat amène à se poser ces questions suivantes : Pourquoi n’applique-t-on pas la loi ? Qui a intérêt à ce qu’elle ne s’applique-t-elle pas et pour quels fondements ? Birame Ould Dah Ould Abeïd semble avoir trouvé les réponses à ces questions. A l’en croire, ce sont ceux qu’il appelle les «groupes dominants esclavagistes» qui veulent toujours maintenir leur mode de vie basé sur l’esclavage et les pratiques esclavagistes. Et, cela trouve son soubassement aussi bien dans l’administration que dans la société mauritanienne.
«Les administrateurs civils, les magistrats et les officiers de police judiciaire ont la mission de préserver cet acquis, de le défendre en leur assurant l’impunité totale. C’est pourquoi, ils sont tous issus d’extraction esclavagiste. Et, quand il y’a parmi eux, de rares magistrats, administrateurs civils et officiers de police judiciaire qui sont d’extraction servile comme le magistrat président de la Cour pénale de Nouakchott Souleymane Diarra, le préfet de R’Kiz Aboubécrine Ould Khourou ou le commandant de gendarmerie de Méderdra Amadou Sarr, ils sont engagés dans la servilité et au profit du système esclavagiste qui, grâce à lui, sont cooptés selon leur tendance servile comme des nègres de service à faire ce qu’on leur demande», révèle le président de l’IRA.
Pour montrer sa bonne disposition à promouvoir les droits de l’Homme, le Conseil Militaire pour la Justice et la Démocratie (CMJD) dirigé par le colonel Ely Ould Mohamed Vall, une commission nationale des droits de l’Homme que dirige toujours M. Mohamed Ould Saïd Hamady est mise en place. Cette commission où Birame Ould Dah occupe le poste de conseiller a joué un rôle assez considérable dans le respect de l’application de la loi. A cet effet, toutes les requêtes adressées ont été soutenues. Et, à son tour, la commission procédait à des correspondances et des interventions auprès des autorités compétentes pour soulager la situation des victimes. Toutefois, celles-ci n’aboutissaient pas toutes.
A ce rythme-là, faut-il espérer un jour de voir l’esclavage disparaître définitivement en Mauritanie ? «Non, répond Birame Ould Dah Ould Abeïd. On ne peut pas combattre l’esclavage de manière pacifique. Toutes les organisations qui ont opté cette attitude ont échoué. Il y’a de plus en plus l’écrasement qui se confirme davantage avec une forte volonté des pouvoirs publics et de l’Etat ethnique et esclavagiste composé d’une minorité arabo-berbère qui fonde son mode vie sur l’esclavage et son pouvoir sur la discrimination raciale.»
Aujourd’hui, certaines organisations de défense des droits de l’Homme comme l’IRA reprochent aux pouvoirs publics d’être sourds à toutes les sonnettes d’alarme en ce qui concerne l’esclavage et ses pratiques analogues. Pendant ce temps-là, les pratiques esclavagistes deviennent de plus en plus massives et multiformes. Elles touchent pratiquement la moitié de la population mauritanienne qui souffre de l’inégalité devant la loi, de l’expropriation terrienne, du travail sans salaire, de la confiscation des enfants, de la séparation des familles, du travail des enfants, de la marginalisation économique et sociale.
«Il n’y a rien qui est fait dans ce sens. Il n’y a aucun remède ou aucune action judiciaire et politique de la part des pouvoirs publics pour essayer de changer cette situation qui empire de plus en plus», s’indigne le président de l’IRA qui a appelé toutes les organisations de défense des droits de l’Homme à s’organiser pour combattre cette pratique.
Tous les régimes politiques et militaires qui se sont succédé en Mauritanie ont tous nié à l’exception de celui de Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi l’existence de l’esclavage ; y compris même des érudits. Chacun s’est contenté de fermer les yeux. Dès le lendemain de son coup d’Etat et pendant sa campagne électorale, Mohamed Ould Abdel Aziz avait promis l’enfer aux «roumouz el vessad» et aux «moufçidines» sauf aux maîtres d’esclaves.
Cette posture n’étonne guère Birame Ould Dah puisqu’il considère que le régime de Ould Abdel Aziz et ceux qui l’ont précédés, c’est le revers de la même pièce. «Son régime, dès son avènement, a opté pour le négationnisme total au sujet des crimes et pratiques esclavagistes. Les autorités compétentes de son régime réservent toujours le même refus de reconnaissance des plaintes des victimes et l’impunité totale et systématique», regrette-t-il.

