samedi 29 mai 2010

CARNET DE ROUTE : Aziz au cœur des conversations, à mille lieues de la capitale!

L’Humanité évolue avec lui les mentalités et les mœurs aussi. On vit, à des degrés différents, les mêmes transformations sociales et les mêmes aléas du temps. A des centaines voire des milliers de kilomètres de Nouakchott, capitale des indisciplinés, on parle aussi de politique, de développement durable, de changements climatiques, du terrorisme, de la diversité culturelle, de la réconciliation nationale…. Dans ces zones, rien ne s’échappe. Les populations qui y vivent, on les croirait presqu’innocentes, dépitées par la vie, outrepassées par le temps et sans perspectives. Mais, détrompez-vous !

Quelque part dans le Brakna, au milieu d’un village, loin du brouhaha qui se répand à l’intérieur d’une école fondamentale, à quelques mètres de là, Mamadou Samba Ngaidé, Saada Abdoul Kelly, Moussa Assane Ould Mohamed, Ablaye Tall et Amadou Djibril Dia jouent à la pile ou face. Les trois premiers sont en classe de quatrième année fondamentale et les deux autres en première année.

Ils ont entre 6, 7 et 9 ans et rêvent de devenir des instituteurs, des policiers, des médecins, des administrateurs mais aussi de faire de la politique comme Saada Abdoul Kelly qui se voit déjà sur le fauteuil présidentiel qu’occupe actuellement Mohamed Ould Abdel Aziz. Qui n’en a pas connu ces rêves d’adolescence ?

Aziz comme ils l’appellent tous ici, ils le reconnaissent, à part les échos qu’ils reçoivent de la télé ou de la radio, à travers sa calvitie naissante. «Il est en train de changer le pays », déclare Bocar Diawal. «Depuis qu’il est président de la République, les choses bougent », poursuit-il. Que croyez-vous ? Il n’y a pas que les grandes personnes qui sont aussi effleurées par le vent de l’ère azizienne.

Agé de 15 ans, Bocar Diawal est en première année de collège à Boghé. Pour se rendre à son lieu d’études, il marche à pied. A 6 heures du matin, il est déjà réveillé. Dans la journée, il parcourt ce trajet deux fois. Il rêve de devenir un haut fonctionnaire de l’administration mauritanienne. Conscient des difficultés qui accablent son village, il mesure déjà la lourdeur de supporter une telle situation.

Certainement, c’est pour cette raison qu’il aspire à devenir quelqu’un, tout en évitant de se défaire des pratiques culturelles de son village. En plus de ses études, c’est lui qui s’occupe du breuvage de leur bétail qu’il mène jusqu’au bord du fleuve.
"Aziz ! C’est quelqu’un que j’admire. Je pense qu’il est en train d’insuffler un nouveau vent à la Mauritanie", déclare Mamadou Abou Ba, 13 ans, en rappelant parmi les démarches qu’il a appréciées de lui, il y’a sa prière à Kaédi à la mémoire des disparus des évènements de 1989, 1990 et 1991.

Chaussures éculées, portant des bas de laine, visage pâle et sec, Abdoulaye Diallo, un collégien, s’invite à la discussion et lâche, en prenant le contrepied de ses autres camarades, après les avoir attentivement écouté débiter ce qu’ils pensaient du Président des pauvres, pour balancer ses quatre vérités : "Aziz n’a rien fait pour le moment. Il ne fait que promettre. Qu’est-ce qu’il a fait", s’interroge-t-il. Comme Amadou Djibril Dia, ces ados n’ont pas manqué de formuler des prières à l’endroit de Mohamed Ould Abdel Aziz.

La Mauritanie de ces ados-là est un pays où cohabitent pacifiquement diverses cultures, d’éparses communautés, différentes langues, sans haine ni abomination. Leur Mauritanie-là est un pays festif et joyeux qui sait accueillir des hôtes. Leur Mauritanie-là est un pays qui veut tourner la page. Leur Mauritanie-là est un pays où on combat les discriminations, où chaque citoyen est assuré de vivre décemment, de choisir librement son Président de la République, où chaque citoyen a le droit de prétendre au savoir et à la connaissance, un pays où les libertés individuelles sont respectées.

Leur Mauritanie-là est un pays qui accorde à la femme la place qui lui sied dans le concert des nations civilisées et émancipées, un pays où le respect de la différence culturelle est une réalité et non un idéal, un pays où ce n’est pas parce que je suis né d’un père où d’une mère étrangère que je n’ai pas le droit de revendiquer ma citoyenneté ou non plus parce que je ne parle pas la langue dominante que je dois être exclu. On retrouve chez ces ados, ce que le pays a de plus pur et de moins démagogique. Ils constituent la force productrice de demain du pays. Leurs villages retrouvent un semblant de vie grâce à l’appui extérieur par le biais de jumelage qu’ont réussi à tisser leurs ressortissants vivant en France et un peu partout en Europe et aux Etats-Unis d’Amérique.

Babacar Baye NDIAYE

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