dimanche 27 juin 2010

Filles domestiques mineures : Les responsables du projet d’assistance, de protection et d’insertion de l’AFCF accrochent leurs ceintures…

Tirer sur la sonnette d’alarme. C’est ce que tentent de faire depuis août 2009 Nebghouha Mint Abdallahi coordinatrice du projet d’assistance, de protection et d’insertion des filles domestiques mineures de l’AFCF et son équipe. En conférence de presse ce jeudi 24 juin au siège de l’AFCF, Nebghouha Mint Abdallahi a annoncé que le projet d’assistance, de protection et d’insertion des filles domestiques mineures en partenariat avec Terre des Hommes et l’AECID a eu à enregistrer 900 filles domestiques mineures âgées entre 6 ans et 18 ans à Nouakchott.

Les statistiques sont effarantes et parlent d’elles-mêmes. Celles qui ont été données par les responsables du projet d’assistance, de protection et d’insertion des filles domestiques mineures indiquent que sur ces 900 filles domestiques mineures, 100 d’entre elles sont victimes de violences, de maltraitance et d’exploitation. Ces mêmes statistiques révèlent toujours que 30% d’entre elles perçoivent tardivement leurs salaires, 40% sont victimes de maltraitance et d’exploitation (leur âge varie entre 6 et 12 ans) et les 30% restantes sont victimes de viol, d’accusation de vol, de menace, de violence physique et verbale.

Mettre les bouchées doubles

Pour infléchir cette tendance, les responsables du projet d’assistance, de protection et d’insertion des filles domestiques mineures comptent accrocher davantage leurs ceintures. D’ores et déjà, ils ont pu ouvrir 5 classes d’alphabétisation dans 5 moughataas de Nouakchott, enregistrer 80 filles domestiques mineures victimes de maltraitance, financé 9 activités génératrices de revenus en faveur des familles des victimes les plus touchées par la pauvreté et distribué à 8 familles nécessiteuses parmi les familles des filles domestiques mineures. Il faut noter également que ce projet a permis à des victimes de bénéficier d’un appui juridique, psychologique et d’une insertion économique.

"Un phénomène absolument réel"

Depuis le lancement du projet qu’il suit de près avec beaucoup d’intérêt, Me Bezéid, avocat de l’AFCF, a eu à traiter un certain nombre de dossiers relatifs à la problématique des filles domestiques mineures. Il n’y va pas par quatre chemins pour dénoncer ce phénomène.

"Ces filles qui n’ont pas encore 18 ans travaillent dans des foyers un peu dispersés à l’intérieur du pays. Elles n’ont pas, le plus souvent, de droit et font l’objet de maltraitances et d’humiliations de la part de leurs patrons, patronnes ou des membres de la famille de leurs employés", révèle-t-il. "Il y’a une présomption de culpabilité, poursuit-il, qui pèse sur les filles domestiques mineures qui sont souvent accusées de vol."

Absence de paiement de leurs salaires, privation de salaires, arriérés de salaires, calomnies, accusations de vols, incriminations fortuites, sévices…Les filles domestiques mineures se font avaler, impuissantes, toutes formes d’injustice.

L’une d’entre elles, Fatou Dièye Diaw, âgée de 16 ans, a été arrêtée et gardée en vue au commissariat de Tévragh-Zéina 2, après avoir été accusée de vol, de la part de sa patronne, d’une bague en or ainsi que des boucles d’oreilles. "Elle a été gardée en vue pendant 5 jours. Ce qui est absolument aberrant et contraire à la loi sur les mineurs. Et, au bout de 5 jours, elle a été libérée parce que la patronne a compris qu’elle n’avait pas volé sa bague et ses boucles d’oreille et du coup, elle a retiré sa plainte", a indiqué Me Bezéid.

Celui-ci n’a pas manqué d’érafler l’attitude de la police et de la justice dans ce genre de dossier. "Les enfants doivent être traités d’une certaine manière. Ils doivent nécessairement être assistés par une assistance sociale, un avocat et leurs parents. Ceci n’est jamais respecté…Le ministère de la justice confisque souvent les dossiers et envoie les gens se promener dans la rue", a-t-il expliqué.

