lundi 28 septembre 2009

Club Nouakchott Khaïma: La Rose des Sables remet la charte officielle du Lions club à son nouveau club filleul



La cérémonie de remise de cette charte a eu lieu ce vendredi 25 septembre au restaurant Salamandre. Le parrain du nouveau club Nouakchott Khaïma est le Lions club Nouakchott la Rose des Sables. Reportage.
Avant les exécutions de l’hymne national et de celui du Lions MD 403, une minute de silence a été observée en mémoire à tous les disparus des Lions club de Nouakchott et notamment la mère du Lions Babacar Fall. S’ensuit un discours de bienvenue du président du Lions club Nouakchott la Rose des Sables dirigée par Mariam Chérif. Elle en a profité pour rappeler le programme de son club qui consiste à porter assistance à la mère et à l’enfant mais également à participer à la lutte contre la cécité, le diabète, la lèpre, le paludisme, la tuberculose et le Sida.
«Dans notre souci d’aider le plus possible les populations les plus démunies, nous avons essayé d’agrandir la famille lions en créant le Léo Club Palmier avec le Club Caravane, a-t-elle rappelé dans son discours. Nous avons aussi essayé d’étendre notre association aux autres régions et avons participé à la création du club les piroguiers à Rosso. Malheureusement, ce club n’a pas survécu ; les membres qui le composaient n’ayant pas tout à fait compris les buts de notre association.»
Pour éviter cette malheureuse expérience, Mariam Chérif a appelé les nouveaux membres du Club Nouakchott Khaïma à honorer et à respecter les principes de l’Association Lions Club International. «Ne perdez pas de vue que vous appartenez à une zone qui comprend trois clubs. Vous êtes le quatrième. C’est le nouveau venu qui participera à renforcer la cohésion et l’amitié qui règne au sein de la cité», a-t-elle conclu.
Son discours sera suivi par la présentation des Lions club Nouakchott Khaïma, la remise de la charte officielle par l’Immédiat Past Président du Conseil des Gouverneurs Ba Samba Diom, l’intronisation des membres, des Présidents des commissions. «C’est pour moi un immense plaisir de remettre cette charte au nom du gouverneur Seydou Diakité», a-t-il déclaré en signe de satisfaction.
«Cette charte que vous avez reçue, loin d’être un point d’arrivée ou un objectif en soi, doit plus positivement être regardée comme le point de départ vers de nouveaux défis, certes plus exigeants mais combien exaltants et autrement plus nobles», a-t-il expliqué.
Le président du conseil des gouverneurs a ensuite brossé les multiples défis qui attendent les membres du nouveau club filleul de la Rose des Sables, Nouakchott Khaïma. «Le premier et constant défi auquel vous serez confrontés et que vous ne manquerez certainement pas de relever, c’est assurément celui de l’engagement et du service. Le second défi non moins important est celui de l’organisation et de l’amélioration du fonctionnement administratif des clubs sans lesquels il n’est pas d’action ni de Lionisme viables et efficaces. Le troisième et dernier défi, c’est celui de l’information et de la formation», a-t-il énuméré.
Pour que les membres du nouveau club Khaïma ne soient pas «livrés à eux-mêmes dès leur intronisation, littéralement sevrés d’information, sans la formation ni l’encadrement nécessaire à l’accomplissement de leurs premiers pas dans le Lionisme et indispensables à la consolidation de leur jeune engagement», Ba Samba Diom estime que la fonction d’information et de formation doit être une priorité pour éviter les «découragements», les «abandons» et les «démissions» qui frappent souvent les clubs lions de Nouakchott.
Avec la remise de cette charte, les membres du nouveau club Nouakchott Khaïma officialise leur appartenance à la famille internationale du Lionisme qui compte presque 1,35 millions de membres oeuvrant dans plus de 44.000 Lions clubs qui rendent service dans plus de 200 nations et aires géographiques à travers le monde, travaillant tous ensemble dans l’esprit de «Nous servons».
Un écusson spécial a été ensuite remis au président du nouveau club Nouakchott Khaïma par la Rose des Sables pour témoigner du succès avec lequel il a parrainé ce club et leur rappeler leurs obligations envers eux-mêmes. Ce nouveau club est composé d’une vingtaine de membres. Seydina Bathily en fait partie. Ce directeur commercial à l’hôtel Halima sait déjà ce qui l’attend dans sa nouvelle fonction de Lions. «On a pris un engagement envers nos guides Lions et à nos parrains pour pouvoir subvenir aux besoins de la population. Le Lionisme est un mouvement qui est là pour servir. Nos anciens se sont donnés à fond. Nous, aussi, les jeunes, qui venons de s’engager, nous allons prouver que nous digne d’appartenir à la famille du Lionisme. C’est un réel plaisir pour nous de s’engager et nous espérons bien que ce club parviendra aussi à faire ce que les anciens ont fait», a-t-il soutenu.