Babacar Baye Ndiaye

samedi 3 octobre 2009

Ibrahima Moctar Sarr se lâche



«Nous sommes prêts à accompagner le président de la République jusque là où il peut s’arrêter par rapport à nos propres objectifs »

Dans une interview accordée à l’avomm.com, le candidat malheureux à l’élection présidentielle de juillet 2009 Ibrahima Moctar Sarr par ailleurs président de l’Alliance pour la Justice et la Démocratie/Mouvement pour la Rénovation lève le coin du voile sur sa campagne électorale. Dans ses déclarations renflées comme des panses, l’indétrônable président de l’Ajd/mr n’hésitent pas à utiliser de subterfuges, de papouilles pour expliquer sa défaite du 19 juillet face à Mohamed Ould Abdel Aziz. Toutefois, il continue à soutenir mordicus ses ambitions politiques à la limite pantagruéliques de diriger un jour la Mauritanie. Dans cette interview, il y fait parade de son talent de grand discoureur. Extraits.

Dénouement de la crise politique

«L’objectif fondamental de mon parti a été atteint, à savoir le dépassement, avec l’aide et la bénédiction de la communauté internationale, de la crise institutionnelle dont le premier jalon fut le dépôt d’une motion de censure contre l’ex Président Sidi Ould Cheikh Abdallahi. Ainsi, dès notre meeting du 31 janvier 2009, nous exhortions l’ensemble de la classe politique à participer à l’élection présidentielle et proposions à l’opposition de s’unir pour battre le Général. Aux militants venus nombreux démontrer la force de notre parti mettant fin aux rumeurs d’implosion entretenus par quelques membres du bureau politique après leur exclusion pour leur soutien inconditionnel des militaires alors qu’il avait été décidé de ne pas accompagner la transition, j’affirmai sans détours que l’AJD/MR participerait à l’élection du 6 juin si ses instances le décident. Ce qui fut le cas lors de notre Congrès extraordinaire du 11 avril qui m’a investi comme candidat de l’AJD/MR. Et lors de contacts avec certains partis de l’opposition, nous avions insisté pour qu’ils ne rééditent pas les erreurs stratégiques du boycott de 1992 en pratiquant la politique de la chaise vide.»

Négociations de Dakar

«Certains ont interprété notre attitude comme une neutralité, mais d’autres plus sourds l’ont habillé comme un soutien des militaires. Qu’ils nous expliquent alors notre refus d’accompagner la seconde transition, l’exclusion de membres du bureau politique qui ont rallié les militaires, mon absence remarquée à Kaédi. Je vous renvoie à notre déclaration sortie le jour du coup d’État où nous constatons tout simplement la reprise du pouvoir par les militaires conformément à nos prévisions d’il y a trois ans ! Nous ne sommes pas considérés comme partie prenante à la crise car nous n’étions pas pour le retour de Sidi Ould Cheikh Abdallahi, et nous n’avions jamais soutenu le HCE, bien que nous ne soyons pas contre la candidature d’un militaire dès lors qu’il démissionnait. Donc l’absence de Dakar ne nous choquait pas. Contrairement à ceux que d’autres pensent, le véritable risque était que les élections aient lieu sans l’accord de la Communauté internationale, avec tout ce que cela aurait eu comme conséquence pour le pays. C’est pourquoi l’AJD/MR a inlassablement contribué à éloigner ce risque d’instabilité et de menace de la paix civile en posant des actes concrets.»

