Selon la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discriminations à l’égard des femmes, les mutilations génitales féminines comme le mariage forcé et le mariage précoce, la polygamie, l’alimentation forcée, font partie des stéréotypes solidement ancrés en Mauritanie mais aussi une des règles, des coutumes et des traditions culturelles néfastes et fermement enracinées.
Une situation qui n’a pas manqué d’inquiéter le comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes durant sa trente-huitième session de mai-juin 2007. Déjà, à cette époque, des Ongs engagées dans la protection des filles et des femmes qui ont travaillé avec des théologiens lesquels ont confirmé que l’excision n’est pas une obligation religieuse s’insurgeaient contre cette pratique qu’elles considèrent comme étant discriminatoires à l’égard des femmes et constituent de graves obstacles à l’exercice de leurs droits.
"Il ne fait aucun doute que cette fatwa luttera de manière significative [contre les mutilations], dans la mesure où elle retire le masque religieux derrière lequel s'abritaient de telles pratiques. Mais nous avons besoin d'une campagne dans les médias destinée à faire connaître cette fatwa, l'expliquer et éclaircir sa signification religieuse et sociale", déclare Sheikh Ould Zein Imam, professeur de jurisprudence à l’Université de Nouakchott contacté par Magharebia.
Le 12 janvier dernier, sous l’impulsion du forum de la pensée islamique et du dialogue entre les cultures, une trentaine de leaders religieux ont émis une fatwa contre l’excision. Mais, faut-il le rappeler, une fatwa est un avis religieux qui a force d’orientation légale mais sans être lui-même une loi.
Ce n’est pas la première fois qu’on agit contre la pratique de l’excision. Ce n’est pas non plus la première fois que les mutilations génitales féminines sont déclarées néfastes et dangereuses pour la santé. Combien d’ateliers, de journées de réflexion et de campagne de sensibilisation a-t-on organisé autour de cette pratique ? Ce constat est aussi valable en ce qui concerne les recommandations.
Dans son rapport alternatif pour la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discriminations à l’égard des femmes publié en 2007, le Réseau des partenaires pour la promotion et la protection des droits humains en Mauritanie recommandait aux pouvoirs publics de prendre des mesures pour le suivi des cas saillants de complications pour une application effective de l’article 12 du Code de Protection Pénale de l’Enfance pour s’assurer de la poursuite des auteurs de l’acte, de favoriser l’accès des Ongs aux médias publics pour sensibiliser les communautés sur les pratiques néfastes à la santé de la femme et la petite fille, d’introduire dans les programmes scolaires la question de la lutte contre les différentes formes de pratiques néfastes, de protéger et soutenir les filles qui pourraient être obligées de subir cette pratique en les mettant sous tutelle d’une institution ou autorité officielle, d’adopter des mesures de prises en charge par l’Etat des cas extrêmes comme par exemple en cas de cicatrices chéloïdiennes, de boursouflures, de complications urinaires et autres effets nécessitant un suivi médical.
Faut-il voir dans cette fatwa une sollicitation du pouvoir pour délégitimer, au regard de la religion, cette pratique ? En Mauritanie, il n’existe pas des tribunaux devant lesquels des cas ont été présentés et jugés. Jusque-là, les pouvoirs publics se sont contentés, tout simplement, d’observer le silence radio sur cette pratique en préférant laisser le champ de l’action aux religieux et aux médecins de se prononcer par rapport à cette question taboue.
Dans ce cadre, les choses semblent s’accélérer puisque le dernier obstacle, la prononciation des religieux en défaveur de cette pratique, a été levé depuis ce 12 janvier. D’ailleurs, leur position ambivalente avait retardé la validation du projet de loi interdisant les mutilations génitales féminines.
Cette fatwa reconnue par le gouvernement aura certainement de l’influence sur l’abandon de la pratique de l’excision. Mais, pour les Ongs engagées dans la protection des filles et des femmes, lutter contre l’excision nécessite surtout de promulguer une loi interdisant la pratique de l’excision sous toutes ses formes d’une part et d’autre part faire appliquer les sanctions prévues dans le cadre du Code de Protection Pénale de l’Enfance même en dehors de préjudices.
Cette fatwa que beaucoup considèrent comme un progrès dans la lutte contre les mutilations génitales féminines va-t-elle avoir de l’influence sur les communautés qui la pratiquent qui sont les premières concernées ? Vont-elles accepter d’abdiquer une pratique qu’elles considèrent comme une pratique d’embellissement ? Cette fatwa pourra-t-elle accélérer l’abandon de la pratique de l’excision ? Au vu de la réalité de cette pratique, on peut dire qu’à ce propos, ce n’est pas encore demain la veille.