Babacar Baye Ndiaye

Communauté Urbaine de Nouakchott: Deux ans après son arrivée, peut-on parler de mission difficile pour Ahmed Hamza ?



C’est devenu presqu’un rituel. Depuis, son élection à la tête de la Communauté Urbaine de Nouakchott (CUN), il organise, tous les ans, au mois de septembre, une conférence de presse pour défendre son bilan. Entouré de son premier vice-président M. Abderrahmane Ould Mohamed (APP), de sa troisième vice-présidente Mme Hawa Adama Diallo (UFP) et de son conseiller juridique Dr El Ide Diarra, Ahmed Hamza, le maire des maires de Nouakchott, a fait le tour des problèmes de la ville de Nouakchott, des communes qui composent la CUN et mis les points sur les i en ce qui concerne la gestion du quotidien des nouakchottois.

Les idées ne lui ont jamais fait défaut. Les projets non plus. Le président de la CUN a toujours clamé sa détermination à en découdre avec la «pagaille monumentale» qui fait office dans la capitale. Hargneux et persévérant, il a toujours cru qu’il pouvait changer en un clin d’œil Nouakchott et ses habitants. Croyant bien faire, il trimait et descendait à des heures poussées. Même malade, il retroussait toujours ses manches. Il tournait dans tous les sens, allait par-ci, se rendait par-là pour donner des signaux forts de ce que sera son mandat tout en faisant preuve de courage et d’abnégation.
Il inaugurait ainsi une nouvelle forme de rapprochement avec ses citoyens. Dès le lendemain de sa prise de fonction, il prône une «gestion rigoureuse» des ressources de la CUN. En bon chef, il montre l’exemple tout en restant cassant. «L’électricité est coupée, je suis là, dans mon bureau, je transpire et je travaille comme un nègre de service», se glorifie-t-il.
Il ne tergiverse pas à critiquer ses collaborateurs pour leur manque de travail et de dynamisme. Il leur impose un rythme de travail et s’impose la transparence et l’honnêteté. «Je n’ai jamais donné à quelqu’un un marché, se défend-il. Et, je défends quiconque de me prouver le contraire. »
Ses prises de bec lui ont valu d’ailleurs d’être écarté dans le démolissement des «blocs manivelles» de la capitale. Aussi, depuis son arrivée, la CUN n’est plus un souk. L’ordre y règne. Il refuse de se plier comme un roseau. Lorsque par exemple la Banque Mondiale lui propose de procéder à un dégraissage de son personnel, il y opposa un niet catégorique en évoquant des raisons sociales montrant ainsi qu’on ne pouvait pas le défléchir.
Fidèle à son slogan de campagne pour les élections municipales et législatives de 2006 «Hamza pour tous», il surmonte les préjugés raciaux et promeut la politique du mérite au sein de la CUN. Son arrivée va sonner le glas du laisser-aller et du favoritisme. Il semble ne pas danser avec ses adversaires politiques ou de son propre camp sur le même son de cloche. Parfois même, il en a ras-le-bol. Mais, il assume car il a compris que gouverner est un métier ingrat notamment au pays de Moktar Ould Daddah. «Je plains ceux qui veulent gouverner la Mauritanie», déclare-t-il.
Une année. Deux ans. Bientôt trois ans…Les choses semblent ne pas évoluer d’un iota. Nouakchott n’a pas grandement changé. Aujourd’hui, sans regimber, il a compris qu’il lui était très difficile voire impossible de mettre fin à «40 ans de mauvaise gestion et de panne d’idées», comme il le fustige. «Je suis moi-même déçu et pour la ville de Nouakchott que j’aime beaucoup et pour moi-même», confesse-t-il au début de sa conférence de presse du 23 septembre dernier. «Je ne pensais pas que c’était aussi catastrophique que ça!», poursuit-il.
Plus qu’un aveu d’impuissance, ces propos de Ahmed Hamza dérobent une remise en cause d’une gestion antérieure de la Communauté Urbaine de Nouakchott.
«Quelque part, je n’avais pas compris le système de la ville de Nouakchott. Je pensais que c’était comme toutes les villes du monde où il y a le maire et les maires d’arrondissement. Il s’est avéré que je me suis trompé. Nouakchott est découpé autrement. Il y a neuf communes avec neuf maires et un budget autonome, une gestion autonome et un conseil municipal autonome», fait-il observer pour dégager toute sa responsabilité dans tout ce qui se passe dans les autres communes et rappeler par ailleurs qu’il est tout simplement le président de la CUN. «J’aurai souhaité être le maire de Nouakchott. Là, je réponds aux problèmes de tout Nouakchott. Malheureusement, je ne le suis pas. Et ça, il faut le comprendre. Je suis le président de la CUN. Allez savoir ce que c’est. Même moi, je ne sais pas encore. Tout me concerne et dans la pratique rien ne me concerne», explique-t-il.
Avec un budget de plus d’un milliard d’UM, c’est à peine que la CUN parvienne à financer ses projets de développement. Espace de solidarité et de coordination, la CUN permet aux communes membres d’élaborer et de conduire ensemble des projets de développement. Dans ce sens, Ahmed Hamza a révélé que son institution a pu négocier avec l’Agence Française de Développement un montant de deux millions d’euro versés à ces mêmes communes. Actuellement, la CUN est engagée avec l’appui de certains partenaires comme la Banque Mondiale, Ile de France, la ville de Lausanne, le Gret, l’Union Européenne, à construire des routes dans les 9 communes de Nouakchott, un marché de bétail, à procéder à l’éclairage solaire de certains quartiers de Nouakchott, à aménager des parking pour les transports urbains, à approvisionner en eau certains quartiers populaires de Nouakchott. «Il n’y a pas eu un sou de l’Etat», s’indigne-t-il.
Deux ans et demi après son arrivée à la CUN, Ahmed Hamza refuse qu’on parle de mission impossible pour lui. Il continue à afficher sa bonne détermination et à soutenir mordicus que son bilan est positif. «Les projets existent mais c’est les autorités qui ne suivent pas», se défend-il en exhibant des piles de dossiers où sont contenus ses innombrables projets pour la ville de Nouakchott tout en demandant plus de compétences dans l’exercice de ses fonctions. «Soit l’Etat nous les donne ou nous retire nos compétences», lance-t-il. Du Hamza pur jus !

Babacar Baye Ndiaye

Décentralisation: Le sermon des associations des pouvoirs locaux aux pouvoirs centraux