L’argent de sa campagne

«Le directoire de campagne avait vu grand pour son budget électoral prévisionnel, prés de 100 millions d’UM. Nos ressortissants du Gabon et de la Libye ont contribué pour prés de 700.000 (sept cent mille ouguiyas), les seuls hommes d’affaires mauritaniens qui nous ont aidés financièrement durant cette campagne de 2009 sont : - Isselmou Ould Tagidine de la BCI pour un million cinq cent mille (1.500.000) ouguiyas - Mohamed Ould Bouamatou de G.B.M. pour trois millions (3.000.000) d’ouguiyas. Pour la petite histoire, nous n’avions pas sollicité l’aide de Monsieur Bouamatou. Il m’a téléphoné de lui-même pour m’offrir son aide. J’ai consulté une partie du Directoire de campagne pour voir si nous devions accepter cette aide vu les accointances qui existent entre Bouamatou et le Général (notre adversaire). Il a été admis qu’en général, les hommes d’affaires aident tous les candidats contribuant ainsi à leur manière au développement du pays et de sa démocratie. En acceptant cette aide généreuse que beaucoup de nos plus proches nous ont refusée, cela ne nous liait en rien. J’ai tenu personnellement, tout en remerciant Monsieur Bouamatou, à lui demander s’il ne voyait pas d’inconvénients à ce que son aide soit publiée. Il a répondu que non. Il y a eu quelques rares personnes qui veulent garder l’anonymat et qui ont contribué pour un total de 1.000.000 UM (un million d’ouguiyas). Nous avions auparavant emprunté totalement les cinq millions qui ont servi pour la caution (elle vient juste d’être remboursée). En argent liquide, le Directoire de campagne n’a pas disposé de plus de dix millions d’ouguiyas mais nous avons engagé des frais et des dépenses ont également été effectuées au nom du Directoire. Nous traînons à ce jour des dettes pour des engagements du parti vis-à-vis des tiers, vis-à-vis même des membres du parti qui ont pris en charge certaines dépenses. Des engagements ont été pris auprès de tiers notamment dans nos directoires de campagne à l’intérieur du pays. Nous avons eu des dons en nature telles que les affiches et les photos. Un imprimeur mauritanien installé au Sénégal nous a fourni l’essentiel de nos photos, nos structures en France ont pris sur elles les T-shirt et autres gadgets de campagne. Si l’on budgétisait tout ce qui a été produit en matériels et en activité, les déplacements, les réceptions des délégations, le transport des militants, on ne serait pas loin de trente millions d’ouguiyas environ. Ceci est une goutte d’eau par rapport à ce que mes concurrents ont dépensé.»


Son procès contre Taqadoumy

«Taqadoumy ne pouvait fournir aucune preuve, mais le mal est déjà fait et l’objectif de ceux qui voulaient me nuire est atteint. Pour le procès lui-même, il a révélé encore une fois la carence de notre système judicaire. On a laissé croire que nos lois ne prévoient pas de sanctions contre les délits par voie de presse électronique ; c’est une aberration ! En ce qui concerne la diffamation, la loi vise tous les moyens audiovisuels et l’Internet en est un. Plus est, j’ai été membre de la commission qui a préparé cette ordonnance pour le CMJD. Je n’ai pas souhaité ce qui est arrivé à Hanavy, je lui ai exprimé publiquement et devant le procureur ma sympathie, sachant qu’il n’est pas directement responsable. Devant le refus de la rédaction du site de s’excuser, lui-même ne voulant se désolidariser d’avec ses collègues, en bon capitaine de bateau, j’étais obligé de défendre ma dignité. Pour en revenir aux effets de cette campagne diffamatoire, il faut dire que l’objectif a bel et bien été atteint. Il y a eu une véritable défection parmi mes sympathisants qui avaient accrédité bêtement cette thèse.
Les partisans de Ould Abdel Aziz ont participé à cette campagne de désinformation, notamment au Fouta et au Guidimakha pour dissuader les électeurs de voter pour Ibrahima Moctar Sarr, affirmant que je suis avec eux et qu’ils m’ont bel et bien acheté. Pendant la deuxième campagne, cette intoxication a fait des ravages parmi mes électeurs et je n’étais même pas sur les lieux pour apporter un quelconque démenti .On n’est allé jusqu'à dire que j’ai désisté en faveur de Aziz ou de Messaoud.»


