vendredi 27 novembre 2009

Messaoud Ould Boulkheir : "Je m’engage à faire la guerre à ceux qui veulent semer le trouble au sein de l’APP et qui qu’il soit"


Messaoud Ould Boulkheir a montré qu’il est la seule constante au sein de l’Alliance Progressiste Populaire, qu’il reste et restera le chef incontesté voire incontournable de ce parti, le choix de la base des militants, l’incarnation des principes et objectifs du parti. Autant de faits qui l’ont fait sortir, en vrai patron de parti, de ses gonds pour mettre en garde ceux qui voudraient annihiler l’Alliance Populaire Progressiste.

Il en a fait la démonstration de force, à l’occasion des journées de réflexion du parti qui ont eu lieu du 24 au 26 décembre, à l’ancienne maison des jeunes de Nouakchott. Devant plus de 400 cadres, Messaoud Ould Boulkheir a voulu sonner la fin de la récréation au sein de son parti.

La fin de la récréation

«Nous n’accepterons [plus que] des idées telles que répandues par les semeurs de doute, les pêcheurs en eaux troubles qui, malheureusement, existent dans ce parti et qui n’ont jamais cessé de critiquer pour critiquer tout simplement parce qu’ils ne se voient pas au devant de la scène s’agissant de l’APP. Et, là, où ils ne se voient pas au devant de la scène, c’est le chaos et on mobilise les gens, on fait ces petits groupes de pressions à Nouakchott ou ailleurs. On essaie de semer le doute et la zizanie voulant être la grenouille qui veut se faire aussi grosse que le bœuf », a-t-il indiqué.

Pour Messaoud Ould Boulkheir, cette situation n’a que trop duré. Et, il n’y est pas allé avec le dos de la cuillère pour mettre en garde ceux qu’il nomme "les chasseurs de prestige", "les pêcheurs en eaux troubles", "les chasseurs de leadership"…soupçonnés de vouloir comploter contre l’APP et du coup de le fragiliser.

"J’ai tu beaucoup de contradictions. J’ai évité de parler de beaucoup de choses qui existent et qui sont là avec des preuves pensant bien faire, pensant sauvegarder l’unité du parti mais je crois que les gens ont interprété cela très mal", dit-il.

Et, d’ajouter sur un ton d’énervement : "Ils croient que c’est par supplice que je me suis tu ou que je n’ai pas voulu étaler au devant de la scène nos problèmes internes ou que je ne le pourrais pas. Je le peux parce que tout monde sait qu’en Mauritanie et ailleurs, Messaoud Ould Boulkheir n’a peur de rien !".
Dans ce discours, le pouvoir, à qui on prête l’intention de vouloir phagocyter l’Alliance Progressiste Populaire, (APP) est également indexé de manière déguisée.

"APP est l’un des partis qui dérangent le plus le pouvoir en place et donc les conspirations du pouvoir visent le parti.APP est vaccinée contre tout cela mais il n’en demeurerait pas moins qu’il était très utile de faire la mise au point, d’attirer l’attention des militants et de les mettre en garde contre les semeurs de trouble qui pourraient venir d’autres côtés pour essayer de déstabiliser le part", explique Ahmed Samba Ould Abdallahi, président du mouvement des Jeunes de l’APP.

"APP n’est pas le parti des Harratines ni d’El Hor"

Par rapport à cette question, Messaoud Ould Boulkheir s’est voulu être très clair et partant prendre le contrepied de ceux qui considèrent que l’Alliance Populaire Progressiste doit rester le parti des Harratines ou d’El Hor.

"Je dis haut et fort que ma patience a pris fin, a-t-il déclaré. Je n’ai plus de patience et je m’engage à faire la guerre à ceux qui veulent souiller notre parti, à ceux qui veulent semer le trouble dans ce parti et qui qu’il soit".

Ce discours de Messaoud Ould Boulkheir a surpris plus d’un. Et, selon Ladji Traoré, le secrétaire général du parti, l’Alliance Populaire Progressiste ne peut plus se permettre qu’El Hor constitue l’ossature qui doit diriger, comme le soutiennent certains membres fondateurs de ce mouvement, que les leaders naturels du parti soient issus de leur rang (El Hor, Ndlr). "C’est un point de vue dépassé maintenant dans notre parti", a-t-il assuré.