En Afrique, les pouvoirs locaux sont faiblement dotés de moyens. Tout est concentré entre les mains des pouvoirs centraux. Pour inverser la tendance, une nouvelle méthode de gestion du quotidien des citoyens est proposée : il s’agit de la décentralisation. Et, si l’on en croit les associations des pouvoirs locaux de l’Afrique de l’Ouest et du centre membres du conseil d’administration du Partenariat pour le Développement Municipal (CA/PDM) réunies à Nouakchott le 16 septembre 2009, à l’occasion de leur assemblée générale, la décentralisation constitue la voie appropriée pour développer le continent et le sortir de sa pauvreté.
Comme l’a souligné le ministre de l’Intérieur et de la Décentralisation M. Mohamed Ould Boïlil, cette assemblée générale ordinaire «se tient dans un contexte tout particulier marqué par la recherche tous azimuts d’une voie appropriée pour le développement de l’Afrique ». Pour lui, l’option de la décentralisation semble être le meilleur outil pour le développement harmonieux de l’Afrique. A titre d’exemple, il a cité la Mauritanie qui s’est engagée depuis plus de deux décennies dans un processus de décentralisation fondé sur la mise en place de pouvoirs locaux.
En Afrique, pour donner une impulsion à la décentralisation, le Partenariat pour le Développement Municipal est créé pour jouer un rôle primordial dans al promotion du développement local. «En dépit des difficultés conjoncturelles, le PDM se porte bien », a tenté de rassuré Birame Owens Ndiaye secrétaire exécutif de cette structure.
Toutefois, certains comme Ahmed Hamza n’ont pas manqué de relever quelques griefs contre le Partenariat pour le Développement Municipal. «L’association des Maires de Mauritanie a en effet l’impression d’être le parent pauvre du PDM. Pourtant, elle veille maintenant, contrairement à un passé récent, à s’acquitter totalement et aux dates prévues, de toutes ses obligations financières de notre organisation», a-t-il souligné.
Il a profité de cette occasion pour demander au PDM à concevoir et à exécuter des programmes et des actions dont l’impact s’étendra à toutes les associations membres. «Je fonde la même foi en notre organisation, le PDM, et en sa capacité à contribuer à la promotion de collectivités locales démocratiques, bien gérées et dédiées à l’amélioration des conditions de vie des populations», conclut-il.
Quant à M. Simon Compaoré, le président du conseil d’administration du Partenariat pour le Développement, par ailleurs président de l’association des maires de Burkina Faso, a brossé à grands traits le bilan de son mandat. «Ce mandat a démarré dans un contexte où notre organisation était confrontée à d’énormes défis», précise-t-il.
Parmi ces défis, on peut citer celui de la restructuration, celui de l’obligation de poursuivre leur mission au service des collectivités locales. «Les problèmes financiers sont venus se greffer à nos efforts de réorganisation avec les déficits apparus dans al gestion 2007. La gestion de ce risque financier devenait ainsi un impératif pour la sauvegarde de la pérennité financière de l’organisation», révèle-t-il.
M. Simon Compaoré s’est également appesanti sur les avancées notoires de son organisation dans les domaines du renforcement des capacités managériales des associations nationales de pouvoirs locaux et des collectivités locales appuyées dans leur politique et stratégie dans le domaine de l’eau et de l’assainissement, de l’aménagement urbain, de la gestion des transports, de leurs actions de développement territorial.
A cet effet, un observatoire de la décentralisation a été mis en place pour procéder à la notation des pays afin de donner une idée sur les pays qui font des progrès dans le domaine de la décentralisation.

Babacar Baye Ndiaye

jeudi 24 septembre 2009

Problèmes de terre, esclavage, népotisme… : Les réalités du Guidimakha racontées par Bilali Traoré

