mercredi 12 mai 2010

Ahmed Ould HAMZA, président de la CUN: "Nous avons beaucoup de projets mais nous avons les mains liées"


Dimanche matin, le président de la Communauté Urbaine de Nouakchott (CUN), Ahmed Ould HAMZA, a suggéré aux pouvoirs publics, au cours d’une rencontre avec les journalistes, de transformer les collectivités locales en de véritables "administrations de développement" en les dotant de compétences nécessaires afin qu’elles puissent jouer leur véritable rôle. Ce qui nécessitera, selon lui, de lever d’abord les conflits de compétences d’une part entre la Communauté Urbaine de Nouakchott et les neuf mairies de la capitale et d’autre part entre l’Etat et la Communauté Urbaine de Nouakchott(CUN).

Le président de la Communauté Urbaine de Nouakchott a d’emblée regretté que les mairies du pays soient dépourvues de compétences. "Nos compétences sont celles de l’Etat", note-t-il soulignant au passage que ce dernier s’est accaparé des grandes prérogatives dans le domaine de la décentralisation en y voyant "un enjeu politique très important".

S’il y’a un message que le président de la Communauté Urbaine de Nouakchott, Ahmed Ould HAMZA, a voulu faire passer, au cours de sa rencontre d’hier avec les journalistes, c’est que l’institution qu’il dirige ressemble plutôt à une géante aux pieds d’argile.

Du coup, Ahmed Ould HAMZA n’y est pas allé par quatre chemins pour réclamer plus de compétences à l’Etat à qui il n’a pas manqué à faire appel pour renforcer la décentralisation qui est aujourd’hui encouragée par de nombreux pays africains comme un système indispensable au développement. "La décentralisation a reculé d’une manière invraisemblable en Mauritanie. Le développement d’un pays passe par la séparation des pouvoirs et la décentralisation", a rappelé le président de la Communauté Urbaine de Nouakchott. A ce sujet, il a donné l’exemple du Maroc qui est en train de faire mieux que la Mauritanie dans le domaine de la décentralisation mais surtout dans celui de la régionalisation.

Le manque de volonté d’œuvrer à réaliser une politique sincère de décentralisation est un obstacle à tout rôle que veulent jouer les communes en Mauritanie. "Je suis frustré", a-t-il confié trouvant anormal, par exemple, que la ville de Nouakchott ne dispose pas de police municipale à l’instar des villes comme Ouagadougou ou Dakar.

Pour autant, le président de la Communauté Urbaine de Nouakchott (CUN) a déclaré qu’il veut bien travailler mais n’a pas les coudées franches pour engager la réalisation de projets de grande envergure. "Tous les grands projets de la ville de Nouakchott dépendent de moi. Nous avons beaucoup de projets mais nous avons les mains liées", a-t-il déclaré déplorant l’absence de l’Etat dans le financement des projets de la Communauté Urbaine de Nouakchott.

Aujourd’hui, la plupart des projets de la Communauté Urbaine de Nouakchott sont financés par la région Ile-de-France, l’Agence Française de Développement (AFD), la ville de Lausanne et l’Union Européenne. "C’est la coopération internationale qui fait vivre les mairies du pays. Sans cela, on aurait fermé boutique depuis très longtemps", a-t-il expliqué demandant à l’Etat de valoriser la fonction de maire et de transférer, dans le cadre de la décentralisation, les compétences dévouées aux collectivités locales.

Sur une note d’optimisme, il a terminé en révélant, nonobstant les problèmes et les crocs-en-jambe, que le Communauté Urbaine de Nouakchott se porte bien. "Et, je suis fier de ma gestion", a-t-il complété.

Ahmed Ould HAMZA en a profité pour appeler la classe politique à plus de retenue. "Arrêtons la politique un moment et allons à l’essentiel", a-t-il dit en substance en faisant allusion à la question de l’arabité qui a secoué récemment la Mauritanie. "Il faut exclure les gens qui sont en train de créer des problèmes dans le pays", a-t-il préconisé. "C’est un faux problème", a-t-il indiqué.

Babacar Baye NDIAYE

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