Des cas bouleversants et révulsants

Comme le cas d’Aichétou Mint Saleme, la plupart des histoires des filles domestiques mineures, qu’elles soient d’origine étrangère ou mauritanienne, sont souvent bouleversantes et révulsantes. Orpheline à bas-âge et sans famille, Aichétou Mint Saleme a été élevée par une de ses "tantes". Son cas nous est révélé par Khadijétou Mint Mouhamdine, assistante sociale du projet d’assistance, de protection et d’insertion des filles domestiques mineures de l’AFCF.

"Sa tante l’a fait travailler et perçoit son salaire, à la fin du mois, à sa place. Elle est mère de deux enfants. Sa tante l’a mariée à un de ses fils à l’âge de 13 ans. Elle est débile la pauvre ! Elle a la mentalité d’une fille de 7 ans. Elle répète tout ce qu’on lui dit. Lorsque nous sommes partis voir un psychiatre, celui-ci nous a affirmés qu’elle est mineure à vie. Elle est accrochée à son bébé qui est maltraitée comme elle est…Sa maîtresse a eu le culot de venir au commissariat pour la réclamer. L’affaire a été portée au tribunal…J’y ai été chassée de même que notre avocat", raconte Khadijétou Mint Mouhamdine.

Babacar Baye NDIAYE

mercredi 16 juin 2010

Gouvernance des entreprises publiques : Un plan d’action national en perspectives

La mission de la Banque Mondiale (BM) en Mauritanie a organisé, jeudi 16 juin, une journée de discussions sur le rapport "Gouvernance des entreprises publiques en Mauritanie". Ces discussions avaient essentiellement porté sur la thématique de la gouvernance des entreprises publiques. A cet effet, dans un mot d’ouverture, le représentant résidant par intérim Chérif Diallo a rappelé que "nous sommes tous des partenaires aux développements et nous avons tous une responsabilité en matière d’amélioration des conditions de vie des citoyens".

L’objectif de cette journée était de présenter les résultats d’un diagnostic mené en 2008 sur la gouvernance des entreprises publiques mauritaniennes et les recommandations faites pour instaurer un meilleur système de gestion et une meilleure performance des entreprises. Une telle évaluation a permis de montrer l’importance des entreprises publiques dans les économies nationales et la corrélation positive prouvée entre bonne gouvernance et bonne performance. Cette évaluation fait ressortir qu’en raison de la vitalité des services que les Sociétés Publiques (SP) fournissent, elles sont souvent directement contrôlées par l’Etat.

Les auteurs de cette évaluation ne se sont uniquement pas contentés de faire le diagnostic sur les entreprises publiques mauritaniennes. Ils ont aussi proposé des alternatives communément appelées "approches mixtes" qui consistent à gérer les entreprises publiques comme des entreprises privées afin d’améliorer leur gouvernance. Cette méthode est aujourd’hui adoptée par de nombreux pays à travers le monde. Les auteurs du rapport se fondent leur conception sur le fait qu’une société publique mieux gérée est une entreprise plus performante en termes de réalisation et de qualité de services sociaux à moindre coût.

En Mauritanie, on compte 30 sociétés publiques dont près de 50% qui appartiennent à l’Etat. Celles-ci fournissent des prestations vitales comme l’eau, l’électricité, le gaz…en plus de l’emploi et des infrastructures. Toutefois, peu d’entre elles fonctionnent normalement, en dépit de l’absence de contraintes budgétaires, du statut privilégié et du contexte d’économie libérale. En plus de cela, leurs conseils d’administration sont purement formels et souvent court-circuités par les autorités supérieures qui nomment les responsables exécutifs et tracent les politiques sans parler du peu d’informations qui sont disponibles sur les sociétés publiques handicapant du coup l’analyse approfondie du phénomène.

Ce rapport qui est loin d’être exhaustif met à nu tous ces problèmes qui entravent en réalité la performance, la réalisation et la qualité des services sociaux. C’est pour changer cet état de fait que la mission de la Banque Mondiale à Nouakchott compte élaborer des questionnaires, des entretiens et des recommandations qui feront l’objet d’ateliers pour dégager un plan d’action national sur la gouvernance des entreprises en Mauritanie.