IdjaameNews_Bilali Traoré, la soixantaine, est un cultivateur qui s’habille à la manière mauritanienne, boubou ample et large, coiffé d’une chéchia grise marron, chapelet à la main, signe d’une foi inébranlable. A première vue, il ressemble plutôt à un notable du quartier. Que nenni ! Son apparence trompe à plus d’un titre. Comme tous les Traoré qui sont des descendants d’esclave, il n’a pas droit à un terrain. C’est un opprimé comme tant d’autres mauritaniens de sa génération qui ne peuvent rien escompter de leurs autorités.
Il a été injustement dépossédé de son terrain par la force au seul motif qu’il est descendant d’esclave. Pour lui, ses maîtres sont au-dessus de la loi, des intouchables voire des hors-la-loi. Lorsqu’ils parlent d’eux, il ne mâche pas ses mots : "C’est des inhumains", dit-il. En effet, le cas de Bilali Traoré n’est qu’une infime partie de la réalité. Dans le monde du travail, dans les relations entre maîtres et esclaves, entre employeurs et employés, une exploitation immonde quelques fois même sans qualification y fait office de bonne figure. Et, pour lui, le pire est à venir si on continue à favoriser les maîtres esclaves qui oppriment et exploitent comme bon leur semble leurs sujets sur qui ils exercent un droit de vie et de mort comme sous Louis XIV. Sa voix condense au fond de son âme des années de répugnance.
Au Guidimakha qui l’a vu naître et grandir, il y a deux sortes de gens : ceux qui ont eu la baraka d’appartenir à une famille de noble (maîtres esclaves) et ceux qui sont descendants d’esclaves comme lui qui traîne avec lui des années d’analphabétisme criard.
"Les bêtes de somme sont mieux traitées que nous", déplore-t-il. Et pas uniquement. On les fait travailler sans répit dans les champs. Là aussi, ils n’ont droit qu’à une partie de leur récolte. Ainsi, leur vie se résume à nourrir leurs maîtres esclavagistes. "Et, quand ils savent que tu as une très bonne terre très fructueuse et qui te fais de très bons rendements, ils te l’arrachent sans vergogne", révèle-t-il.
Pourtant, l’esclavage a été criminalisé par une loi votée à l’unanimité par l’Assemblée Nationale le 8 août 2007, sous Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi qui s’était engagé, on s’en souvient durant sa campagne électorale, à lutter contre cette pratique aux contours mal définis. Les maîtres esclavagistes, eux, n’en ont cure puisqu’"ils sont en train de régler leurs comptes à leurs anciens esclaves", explique-t-il.
Les familles esclavagistes sont légion au Guidimakha. Et, une fois qu’ils se libèrent du joug de leurs maîtres esclavagistes, ces derniers créent des problèmes autour des parcelles de terrain qu’ils ont dûment acquis. "Ils veulent se venger. Ils sont contre les juridictions. Ils n’ont qu’une seule idée à l’esprit : nous déposséder de nos terres", persiste Bilali Traoré.
Pour autant, il ne manque pas de griefs contre l’Etat mauritanien. Il reste convaincu que si les pouvoirs publics appliquaient la loi, il n’y aurait pas ce genre de problèmes. "Si l’Etat est engagé à mettre fin à de telles pratiques, il doit punir leurs auteurs. Il doit régler ce problème des terres, cette partie de l’esclavage qui consiste à déposséder les gens de leurs terres", dit-il au bout des lèvres.
En un mot comme en mille, Bilali Traoré ne digère pas aussi le laxisme observé par les autorités locales dans ce genre de dossier à forte teneur explosive. Et, surtout, ne vous aventurez pas à vouloir lui arracher son sentiment sur la justice mauritanienne. "C’est une coquille vide, répond-il comme piqué au vif. C’est un instrument au service des maîtres esclavagistes et des riches du pays. Pas d’autre !"
Au Guidimakha, dit-il, tout celui qui n’est pas descendant d’un Cissé, Camara ou forgeron n’a pas droit à un terrain. "Les autres n’ont pas droit à une motte de terre. Même, après l’accouchement de votre femme, ce sont les Camara ou les Cissé qui viennent baptiser votre propre enfant", ironise-t-il. Il poursuit plus volubile cette fois-ci : "Quand j’entends parler de la démocratie en Mauritanie, ça me fait rire. On ne peut pas parler de démocratie en occultant ce qui se passe actuellement au Guidimakha et qui est très préoccupant et très louche".
Le Guidimakha est composé d’une quarantaine de villages. C’est la région la plus fertile de la Mauritanie. C’est un territoire qui manque terriblement d’infrastructures. Ici, on continue à vivre à l’état moyenâgeux.
Pour Bilali Traoré, l’histoire semble se renouveler. Après lui avoir arraché ses femmes par la force, ses maîtres lui ont arraché à nouveau sa terre.

Babacar Baye Ndiaye

dimanche 6 septembre 2009

Loisirs-Privée de son droit à des perspectives : La jeunesse de Teyarett se décharge sur ses élus locaux



