Pour améliorer la situation de la femme et lui garantir tous ses droits, l’Assemblée Nationale et le Sénat adopteront le 19 juillet 2001 la loi n° 2001-052 portant Code du Statut Personnel (CSP). De nombreuses associations de défense des droits de la femme y avaient vu une volonté affichée de donner à la femme mauritanienne sa place dans la société. Huit ans après son adoption, les problèmes des femmes restent inchangés du fait de l’impunité et de la non application de la loi. Aujourd’hui, des voix s’élèvent de plus en plus pour réclamer la révision de ce code. Parmi elles, celle d’Aminétou Mint El Moctar qui revient dans l’interview suivante sur les raisons de cette demande. Entretien.
Le Rénovateur Quotidien : Pourquoi estimez-vous qu’il y a lieu aujourd’hui de réviser le Code du Statut Personnel ?
Aminétou Mint El Moctar : Au regard des différents centres d’écoute créés pour les femmes victimes de violences, du nombre croissant de conflits familiaux qui se présentent devant nous, des difficultés d’accès à la justice, des problèmes que les femmes rencontrent au niveau de la police, des cadis, des tribunaux, des autorités administratives, il y’a lieu de le réviser pour l’intérêt de la Mauritanie.
Le Code du Statut Personnel qui est mieux que rien-nous le reconnaissons- est bourré d’insuffisances. Ce qui pose inévitablement un problème d’application de la loi. Toutefois, quand on dit que telle femme est discriminée, violentée, on met cela dans le cadre de la Charia. Un homme qui bat sa femme à mort, on soutient que celle-ci a failli aux prérogatives de la Charia. N’oublions pas que notre Sainte religion a donné à la femme la place qu’il faut. Ce qui est aberrant, toute violation des droits de la femme est mise sur le dos de la Charia.
Chez nous, les traditions sont mêlées à la Charia. On se base sur elle pour discriminer la femme afin qu’elle n’avance pas, pour l’enchaîner et entraver son développement et son accès aux sphères de décisions de l’Etat. Nous avons constaté qu’il n’y a aucune volonté au niveau des institutions nationales pour faire avancer la cause des femmes mauritaniennes. Si on veut vraiment le faire, c’est pour se servir d’elles comme canaux de propagande et non pour régler les problèmes auxquels les femmes font face. On se sert d’elles comme un panneau publicitaire pour avoir des fonds de l’extérieur et non pas des choses réelles qui vont être dans l’intérêt de l’émancipation de la femme ou de briser les chaînes qui l’entravent et qui sont un obstacle à son développement, son évolution et à son émancipation.
Le Rénovateur Quotidien : En Mauritanie, les oulémas jouent un rôle incontournable. Est-ce que leur position au sujet du Code du Statut Personnel vous rassure-t-elle ? Pensez-vous aussi que sans leur appui vous ne pouvez pas obtenir la révision du CSP ?
Aminétou Mint El Moctar : Je crois qu’ils ont un rôle très important à jouer dans l’amélioration du Code du Statut Personnel. On compte également sur les élus du peuple mauritanien qui peuvent également jouer un rôle dans l’application de la Convention relative à toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDEF) et la levée des réserves.
Il ne faut pas perdre de vue que les femmes représentent plus de 50% de la population. Elles constituent de fait un réservoir électoral non négligeable. Nos oulémas ont aujourd’hui intérêt à se mettre au diapason de l’évolution contemporaine de ce monde en renforçant par exemple leurs capacités intellectuelles et non pas à se fier uniquement à ce qu’ils ont acquis.
Le Maroc a enregistré beaucoup de progrès dans l’amélioration des lois organisant la vie des femmes. C’est valable aussi pour la Jordanie. Pourquoi devrions-nous, nous aussi, accepter d’être dans la queue du peloton ? Il faut que nos oulémas divorcent avec ces traditions qui les empêchent d’évoluer. Il faut qu’ils arrêtent de camper sur des positions qui ne vont pas dans le sens de l’intérêt de la femme mauritanienne qui n’accepte plus la domestication, l’excision, l’enchaînement. On ne peut pas comparer la femme d’aujourd’hui à celle de l’antiquité, des années d’indépendance. Il faut que les oulémas débarrassent l’Islam des préjugés.
Le Rénovateur Quotidien : Sur certaines questions comme par exemple le fait d’avoir la possibilité de divorcer, les oulémas vous opposent un niet catégorique. Pensez-vous qu’ils sont prêts un jour à lâcher du lest par rapport à cette question et à d’autres comme celle relative à la répudiation… ?
Aminétou Mint El Moctar : Le Saint Coran a donné à la femme le droit de décider de son divorce. Comme par exemple, quand elle est violentée, maltraitée, quand elle ne peut plus vivre avec son mari qui se drogue. Dans certains cas, la femme n’a pas besoin de divorcer puisqu’elle n’a pas de problèmes. Par contre, dans d’autres cas, si cela ressemble à de l’enfer, la Charia lui a donné le droit de divorcer. Allah Le Tout Puissant a interdit qu’on maltraite la femme ou qu’on ne lui assure pas sa prise en charge ainsi que celle de ses enfants. C’est cela même le principe de l’acte du mariage. Lorsqu’un homme accomplit des actes contraires à l’Islam, la Charia accorde à la femme le droit de divorcer. Quand il s’agit de la femme, on ne parle jamais de l’Islam. Par contre, s’il s’agit de parler des droits de l’époux, c’est à se moment qu’on se souvienne de l’Islam !