Babacar Baye NDIAYE

dimanche 13 juin 2010

Arafat Pk 7 de Rosso : Le calvaire de 42 familles sans abri

Le village d’Arafat PK 7 de Rosso n’existe plus et depuis le 30 mai, date de l’opération de démolition assistée par des éléments de la garde nationale de la moughataa de Rosso, il appartient désormais au passé. Chez les populations, c’est comme si les vieux démons se sont réveillés pires qu’une sempiternelle strangulation.

Les populations d’Arafat PK 7 de Rosso sont aujourd’hui entre le désespoir, le ras-le-bol, la colère et l’amertume. Elles viennent d’être déguerpies, sur ordre du hakem de la moughataa de Rosso, de leurs terres, par la force, qu’elles occupaient, ressemble aujourd’hui à un champ de bataille en ruines.

Elles ont assisté impuissantes et hagardes à la destruction de leurs maisons et de leurs biens. D’ailleurs, elles ne comptent pas s’en arrêter là. Déjà, elles ont préparé une lettre qu’elles envisagent adresser au Président de la République dont l’objet est de se plaindre contre la commission technique de pilotage de Pk 7 de Rosso et le hakem de Rosso.

A l’origine de ce déguerpissement, il y’a le projet d’extension et de modernisation de la ville de Rosso confiée à la société nationale Iskan. Et, ce qui est curieux dans cette affaire, c’est que la société nationale Iskan leur a remis un reçu de recensement au lieu, en principe, d’un permis d’occuper. Ce qui, aux yeux des populations, ne constitue pas une caution.

Aujourd’hui, chassées de leurs terres, les familles du site Rosso pk 7 sont sans abri et sans services de base (latrines, eau, assistance médicale…). Leur calvaire a commencé le 28 mai 2010 lorsqu’on leur a adressé une mise en demeure qu’on leur a forcé de signer de quitter leurs terres qu’elles occupent avant les indépendances dan un délai de 48h.

Selon Awa Sow, une habitante du site Rosso pk 7, au départ, on leur avait promis l’octroi de deux terrains sur le nouveau site du projet d’extension et de modernisation de la ville de Rosso. Visiblement dupée, chaque famille n’aura finalement qu’une parcelle de terre de 180 m2, très exigüe pour accueillir plus d’une famille. Elle confie aussi que le recensement a été bâclé et opère dans des conditions suspicieuses.

Face à cette situation qu’elles ont qualifiée d’injustice intolérable, l’optimisme de ces populations est vite retombé comme un soufflet. Ces terres, présentement investies par des Caterpillar de la société nationale Iskan, vont accueillir 10.OOO logements dans le cadre du projet d’extension et de modernisation de la ville de Rosso dont l’inauguration sera faite par le Président de la République d’ici quelques jours.

La nouvelle ville suscite déjà la convoitise de riches commerçants à qui on a octroyés des terrains déjà lotis et numérotés non loin du lieu où elles ont été recasées à côté de la centrale électrique de Rosso.

Tout tourne au ralenti et leur vie est bouleversée. Le projet d’appui à la réinsertion des rapatriés dans la région du Trarza par le gouvernement des Etats-Unis d’Amérique à travers son département d’Etat et le projet de lutte contre la désertification et la gestion durable des ressources naturelles du programme conjoint FAO/PAM/MDEDD sont du coup cloués au pilori.

Ici, les femmes préparent sous un soleil d aplomb. Et, avec ce projet d’extension et de modernisation de la ville de Rosso, la vie de ces populations est aujourd’hui semblable à un monde qui s effondre.

Pour le moment, elles ne savent à quel saint se vouer à part adresser une lettre à Mohamed Ould Abdel Aziz où elles lui rappellent son serment qu’il avait fait d’aider les pauvres.

Pour l’heure actuelle, l’ANAIR, les organisations de défense des droits de l’homme et la classe politique locale sont aux abonnés absents. Pendant ce temps là, les 42 familles du site Rosso de pk 7 qui ignorent les motifs de leur déguerpissement qui s’est déroulé dans un tohu-bohu indescriptible continuent à endurer une injustice qui a causé la folie d’une jeune femme dénommée Hawa Idy Ba. Triste !

Babacar Baye NDIAYE

A quelques jours de Bruxelles, la Coordination de l’Opposition Démocratique (COD) accentue la pression sur le pouvoir

A quelques jours de la rencontre fatidique de la rencontre de Bruxelles entre le Premier ministre Moulaye Ould Mohamed Laghdaf et les partenaires au développement de la Mauritanie, l’opposition accentue de plus en plus la pression sur le pouvoir de Mohamed Ould Abdel Aziz. Les partis de l’opposition regroupés autour de la Coordination Démocratique de l’Opposition (COD) viennent de dévoiler leur stratégie.