idjaameNews_Visiblement, les élus locaux de la Moughataa de Teyarett ne semblent pas s’intéresser aux préoccupations de sa jeunesse. Les jeunes de ce département de Nouakchott semblent en avoir ras-le-bol de la situation sociale et culturelle que vit leur localité. Laissés-pour-compte, ils ont voulu rappeler à leurs autorités locales leur devoir et exigence vis-à-vis de sa jeunesse en mal d’appui.
Amadou Gacko est un jeune disc jockey qui vient à peine d’entamer sa carrière. Il en est à sa troisième année de dijaying. A travers lui, il porte la voix de toute la jeunesse de la moughataa de Teyarett. "J’ai décidé d’être leur voix", dit-il. Et pour cause. Rien ne va à la moughataa de Teyarett. Privés de son droit à des perspectives, désespérés et sans avenir, les jeunes de cette moughataa aux abois se sont déchargés sur leurs élus locaux.
En plus de cela, Teyarett est une moughataa qui souffre énormément du manque d’infrastructures tant du point de vue artistique, culturel que sur le plan des loisirs. "Au niveau de Teyarett, tout est en rade. La jeunesse est étouffée", s’indigne Amadou Gacko.
Cette jeunesse n’est pas à l’abri non plus des sauts d’humeur de la police locale.
"Même pour avoir une autorisation au niveau de la police, il faut décaisser plus de 10.000 UM pour espérer tenir un concert. A minuit, ils pointent le nez pour nous signifier de plier bagages", renseigne-t-il.
Chose curieuse, une moughataa comme Teyarett ne dispose même pas d’une salle de spectacles. "On a juste un enclos et rien d’autre", dit-il. "A Teyarett, on n’a pas mal de talents cachés. Mais, on ne nous a jamais donnés l’opportunité de nous exprimer", poursuit-il en pointant du doigt les autorités locales qui s’intéressent à tout sauf à leurs préoccupations. "On a que notre micro pour nous exprimer, explique Amadou Gacko. Et, personne ne nous entend dans notre coin".
Les structures d’appui aux jeunes sont inexistantes dans la moughataa de Teyarett. Et, pour donner un semblant de vie à leur localité, les jeunes par l’intermédiaire de l’Association Mauritanienne des Jeunes Solidaires organisent, sous leurs propres frais, des tournois de foot, des journées de sensibilisation sur les maladies sexuellement transmissibles et des activités culturelles.
A chaque campagne électorale, on fait miroiter la jeunesse ou on lui fait la fête alors que ses problèmes d’existence sont mis au frigo. Et, pourtant, on continue à séduire la jeunesse à coup de concerts gratuits.
L’envie et la volonté sont bien là. Mais hélas les moyens font cruellement défaut. Et, tout ce que cette jeunesse demande en contrepartie comme elle est en droit de l’espérer de ses élus locaux, c’est d’être soutenue dans ses initiatives et rien d’autre. "On a fait aménager un boulodrome pour les vieux alors que nous, la jeunesse, n’avons rien bénéficié de la part de nos élus locaux qui passent le plus clair de leur temps à fouetter d’autres chats", explique Amadou Gacko, écœuré.

Babacar Baye Ndiaye

Nouakchott-Promotion des droits des femmes:Pk 3 accueille le projet de renforcement des capacités féminines

idjaameNews_Le constat est désarmant voire incompréhensible et intolérable. Beaucoup de nos femmes, en raison de leur analphabétisme ou de leur illettrisme, méconnaissent viscéralement leurs droits les plus élémentaires. C’est dans ce cadre qu’est né le projet de promotion des droits de la femme et de renforcement des capacités des associations féminines à Nouakchott.