Propos recueillis par
Babacar Baye NDIAYE
Le Rénovateur Quotidien : Pourquoi estimez-vous qu’il y a lieu aujourd’hui de réviser le Code du Statut Personnel ?
Aminétou Mint El Moctar : Au regard des différents centres d’écoute créés pour les femmes victimes de violences, du nombre croissant de conflits familiaux qui se présentent devant nous, des difficultés d’accès à la justice, des problèmes que les femmes rencontrent au niveau de la police, des cadis, des tribunaux, des autorités administratives, il y’a lieu de le réviser pour l’intérêt de la Mauritanie.
Le Code du Statut Personnel qui est mieux que rien-nous le reconnaissons- est bourré d’insuffisances. Ce qui pose inévitablement un problème d’application de la loi. Toutefois, quand on dit que telle femme est discriminée, violentée, on met cela dans le cadre de la Charia. Un homme qui bat sa femme à mort, on soutient que celle-ci a failli aux prérogatives de la Charia. N’oublions pas que notre Sainte religion a donné à la femme la place qu’il faut. Ce qui est aberrant, toute violation des droits de la femme est mise sur le dos de la Charia.
Chez nous, les traditions sont mêlées à la Charia. On se base sur elle pour discriminer la femme afin qu’elle n’avance pas, pour l’enchaîner et entraver son développement et son accès aux sphères de décisions de l’Etat. Nous avons constaté qu’il n’y a aucune volonté au niveau des institutions nationales pour faire avancer la cause des femmes mauritaniennes. Si on veut vraiment le faire, c’est pour se servir d’elles comme canaux de propagande et non pour régler les problèmes auxquels les femmes font face. On se sert d’elles comme un panneau publicitaire pour avoir des fonds de l’extérieur et non pas des choses réelles qui vont être dans l’intérêt de l’émancipation de la femme ou de briser les chaînes qui l’entravent et qui sont un obstacle à son développement, son évolution et à son émancipation.
Le Rénovateur Quotidien : En Mauritanie, les oulémas jouent un rôle incontournable. Est-ce que leur position au sujet du Code du Statut Personnel vous rassure-t-elle ? Pensez-vous aussi que sans leur appui vous ne pouvez pas obtenir la révision du CSP ?
Aminétou Mint El Moctar : Je crois qu’ils ont un rôle très important à jouer dans l’amélioration du Code du Statut Personnel. On compte également sur les élus du peuple mauritanien qui peuvent également jouer un rôle dans l’application de la Convention relative à toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDEF) et la levée des réserves.
Il ne faut pas perdre de vue que les femmes représentent plus de 50% de la population. Elles constituent de fait un réservoir électoral non négligeable. Nos oulémas ont aujourd’hui intérêt à se mettre au diapason de l’évolution contemporaine de ce monde en renforçant par exemple leurs capacités intellectuelles et non pas à se fier uniquement à ce qu’ils ont acquis.
Le Maroc a enregistré beaucoup de progrès dans l’amélioration des lois organisant la vie des femmes. C’est valable aussi pour la Jordanie. Pourquoi devrions-nous, nous aussi, accepter d’être dans la queue du peloton ? Il faut que nos oulémas divorcent avec ces traditions qui les empêchent d’évoluer. Il faut qu’ils arrêtent de camper sur des positions qui ne vont pas dans le sens de l’intérêt de la femme mauritanienne qui n’accepte plus la domestication, l’excision, l’enchaînement. On ne peut pas comparer la femme d’aujourd’hui à celle de l’antiquité, des années d’indépendance. Il faut que les oulémas débarrassent l’Islam des préjugés.
Le Rénovateur Quotidien : Sur certaines questions comme par exemple le fait d’avoir la possibilité de divorcer, les oulémas vous opposent un niet catégorique. Pensez-vous qu’ils sont prêts un jour à lâcher du lest par rapport à cette question et à d’autres comme celle relative à la répudiation… ?
Aminétou Mint El Moctar : Le Saint Coran a donné à la femme le droit de décider de son divorce. Comme par exemple, quand elle est violentée, maltraitée, quand elle ne peut plus vivre avec son mari qui se drogue. Dans certains cas, la femme n’a pas besoin de divorcer puisqu’elle n’a pas de problèmes. Par contre, dans d’autres cas, si cela ressemble à de l’enfer, la Charia lui a donné le droit de divorcer. Allah Le Tout Puissant a interdit qu’on maltraite la femme ou qu’on ne lui assure pas sa prise en charge ainsi que celle de ses enfants. C’est cela même le principe de l’acte du mariage. Lorsqu’un homme accomplit des actes contraires à l’Islam, la Charia accorde à la femme le droit de divorcer. Quand il s’agit de la femme, on ne parle jamais de l’Islam. Par contre, s’il s’agit de parler des droits de l’époux, c’est à se moment qu’on se souvienne de l’Islam !
Propos recueillis par
Babacar Baye NDIAYE
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