Aujourd’hui, plus que jamais, l’Alliance Populaire Progressiste l’a bien compris, qu’en réunissant le maximum de force, elle pourrait avoir la chance de devenir un parti majoritaire. Pour ce faire, elle devra se départir, comme l’a expliqué Ladji Traoré, de son particularisme ethnique, social et identitaire.

Babacar Baye Ndiaye

mardi 10 novembre 2009

DEMBA MARICO, coordinateur du projet ACCC/Mauritanie

«Une bonne partie de la ville de Nouakchott s’est développée dans une zone de dépression et quand les gens y construisent, il faut s’attendre à être inondé »

Jusqu’à une époque récente, on ne percevait pas encore les changements climatiques même si on a beaucoup écrit et sensibilisé les populations et notamment les décideurs politiques sur la problématique de ce phénomène mondial. Mais, «depuis cette année, ce qui est arrivé au moins, malheureusement, les gens l’ont appris à leurs dépens », déclare Demba Marico, coordinateur national du projet Adaptation au changement climatique du littoral et à ses dimensions humaines en Afrique de l’Ouest dans le cadre de la gestion intégrée du littoral (ACCC/Mauritanie), au cours d’une journée de formation et d’information du projet ACCC qui a eu lieu à Nouakchott ce 10 novembre.

« Cette situation, poursuit-t-il en faisant allusion aux récentes inondations et fortes tempêtes qu’a connu une certaine partie du monde, interpelle tout un chacun en particulier ceux qui habitent dans les zones de dépression sur la réalité des changements climatiques.»
Selon des prévisions, les changements climatiques vont s’accentuer davantage en se traduisant, entre autres, dans les années à venir, par une élévation du niveau de la mer, par une érosion côtière accrue, par des inondations, par la destruction de la mangrove…tout en jouant négativement et considérablement sur les ressources halieutiques et les écosystèmes sans parler des conséquences sociales et économiques.

Dans cette perspective, la Mauritanie est loin de tirer son épingle du jeu. « Il va de soi qu’on va être touché par l’élévation du niveau de la mer, par des inondations et des incursions marines. Mais également par de fortes tempêtes qui peuvent se produire en haute mer, par des précipitations importantes ou par des sécheresses qui peuvent être provoquées », explique Demba Marico.

Entre août et septembre 2009, Nouakchott a connu une pluviométrie assez importante. Du coup, dans certains quartiers comme El Mina, Sebkha, Socogim Ps, Ksar, Dar Naïm, Tévragh-Zéina, il y avait de l’eau partout. Et, à en croire Demba Marico, cette situation était prévisible. «Même sans les changements climatiques, il y a déjà un risque d’inondations de la ville de Nouakchott parce qu’une bonne partie de la ville s’est développée dans une zone de dépression qui est l’Aftout. Et, quand les gens y construisent, il faut s’attendre à être inondé », dit-il.

Toutes ces zones-là continuent à être habitées. Pourtant, en 2002, dans le schéma directeur d’aménagement urbain, il est dit que ces quartiers sont des zones dans lesquelles on ne devrait pas habiter ou construire.

«Malgré cela, les autorités ont continué à distribuer des terres, regrette-t-il. Les populations ont continué à s’y installer. Certains quartiers comme Basra, Socogim plage ou Las Palmas ont poussé récemment. C’est des zones qui, normalement, ne devraient pas être construites. A l’époque, ce n’était pas la problématique des changements climatiques mais c’était plutôt le problème lié à la salinité. Quand on construit dans ces zones-là, les bâtiments s’effondrent au bout de quelques années. »

Pour le coordinateur du projet ACCC/Mauritanie, il faut éviter de s’installer dans des zones. Et, pour ceux qui l’ont déjà fait, il recommande qu’on les déplace en les relogeant ailleurs puisque la nappe phréatique de ces zones est à fleur de sol. «Dans nos politiques de développement urbain, il faut mettre en place des techniques d’urbanisation qui font qu’on n’habite plus dans ces zones inondables. Et les populations et les autorités doivent comprendre que la meilleure façon de faire, c’est d’éviter de s’installer dans ces zones-là », préconise-t-il.

Ceci est d’autant plus vrai que dans les années à venir, il va y avoir des catastrophes beaucoup plus importantes selon certaines prévisions. Face à un déficit de moyens, de technicité et de ressources, les pays pauvres comme le nôtre qui souffrent également des problèmes d’assainissement doivent développer des stratégies d’adaptation et engager des politiques qui tiennent compte des changements climatiques à travers par exemple un programme de développement urbain approprié.

Babacar Baye NDIAYE