Babacar Baye NDIAYE
Une situation qui n’a pas manqué d’inquiéter le comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes durant sa trente-huitième session de mai-juin 2007. Déjà, à cette époque, des Ongs engagées dans la protection des filles et des femmes qui ont travaillé avec des théologiens lesquels ont confirmé que l’excision n’est pas une obligation religieuse s’insurgeaient contre cette pratique qu’elles considèrent comme étant discriminatoires à l’égard des femmes et constituent de graves obstacles à l’exercice de leurs droits.
"Il ne fait aucun doute que cette fatwa luttera de manière significative [contre les mutilations], dans la mesure où elle retire le masque religieux derrière lequel s'abritaient de telles pratiques. Mais nous avons besoin d'une campagne dans les médias destinée à faire connaître cette fatwa, l'expliquer et éclaircir sa signification religieuse et sociale", déclare Sheikh Ould Zein Imam, professeur de jurisprudence à l’Université de Nouakchott contacté par Magharebia.
Le 12 janvier dernier, sous l’impulsion du forum de la pensée islamique et du dialogue entre les cultures, une trentaine de leaders religieux ont émis une fatwa contre l’excision. Mais, faut-il le rappeler, une fatwa est un avis religieux qui a force d’orientation légale mais sans être lui-même une loi.
Ce n’est pas la première fois qu’on agit contre la pratique de l’excision. Ce n’est pas non plus la première fois que les mutilations génitales féminines sont déclarées néfastes et dangereuses pour la santé. Combien d’ateliers, de journées de réflexion et de campagne de sensibilisation a-t-on organisé autour de cette pratique ? Ce constat est aussi valable en ce qui concerne les recommandations.
Dans son rapport alternatif pour la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discriminations à l’égard des femmes publié en 2007, le Réseau des partenaires pour la promotion et la protection des droits humains en Mauritanie recommandait aux pouvoirs publics de prendre des mesures pour le suivi des cas saillants de complications pour une application effective de l’article 12 du Code de Protection Pénale de l’Enfance pour s’assurer de la poursuite des auteurs de l’acte, de favoriser l’accès des Ongs aux médias publics pour sensibiliser les communautés sur les pratiques néfastes à la santé de la femme et la petite fille, d’introduire dans les programmes scolaires la question de la lutte contre les différentes formes de pratiques néfastes, de protéger et soutenir les filles qui pourraient être obligées de subir cette pratique en les mettant sous tutelle d’une institution ou autorité officielle, d’adopter des mesures de prises en charge par l’Etat des cas extrêmes comme par exemple en cas de cicatrices chéloïdiennes, de boursouflures, de complications urinaires et autres effets nécessitant un suivi médical.
Faut-il voir dans cette fatwa une sollicitation du pouvoir pour délégitimer, au regard de la religion, cette pratique ? En Mauritanie, il n’existe pas des tribunaux devant lesquels des cas ont été présentés et jugés. Jusque-là, les pouvoirs publics se sont contentés, tout simplement, d’observer le silence radio sur cette pratique en préférant laisser le champ de l’action aux religieux et aux médecins de se prononcer par rapport à cette question taboue.
Dans ce cadre, les choses semblent s’accélérer puisque le dernier obstacle, la prononciation des religieux en défaveur de cette pratique, a été levé depuis ce 12 janvier. D’ailleurs, leur position ambivalente avait retardé la validation du projet de loi interdisant les mutilations génitales féminines.
Cette fatwa reconnue par le gouvernement aura certainement de l’influence sur l’abandon de la pratique de l’excision. Mais, pour les Ongs engagées dans la protection des filles et des femmes, lutter contre l’excision nécessite surtout de promulguer une loi interdisant la pratique de l’excision sous toutes ses formes d’une part et d’autre part faire appliquer les sanctions prévues dans le cadre du Code de Protection Pénale de l’Enfance même en dehors de préjudices.
Cette fatwa que beaucoup considèrent comme un progrès dans la lutte contre les mutilations génitales féminines va-t-elle avoir de l’influence sur les communautés qui la pratiquent qui sont les premières concernées ? Vont-elles accepter d’abdiquer une pratique qu’elles considèrent comme une pratique d’embellissement ? Cette fatwa pourra-t-elle accélérer l’abandon de la pratique de l’excision ? Au vu de la réalité de cette pratique, on peut dire qu’à ce propos, ce n’est pas encore demain la veille.
Babacar Baye NDIAYE
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