Dans les groupes cibles du projet, il y a les associations féminines. C’est ainsi que les locaux de l’Association Entraide Sociale (AES) ont été choisis par l’Association des Femmes Chefs de Famille (AFCF) pour abriter une journée de sensibilisation sur la promotion des droits de la femme et de renforcement des capacités des associations féminines dans la ville de Nouakchott.
Plus d’une centaine de femmes de la localité de Pk 3 ont bénéficié de ce projet financé par l’Union Européenne à travers le Programme d’Appui à la Société Civile et à la Bonne Gouvernance (PASOC) avec un montant de plus de 8 millions d’ouguiyas. Le choix de cette association n’est pas fortuit. En effet, cette association créée en 2003 et présidée par Mah Mint Younouss intervient dans le domaine de la lutte contre la déperdition scolaire des jeunes filles, les mutilations génitales féminines et les violences en milieu scolaire.
Au cours de cette journée de sensibilisation qui a eu lieu ce 1ier août au Pk3, les débats ont tourné autour de la nécessité d’améliorer la situation des femmes en adaptant les lois et les textes qui régissent leur environnement à leurs conditions d’existence et de vie notamment dans le domaine du mariage, du divorce, de l’égalité des droits…
Elles ont dénoncé en outre certains stéréotypes qu’on colle souvent au sexe féminin du genre : "Tu n’es bonne qu’à faire la cuisine","Tu perds ton temps", "La place de la femme est au foyer"…
Dans le domaine de la déperdition scolaire des jeunes filles, cette association a d’ailleurs dans ce sens adressé un plaidoyer auprès des écoles pour qu’elles acceptent le retour de ces jeunes filles à l’école. Elle prend aussi en charge leur dossier qu’elle va suivre de près.
En ce qui concerne les violences en milieu scolaire, cette association travaille en relation avec les établissements scolaires de la moughataa de Riadh d’où dépend Pk3. "Notre intervention se limite jusqu’à présent au Pk3 parce que nous n’avons pas les moyens de faire les déplacements", explique Mah Mint Younouss.
A cela s’ajoutent des difficultés économiques pour appuyer ou distribuer des matériels didactiques et pédagogiques. Ni soutenue encore moins subventionnée, cette association se retrouve confrontée à de sérieuses difficultés. "Nous sommes presque en milieu rural", explique Mah Mint Younouss.
Le troisième volet d’intervention de cette association concerne les mutilations génitales féminines. Dans ce cadre, plus d’une centaine de personnes relais, en partenariat avec le Fonds Luthérien Mondial, ont été formées pour vulgariser, à leur tour, les populations sur les méfaits d’une telle pratique et notamment auprès des accoucheuses traditionnelles et des exciseuses.
Dans ce sens, l’association a adressé un plaidoyer au ministère de la promotion féminine. Dans ce plaidoyer, il est demandé l’intégration des Mutilations Génitales Féminines dans les programmes scolaires comme on l’a fait avec les Infections Sexuellement Transmissibles. Il faut noter que l’Association Entraide Sociale organise régulièrement au profit des enseignants des sessions de sensibilisation sur les MGF.