Gestion des affaires du pays

«Personne ne peut nous obliger à participer à la gestion du pouvoir si nous estimons que les conditions ne sont pas réunies. Notre objectif demeure la consolidation de notre parti pour préparer les élections législatives et municipales dont nous demandons la tenue le plus rapidement possible. Cela dit, le bureau politique sur recommandation du conseil national, au lendemain de la proclamation des résultats, avait décidé de répondre favorablement à toute invite des nouvelles autorités pour participer à la gestion concertée des affaires du pays en cette phase cruciale où la Mauritanie traverse une période difficile où elle a besoin du concours de tous ses fils. Nous n’avons jamais fait de l’entrisme au gouvernement un objectif à atteindre coûte que coûte, sinon, nous aurions pu aller avec Sidi Ould Cheikh Abdallah et Ould Waghef lorsque ces derniers nous avaient sollicités pour participer au gouvernement. Nous ne le ferons que sur la base d’une plate-forme qui déterminera le rôle que nous pouvons jouer dans la phase actuelle du développement du pays aux cotés du nouveau président de la république, j’ai eu de très nombreux entretiens avec lui et je crois qu’il a de sérieuses ambitions pour la Mauritanie et qu’il est prêt à relever beaucoup de défis. Nous sommes prêts à accompagner le président de la République jusque là où il peut s’arrêter par rapport à nos propres objectifs, je lui demande seulement de ne pas oublier la promesse qu’il avait faite à l’issu des États généraux de la démocratie (EGD) d’appliquer tous les points d’accord de ces journées.»

Les Forces de Libération Africaines de Mauritanie (FLAM)

«Elles se trompent de combat, du moins certains de ses dirigeants. Ibrahima Mokhtar Sarr ne doit pas être leur programme politique même s’il partage avec eux le même programme politique. Nous sommes divergents sur les méthodes et les stratégies, ce n’est pas la fin du monde; cela n’exclut pas les critiques objectives mais il faut savoir raison garder. Chacun n’a qu’à faire ce qu’il peut de son coté pour arriver à la victoire finale. Je ne sais pas si j’aurai l’occasion d’écrire mes mémoires pour donner un aperçu sur notre itinéraire politique, mais le moment ne m’autorise pas à étaler sur la place publique des aspects de ce combat commun qui peuvent être exploités négativement contre l’objectif essentiel. L’AJD/MR en tant que parti n’a aucune relation avec les FLAM.»

Babacar Baye Ndiaye

Problèmes au ministère du Tourisme: Le dilemme tragique du personnel non permanent

