samedi 29 mai 2010

Boubacar Ould Messaoud, président de SOS Esclaves :


"Hanevi est victime de la détestation où le tiennent certaines personnalités influentes au sommet de l’Etat "

Le directeur de publication du site électronique "Taqadoumy" Hanevi Ould Dehah détenu depuis 7 mois vient d’être condamné à deux ans de prison. Pour Boubacar Ould Messaoud, président de SOS Esclaves, le cas de Hanevi témoigne d’une volonté manifeste de la part du pouvoir de Mohamed Ould Abdel Aziz de confisquer les libertés qui semblent menacées surtout au regard de la nouvelle loi antiterroriste qui crée, à l’en croire, les conditions d’une violation systématique des droits élémentaires de la personne. Entretien.

Le Rénovateur Quotidien : Hanevi Ould Dehah vient d'être condamné à deux ans d'emprisonnement ferme. Quelle appréciation en faites-vous?

Boubacar Ould Messaoud : Je suis surpris. Je n’en crois pas mes oreilles ni mes yeux. Hanevi a purgé sa peine de 6 mois et a été maintenu en prison illégalement depuis le 24 décembre 2009 pour se faire condamner par une cour d’appel, autrement composée, de nouveau à 2 ans d’emprisonnement ferme après une procédure entachée d’irrégularités selon la défense. Il semble s’agir bien plus d’un règlement de comptes tant ce journaliste de talent déplait et dérange par son courage et sa détermination à pourfendre les tabous de la Mauritanie ancienne.

Le Rénovateur Quotidien : Malgré les pétitions, les appels de libération lancés par-ci et par-là, Hanevi n'a pas recouvré sa liberté. Peut-on penser qu'il s'agit là d'un acharnement gratuit sur ce dernier dès l'instant qu'il a déjà purgé sa peine?

Boubacar Ould Messaoud : Hanevi est victime de la détestation où le tiennent certaines personnalités influentes au sommet de l’Etat, dans le commandement des forces armées, de la police et aussi parmi les hommes d’affaires ; son journal, Taqadoumy tient une ligne éditoriale très libre, un peu trop sans doute en Mauritanie. Hanevi, dans ce système d’impunité et d’entente criminelle entre les tribus, est appelé à vivre en prison ou en exil. Le pays ne protège pas des gens comme lui mais les expose à la persécution parce qu’ils dérangent l’entente tacite entre les groupes qui dirigent et se partagent la richesse nationale.

Le Rénovateur Quotidien : Faut-il craindre pour la liberté d'expression et de presse qui sont deux règles garanties et reconnues par la constitution?

Boubacar Ould Messaoud : Au delà de la liberté presse d’expression et de presse, toutes les libertés semblent menacées de confiscation, surtout au regard de la nouvelle loi antiterroriste qui crée les conditions d’une violation systématique des droits élémentaires de la personne. Sans doute par ignorance, la plupart de nos députés l’ont adoptée. Oui, au-delà du cas Hanevi, je suis pessimiste sur l’avenir de l’Etat de droit en Mauritanie.

Propos recueillis par
Babacar Baye Ndiaye

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