Babacar Baye Ndiaye

samedi 5 septembre 2009

Egalité, émancipation, violences… : Les véritables problèmes de la femme mauritanienne mis au frigo!



idjaameNews-Les violences à l’égard des femmes ont la vie dure en Mauritanie. Les associations qui militent pour l’éradication d’un tel phénomène qui prend de l’ampleur en raison de l’absence d’un cadre répressif butent souvent sur le manque de collaboration de la part de la police et de la justice. Aussi, les victimes ne leur facilitent pas souvent la tâche pour démasquer les coupables.
"Rares sont les femmes qui acceptent de porter plainte, résume Aminétou Mint El Moctar la présidente de l’Association des Femmes Chefs de Famille (Afcf). On fait un travail énorme pour amener ces femmes-là à porter plainte".
Cela ne se fait pas non sans difficultés. Car, les victimes qui ont besoin de l’accompagnement, ne sont pas souvent habituées à se retrouver devant la police ou devant une autorité judiciaire. Et, la victime se retrouve ainsi entre l’enclume de la police et le marteau de la justice. Dans de pareilles circonstances, on considère que c’est la femme qui est seule coupable.
"Au lieu d’être victime, c’est elle qui est incriminée devant la police", renseigne Aminétou Mint El Moctar qui n’a pas manqué d’attaquer les cadis toujours prompts à culpabiliser eux aussi la femme mauritanienne. "Là aussi, la femme, on ne lui demande pas son avis. Au lieu de lui rendre justice, le cadi va l’incriminer. D’ailleurs, elle n’obtient jamais gain de cause. C’est rare que la femme trouve justice. Ce qui fait qu’une femme battue à mort, tu viens auprès d’elle et tu lui dis de porter plainte, elle dit que non parce que cela signifierait braver l’autorité parentale, la société, les coutumes, les traditions, l’environnement familial, l’autorité du père, du frère, du mari, de la tribu", explique-t-elle.
La femme mauritanienne a toujours été responsabilisée de ce qu’elle n’a jamais fait. Et, pour celles qui osent porter plainte, elles sont aussitôt vouées aux gémonies, incriminées et en plus vomies par la société. Un autre lourd fardeau qu’elle porte cette fois-ci mais vis-à-vis de la société ! Comment sortir de ce canevas et que faire quand on n’arrive pas à juguler les violences à l’égard des femmes ?
"Certainement, il faut une loi interdisant et criminalisant les violences faites aux femmes. Cette loi devra tenir en compte dans ses différents articles les différentes violences et les peines appropriées à chaque violence", préconise-t-elle.
Dans cette optique, des ateliers ont été organisés par l’Afcf dans le but de ressortir les différentes violences, leurs origines et leur impact dans la société pour aboutir à un projet de loi qui sera soumis aux autorités compétentes.
Du développement économique à la participation politique en passant par la promotion des droits humains, personne ne doute de l’apport de la femme mauritanienne dans ces différents domaines.
Mais, à en croire Aminétou Mint El Moctar,"c’est un combat vide", insiste-t-elle.
La raison ? "Parce qu’il n’y a pas un cadre juridique qui permet à la femme aujourd’hui de faire ce combat pour améliorer sa situation. Toutes les lois que nous avons en Mauritanie sont des lois qui incriminent et discriminent la femme", explique-t-elle.
