samedi 29 mai 2010

Accidents pétroliers : La Mauritanie est-elle à l’abri ?

Depuis quelques années, la Mauritanie, avec le champ pétrolier de Chinguetti, premier puits offshore en Mauritanie, développe des activités pétrolières en milieu offshore. En outre, la Mauritanie, qui voit traverser des millions de tonnes d’hydrocarbures transportées par voie maritime, est-elle à l’abri des accidents de pétroliers ?

Il est évident que l’activité pétrolière en milieu offshore ne se fait pas sans impacts environnementaux en raison des levées sismiques, des forages de puits, du développement des champs, des opérations de production, de transfert, de transport et de démantèlement.
Cette exploitation pétrolière certes rapporte beaucoup d’émoluments à l’Etat mauritanien. Toutefois, celle-ci s’effectue souvent sans exigence environnementale de la part des pouvoirs publics qui peuvent se soucier de tout sauf des mesures de prévention. Du coup, les risques liés aux activités pétrolières en milieu offshore sont énormément considérables.

Face à cette situation, la Mauritanie a-t-elle les moyens de faire face ou d’éviter les risques liés à l’activité pétrolière ? Pour Ahmed Ould Senhoury qui dirige l’Unité de Coordination du Programme Régional de Conservation de la zone Côtière et Marine de l’Afrique de l’Ouest, notre pays peut bel et bien être confronté à des problèmes en cas d’accidents de pétroliers, de répétitions des impacts de routine. «Mais, jusqu’à présent, l’activité n’est pas à son apogée. On espère que ça ne sera pas assez grave», tente-t-il de rassurer.

Pour autant, qui ne se souvient pas naufrages de l’Erika en 1999 et du Prestige en 2002 qui ont conduit à l’adoption de mesures renforçant davantage la sécurité maritime et la lutte contre les pollutions marines ?

En Mauritanie, la gestion environnementale de l’exploitation du pétrole en milieu offshore et du transport maritime pétrolier constitue un défi à relever par les pouvoirs publics. «Les capacités d’intervention sont très limités. On n’a pas de plan colmar susceptible d’être mis en œuvre en cas d’accidents majeurs. Nous n’avons pas encore de capacités dans la mise en œuvre d’un tel plan. Les sociétés pétrolières ont des capacités d’intervention très limitées autour des champs d’exploitation», explique le directeur de l’UC/PRCM.

Selon des études environnementales, le développement des secteurs émergents comme le tourisme ou l’exploitation pétrolière sans encadrement institutionnel fort ni d’études d’impact, accélérerait les dommages sur l’environnement et la biodiversité marine et provoquerait des conflits d’usage littoral.

La Mauritanie n’étant pas à l’abri en outre d’un accident de pétroliers, c’est à ce niveau qu’il faudrait porter les méthodes de gestion préventive. Rappelons à cet effet que la zone côtière mauritanienne est traversée par plus de 400 navires pétroliers qui transportent des millions de tonnes d’hydrocarbures et autres produits polluants en provenance de l’Afrique Centrale en direction de l’Europe et des Etats-Unis d’Amérique. Il est donc clair que la Mauritanie n’est point à l’abri d’un accident de pétroliers. «En plus, il y a les activités pétrolières proprement dites en Mauritanie. Par conséquent, il y a toujours des risques », complète Ahmed Ould Senhoury.

Aujourd’hui, grâce à la Convention internationale pour la prévention de la pollution par les navires du 2 novembre 1973 complétée par le protocole de 1978, dite de MARPOL ou MARPOL 73/78, la Mauritanie peut contraindre les sociétés pétrolières ou les navires pétroliers à procéder à des dommages et intérêts.

«Il faudra après voir la nature des contrats signés avec les sociétés, les assurances qui sont contractées par les sociétés exploitantes et par la Mauritanie. Donc, il y a des enjeux (financiers) importants puisqu’il y a une réglementation qui oblige ces sociétés à compenser les dégâts. Il faudra voir les détails des assurances, des contrats signés avec les promoteurs pour s’assurer que nous sommes couverts dans ce domaine », explique Ahmed Ould Senhoury.

Pour lui, faudrait-il encore être précautionneux dans ce cadre pour exiger le respect des normes internationales en vigueur, s’assurer que les mesures de sécurité sont prises, les standards de protection environnementale respectés dans le domaine de l’exploitation. Mais, pour lui, le mieux, serait d’espérer qu’il n’y ait pas d’accident.

Babacar Baye NDIAYE

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire