samedi 29 mai 2010

Discrimination positive prônée par le PM : «C’est une tromperie», aux yeux de Birame Ould Dah

S’il y a quelqu’un qui ne croit guère à la discrimination positive prônée par le Premier ministre Moulaye Ould Mohamed Laghdaf lors de sa déclaration de politique générale du 6 janvier 2010 devant les députés de l’Assemblée Nationale, c’est bien Birame Ould Dah Ould Abeid, président de l’Initiative de Résurgence du Mouvement Abolitionniste (IRA-Mauritanie).

Au cours d’une conférence de presse tenue lundi matin, il a laissé entendre que l’actuel gouvernement est incapable d’instaurer la justice entre tous les citoyens mauritaniens à plus forte raison d’évangéliser une discrimination positive. «C’est une tromperie et de la poudre aux yeux destinée à leurrer les franges de la population les plus démunies qui n’ont comme moyen de subsistance ou source de revenu que le travail et l’exploitation de la terre», s’exclame-t-il.

Mais, là où le bât blesse, c’est qu’il suffit juste d’un arrêté administratif ou d’une décision judiciaire pour qu’elles se voient exproprier leurs terres au profit d’un notable, d’un maître ou ancien maître, d’un dignitaire religieux, d’un homme d’affaire, d’un haut fonctionnaire de l’Etat ou d’un officier supérieur de l’armée.

«Le Premier ministre a prétendu [lors de sa déclaration de politique générale] que son gouvernement a attaqué de front tous les problèmes des mauritaniens dont le passif humanitaire et l’esclavage. Ce n’est pas vrai puisque ces deux problèmes n’ont pas toujours trouvé des solutions», a-t-il contredit.

Pour lui, l’objectif du gouvernement de Moulaye Ould Mohamed Laghdaf comme ceux qui l’ont précédé est de s’inscrire dans la logique de les ignorer, de les nier ou de leur apporter des semblants de solutions. Ce qui, à ses yeux, traduit une volonté manifeste de la part du régime de Mohamed Ould Abdel Aziz d’assurer l’impunité aux présumés coupables de crimes de torture et d’exécutions extrajudiciaires, la persistance et la non-répression des pratiques esclavagistes ainsi que la validation et la généralisation des expropriations foncières à caractère raciste et esclavagiste.

A cet effet, il a exprimé ses appréhensions par rapport à cette dernière question dont la déclaration du Premier ministre a fait table rase. «Ces expropriations se font par l’intermédiaire des appareils administratif, judiciaire et sécuritaire qui sont entre les mains des segments dominants de l’ethnie arabo-berbère», renseigne-t-il.

«Toutes les expropriations sont au profit des notabilités tribales ou religieuses, des hommes d’affaires, des banquiers, des officiers supérieurs de l’armée ou de hauts fonctionnaires de l’Etat », poursuit-il.

Autant le pouvoir qui vante les mérites de sa lutte contre la gabegie et la corruption en nous les rabattant à longueur de journée est complice de cet état de fait autant l’est l’opposition qui crie, lui aussi, à son tour, aux règlements de compte à en croire Birame Ould Dah.

Des dizaines de victimes d’expropriations foncières ont été présentes à cette conférence de presse pour exposer leur cas. La plupart d’entre elles viennent de l’intérieur du pays.
«Dans leurs tentatives désespérées de vouloir résister à l’exécution de décisions judiciaires ou administratives injustes, elles sont sujettes à des abus de pouvoirs, des arrestations arbitraires, des brimades en tout genre sans oublier que les procédures administratives et judiciaires qui les déboutent manquent de transparence et d’équité », indique Birame Ould Dah Ould Abeid.

A ce propos, il a suggéré au gouvernement de mener des enquêtes et de corriger cette tendance grave, honteuse et dangereuse en ce sens qu’elle renforce le sentiment de frustration, aiguise la haine intercommunautaire et hypothèque la paix sociale.

Babacar Baye NDIAYE

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