Quatre, tel est le nombre de mois que sont restés les contractuels de la direction du tourisme sans percevoir leurs salaires. Ils ont adressé en vain de multiples missives à leur ministre Bamba Ould Dramane qui est là depuis le 31 août 2008 dans l’espoir de le mettre au parfum et qu’il apporte une solution à leur dilemme. «On ne travaille pas. On n’a pas d’activités. On monte. On descend. On ne fait rien. Tous les jours se ressemblent», résume un de ces contractuels de la direction du tourisme.
Il est dans cette direction depuis le 15 mai 2007. «On nous dit qu’il n’y a pas d’argent alors que les fonctionnaires sont payés», refuse-t-il de comprendre. Au nombre de 70 répartis dans les différentes directions du ministère du tourisme, de l’artisanat et du commerce, ces contractuels dont le salaire ne dépasse pas 32.000 UM sont recrutés à partir d’un stage de formation de 3 mois à la suite duquel on leur fait signer un contrat d’une année renouvelable avant de caresser le rêve de devenir un cadre de la fonction publique.
Aujourd’hui, ils sont tous animés par un sentiment de désespoir, de frustration et de désolation et n’ont que leurs propres yeux pour pleurer. Les indemnités dont il bénéficiait sous Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi ont été retirées depuis le coup d’Etat du 6 août 2008. A cette époque, c’est l’actuelle ministre de la Culture, de la Jeunesse et des Sports Cissé Mint Cheikh Ould Boïde qui était la directrice du tourisme. «Là, actuellement, elle nous manque sincèrement. Elle était sociable avec nous au moins. Depuis qu’elle est partie, on est devenus des orphelins. Elle nous comprenait parce que c’est une mère de famille. Elle nous donnait de temps à autre 10.000 UM ou 15.000 UM. Depuis son départ, notre situation s’est empirée», confie un autre contractuel de la direction du tourisme.
Certains d’entre eux, découragés, n’ont plus remis les pieds au ministère. D’autres par contre continuent à faire le pied de grue de tous les jours dans l’espoir de trouver de l’argent. «On ne veut plus travailler. On veut notre argent. On sait que ça va être très difficile à l’Etat de nous payer tout notre argent. Mais, au moins, qu’on nous donne les 2/3 de notre argent pour qu’on puisse régler nos petits besoins. J’ai des collègues dont les parents n’habitent pas à Nouakchott. Ils doivent payer leur loyer. Maintenant, ils sont obligés d’aller faire autre chose pour vivre », tempête quelqu’un d’autre, trouvé dans les couloirs du ministère.
La plupart de ces contractuels sont sortants des grandes universités ou Instituts de formation du Mali, Sénégal, Maroc, Tunisie, Jordanie, Syrie, Canada et maîtrisent souvent la langue de Shakespeare. Ils traînent ici comme des poubelles. Dans les couloirs du ministère du tourisme, de l’artisanat et du commerce, on croise des jeunes diplômés fraîchement débarqués à Nouakchott en provenance d’autres pays à la recherche de l’emploi. Partis sur les frais de l’Etat mauritanien, ils reviennent au bercail pour devenir diplômés chômeurs ou au meilleur des cas stagiaires.
Soulé Abdou Diarra, stagiaire à la direction du tourisme depuis 2 mois, en fait partie. A son retour au pays, après avoir crânement décroché un master en tourisme à l’Université Mohamed V de Tanger, il ne mettra pas beaucoup de temps pour déchanter vite. «On est vraiment déçus parce le tourisme est considéré comme un secteur qui peut contribuer énormément au développement socio-économique de notre pays. C’est une solution providentielle. Dans les années 70, ça a été toujours ainsi surtout dans les pays développés. Nous sommes dans un pays où il y a l’exclusion, la pauvreté et le chômage. Le tourisme peut constituer dans ce sens un secteur qui permet de partager les retombées tant sur le plan socio-économique que financier. On est ensuite déçus parce que c’est l’Etat qui a investi dans nos études. Normalement, il devait prendre sa responsabilité et l’assumer en nous intégrant par exemple dans la fonction publique», glose-t-il longuement.
Dès son arrivée à la direction du tourisme, il a pris connaissance de touts les rapports de travail de stratégie de développement. A son grand étonnement, il n’y a pas eu un seul dans lequel il n’est pas mentionné que la direction du tourisme souffrait de problèmes de compétences mais aussi du manque de personnel. «On dit que pour développer le tourisme, il faut avoir des statistiques. Ici, on n’en dispose pas alors qu’il y a des jeunes diplômés qui sont là et qui sont en mesure d’aller prendre ces chiffres, de les organiser et de les mettre à la disposition de la direction », dit-t-il.
A la direction du tourisme, les ressources humaines font cruellement défaut. Et, pourtant, il y a des jeunes diplômés qui sont là et qui répondent aux exigences de la formation et de l’expérience mais ils n’arrivent pas à trouver le boulot. «En réalité, il n’y a pas de travail, souffle un contractuel de la direction du tourisme. Toute la journée, c’est la morosité. On se contente souvent de faire ce qui n’existe pas. Les gens n’ont pas de vision. Les jeunes diplômés qui viennent ici sont un peu déçus et démotivés. »
Pour autant, certains d’entre eux continuent à réclamer leurs salaires. Quelques uns d’entre eux affirment même qu’ils ne tergiverseront pas à s’aggriper sur la première opportunité qui s’offrirait à eux. «Nous sommes obligés un jour ou l’autre de quitter », confie Soulé Abdou Diarra, le cœur meurtri.
Au sujet de ces arriérés de salaires, la direction du tourisme a dégagé toute sa responsabilité et a renvoyé la balle à la comptabilité qui dépend directement du ministère de l’économie et des finances. «On doit planifier les gens qu’on envoie. Mais, on n’envoie pas n’importe qui n’importe comment. Et, on ne forme pas des ingénieurs en électronique pour qu’ils deviennent plus tard des cadres en tourisme. On doit savoir ce qu’on veut, ce qui nous manque en termes de gestionnaires ou d’ingénieurs agronomes », déclare un cadre de la direction du tourisme. Il poursuit : «Croyez-vous que ça nous fait plaisir que ces gens-là restent des mois sans salaires ? Croyez-vous que ça nous fait plaisir ? ».
Au niveau de la comptabilité, on soutient à leur tour que cette situation n’est pas spécifique au ministère du tourisme, du commerce et de l’artisanat. Là aussi, on a porté la responsabilité sur le dos de la direction du trésor et du budget. Pendant ce temps, les contractuels ruminent leur mal en patience dans l’espoir de voir le ministère de l’économie et des finances décaisse leur argent.

Babacar Baye Ndiaye