Pour la présidente de l’Afcf, améliorer la situation de la femme suppose d’abord qu’on réforme le code pénal mauritanien colmaté de toutes pièces à partir du droit français et de la charia codifiée. Ce qu’elle déplore en outre, c’est leur manque d’application. A cela s’ajoutent les insuffisances du Code du Statut Personnel qui a été récemment mis en place.
"C’est vrai que c’est une évolution par rapport à la situation de la femme mauritanienne, reconnaît-elle toutefois. Ce code qui est mieux que rien est vraiment aberrant vis-à-vis de la femme. De son article premier à son article dernier, il est discriminatoire".
Ces discriminations dont elle fait allusion concernent le mariage, le divorce, la charge des enfants, l’héritage, la polygamie, le tutorat, la gestion des biens, du ménage…
Dans ce sens, une campagne de sensibilisation a été lancée, au mois de mars 2009, sur la levée des réserves relatives à l’article 16 de la Convention sur l’Elimination de toutes les formes de Discriminations à l’Egard des Femmes (CEDEF), sur l’amélioration du Code du Statut Personnel. "Jusqu’ici, nous avons réussi à toucher plus de 4.000 femmes, révèle Aminétou Mint El Moctar. Notre objectif, c’est de toucher à la fin de l’année 2009 plus de vingt à trente mille femmes".
Sous Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi, l’Afcf avait initié un plaidoyer adressé au gouvernement de Yayha Ahmed Ould Waghef pour la précision de cette réserve qui portait sur l’article 16 de la Convention sur l’Elimination de toutes les formes de Discriminations à l’Egard des Femmes (CEDEF) et qui donne à la femme la possibilité de divorcer quand elle le souhaite.
"Il y a plus de discriminations, de problèmes, de violations des droits des femmes qui sont plus importants et plus actuels", rappelle Aminétou Mint El Moctar qui a révélé que la discrimination la plus flagrante dans le domaine du travail est l’impossibilité pour la femme de bénéficier de son droit à la pension. "Si la femme décède, les ayants droit n’ont pas droit à la pension. Alors que l’homme, quand il décède, ses ayants droit ont immédiatement droit à la pension", s’insurge-t-elle.
Nous sommes dans un pays où les mariages précoces font rage et la femme quand elle est veuve (imaginez qu’elle le devienne à l’âge de 25 ans !), elle n’a pas le droit de toucher sa pension avant l’âge de 50 ans. Quid du taux de divorce ? Incontestablement, dans les ménages mauritaniens, la femme joue un rôle très considérable dans l’accumulation des biens. "Au moment du divorce, elle se retrouve sans rien du tout. C’est l’homme qui s’accapare de tout alors que même peut-être c’est ses biens à elle", dit-elle.
Aminétou Mint El Moctar a battu en brèche certaines opinions qui ont souvent tendance à dire que tout ce qui met la femme à l’aise et qui combat les discriminations est contre la morale ou la charia.
"Nos savants religieux ne cherchent pas à s’améliorer, regrette-t-elle. Ils se satisfont uniquement de ce qu’ils ont déjà appris. Par rapport aux autres religieux de la terre, ils sont vraiment en arrière. Ils n’aspirent pas au changement et veulent nous imposer leur vision des choses. L’Islam est venu pour libérer l’humanité et non enchaîner une partie".
Pour Aminétou Mint El Moctar donc et comme pour d’autres, on ne peut pas continuer à dire que tous ceux qui cherchent la liberté, l’égalité ou qui cherchent à travailler, à éliminer la pauvreté, l’ignorance, l’esclavage qui est une pratique inhumaine et dégradante pour l’être humain sont contre l’Islam.

Babacar Baye Ndiaye