Elle consiste à élaborer un plan de manifestation non encore dévoilée avant la réunion de Bruxelles. Cette situation contraste bel et bien avec celle de la semaine passée où l’opposition, par l’entremise d’Ahmed Ould Daddah, avait favorablement accueilli la main tendue du pouvoir en vue d’un dialogue. Depuis les choses ont évolué en dents de scie du côté de l’opposition où fusent régulièrement des démentis catégoriques de la part des leaders de la Coordination de l’Opposition Démocratique qui nient avoir béni la proposition de dialogue tacitement exprimée par le pouvoir par l’entremise de l’ancien Premier ministre de Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi en l’occurrence Yahya Ahmed Ould Whagef.

Ainsi, tout laisse à indiquer que les dirigeants de l’opposition ne comptent pas rester les mains croisées ni demeurer spectateurs passifs devant cet important évènement que constitue la réunion du groupe consultatif pour la Mauritanie. D’ores et déjà, l’on suppute que ce rendez-vous représente un défi énorme pour l’actuel gouvernement de Moulaye Ould Mohamed Laghdaf. Cependant, il sonne également l’heure de vérité pour le Président de la République qui a tardivement pensé à al perche de salut qu’offre sa proposition de dialogue.

Pour l’heure, du côté de l’opposition, on est en train de réfléchir sur les voies et moyens pour troubler la quiétude et les assurances manifestes des autorités, comme ils envisagent d’attirer l’attention des bailleurs de fonds sur l’impasse politique persistante, en organisant 48h avant le jour J, des manifestations monstres à Nouakchott, Nouadhibou et Rosso. Ces nouveaux rebondissements qui risquent de monter d’un cran dans les prochains jours, s’expliqueraient sans doute par l’absence réelle de crédibilité dans la proposition du dialogue.

En effet, cette dernière n’a été faite qu’à deux semaines de la réunion de Bruxelles, alors qu’il s’agit de négociations politiques qui ont échoué presque une année durant, pour pouvoir être redressées par un quelconque coup de magicien. L’option de dialogue, réelle ou astucieuse, permet sans doute au pouvoir de rejouer une fois encore, l’un de ces numéros politiques qui lui réussissent bien, même si en définitive, ils se font sur le compte de l’intérêt général.

En effet, cette proposition de dialogue, faite au lendemain du séjour du chef de la diplomatie espagnole dans notre pays, permet au pouvoir de montrer une totale disposition à la concertation et d’annoncer- preuve à l’appui- à la table ronde de Bruxelles, que c’est la COD qui continue de refuser la main tendue. Avec sa prétendue complicité, dont certains profils ont été publiquement manifestés par Paris, la communauté internationale risque fort bien de mordre à l’appât, de combler de bonheur le gouvernement mauritanien, ou du moins à lui accorder encore des circonstances atténuantes. Dés lors qu’il en est tel, il est certain que ce n’est pas dans les prochains mois qu’on dira enfin « Adieu la crise !».

Ceci est d’autant plus vrai qu’un responsable de l’opposition a indiqué que les que les informations confirmant l’approbation de la COD à la proposition de dialogue du pouvoir sont dénuées de tout fondement. Dans ce sens, le responsable de la commission de communication au sein de la COD, le Dr Idoumou Ould Mohamed Lemine a indiqué aujourd’hui, l’inauthenticité des informations affirmant l’accord de l’opposition sur la proposition de dialogue faite par le pouvoir. Contacté à ce propos par nos confrères du site électronique Taqadoumy, Idoumou Ould Mohamed Lemine a dégagé en touche en précisant que les médias qui ont relayé l’information selon laquelle la COD est disponible au dialogue avec le pouvoir est vide de tout fondement.

Il a enfin précisé que la position de la COD sur la proposition du dialogue est bien connue de tous, ajoutant qu’elle a été clairement présentée à l’opinion publique, au cours d’une conférence de presse tenue pour cette occasion par son président en exercice et chef de file de l’opposition, Ahmed Ould Daddah.

Babacar Baye NDIAYE