Oumoulkheir Mint Yarba est une esclave née vers 1965 à Guelb Heboul dans la Wilaya d’Adrar. "Je ne me suis jamais mariée. Je n’ai jamais reçu une quelconque aide de la part de l’Etat. Ni mes enfants, ni moi ne détenons de pièces d’Etat civil ; je n’ai jamais voté", déclare-t-elle.
La dernière fois qu’elle a vu son père, elle était très petite encore. Cette esclave de la famille d’Abdallahi Ould Boulemsak ne garde de sa mère aucun souvenir. C’est elle qui, depuis son jeune âge, fait la lessive, expédie les commissions à la demande des maîtres, apporte le bois mort, prépare le thé, garde le croît des animaux, les attache et les détache, pile le mil dans le mortier et assure la cuisson des aliments. Une vraie vie d’esclave.
C’est elle aussi qui était chargée de garder les caprins, les ovins et les camelins, de les mener aux points d’eau pour les abreuver, de procéder elle-même à l’exore de puits profonds qui est un travail pénible. Au retour, elle était contrainte, malgré la fatigue, de s’occuper de la corvée de ménage. Quand elle finit, elle commence à traire les caprins et les chamelles.
Chaque matin, à l’aube, elle recommence les mêmes activités et cela doit continuer jusqu’à très tard dans la nuit. Ses enfants et elle mangeaient le plus souvent les reliefs des repas.
Le plus difficile qu’elle a eu à endurer, dit-elle, sous le joug de ses maîtres, c’est d’avoir gardé les animaux alors qu’elle était en état de grossesse.
La corvée s’est poursuivi jusqu’au jour de son accouchement. Ce qui ne l’empêchait pas de porter son nouveau né et de suivre le bétail comme d’habitude. Un jour, ses maîtres lui arrachent sa fille Mbarka Mint Oumoul Khairy et la contraignent à l’abandonner au profit de surveillance du troupeau.
Quelques jours plus tard, au retour de la maison, elle retrouve sa petite fille d’un an morte, cadavre dans les sables, les yeux ouverts, envahis par les fourmis. Sa demande d’assistance pour l’enterrer ne rencontra que silence et mépris total. Ses maîtres ne daignèrent pas se soucier d’elle et à l’aider à la sépulture. "Arrivée sur place, c’est moi-même qui ai creusé le trou et enseveli mon enfant", se souvient-elle. "J’ai beaucoup pleuré et ma fille et ma condition. Au lieu de comprendre mon désarroi, l’on m’ordonna de me taire sinon l’on me ferait subir ce que je ne pourrais jamais supporter", ajoute-t-elle.
Elle n’avait pas de logement et pour demeure elle n’avait qu’un abri à l’emporte-pièce, un assemblage de simples haillons. Elle devait se contenter d’une vielle couverture et d’un vieux drap. "Mes gamins et moi, subissions des châtiments corporels de la part de Mohamed Ould Abdallahi qui n’hésitait pas à me piétiner moi-même, devant eux. Il me frappait avec des branches d’épines. Les stigmates en sont, encore, visibles sur mon dos", se rappelle-t-elle, écœurée.
"Ni moi ni mes enfants n’avons connu des moments de loisirs, encore moins des sorties en guise de divertissement. Nous ne connaissons rien d’autre que le travail, exclusivement", dit-elle. C’est dans ces conditions qu’un jour, une voiture de la gendarmerie est venue la transporter vers Mboirick des Ideghchemma à Yaghref, avec comme viatique six têtes de caprins offerts par ses maîtres.
"Je le compris plus tard, il fallait ainsi dissimiler ma vraie condition d’esclave", dit-elle. Et la voilà qui se retrouve chez un célèbre officier de l’armée du nom de Vouyah Ould Mayouf, celui-là même qui l’avait mis en contact avec "Akhouk El Hartani". Ce dernier fit d’elle et de ses enfants, des esclaves, à nouveau. "Avec lui, j’ai enduré plus de souffrance qu’auparavant. Son exploitation ne s’est pas arrêtée à moi seule. Elle s’est étendue à mes enfants ; eux aussi ont été réduits en esclaves", dit-elle.
"Vouyah m’utilisait toutes les fois qu’il avait besoin de moi et me ramenait au village pour m’y abandonner quand je n’étais plus utile. Ainsi, se comportait-il avec moi", poursuit-elle en expliquant que celui-ci la terrorisait souvent en tirant des balles au dessus de sa tête.
Actuellement à Nouakchott où elle est prise en charge par SOS Esclaves, Oumoulkheir Mint Yarba ne veut que revoir sa fille Selek’ha. "On m’a informée qu’elle s’était mariée sans que je le sache. Ce mariage est pour moi nul et non avenu pour plusieurs raisons : d’abord, parce qu’il s’est fait sans tuteur légal ; ensuite, la fille est encore mineure, enfin, j’ai le droit de connaître son mari et c’est à moi de l’accepter ou non", a déclaré Oumoulkheir Mint Yarba. Et pour elle, cette union a eu lieu pour couvrir les agissements de Vouyah Ould Mayouf. Du coup, elle a décidé de porter plainte contre Vouyah Ould Mayouf et Mohamed Ould Abdallahi Ould Boulemsak.
Babacar Baye NDIAYE
La dernière fois qu’elle a vu son père, elle était très petite encore. Cette esclave de la famille d’Abdallahi Ould Boulemsak ne garde de sa mère aucun souvenir. C’est elle qui, depuis son jeune âge, fait la lessive, expédie les commissions à la demande des maîtres, apporte le bois mort, prépare le thé, garde le croît des animaux, les attache et les détache, pile le mil dans le mortier et assure la cuisson des aliments. Une vraie vie d’esclave.
C’est elle aussi qui était chargée de garder les caprins, les ovins et les camelins, de les mener aux points d’eau pour les abreuver, de procéder elle-même à l’exore de puits profonds qui est un travail pénible. Au retour, elle était contrainte, malgré la fatigue, de s’occuper de la corvée de ménage. Quand elle finit, elle commence à traire les caprins et les chamelles.
Chaque matin, à l’aube, elle recommence les mêmes activités et cela doit continuer jusqu’à très tard dans la nuit. Ses enfants et elle mangeaient le plus souvent les reliefs des repas.
Le plus difficile qu’elle a eu à endurer, dit-elle, sous le joug de ses maîtres, c’est d’avoir gardé les animaux alors qu’elle était en état de grossesse.
La corvée s’est poursuivi jusqu’au jour de son accouchement. Ce qui ne l’empêchait pas de porter son nouveau né et de suivre le bétail comme d’habitude. Un jour, ses maîtres lui arrachent sa fille Mbarka Mint Oumoul Khairy et la contraignent à l’abandonner au profit de surveillance du troupeau.
Quelques jours plus tard, au retour de la maison, elle retrouve sa petite fille d’un an morte, cadavre dans les sables, les yeux ouverts, envahis par les fourmis. Sa demande d’assistance pour l’enterrer ne rencontra que silence et mépris total. Ses maîtres ne daignèrent pas se soucier d’elle et à l’aider à la sépulture. "Arrivée sur place, c’est moi-même qui ai creusé le trou et enseveli mon enfant", se souvient-elle. "J’ai beaucoup pleuré et ma fille et ma condition. Au lieu de comprendre mon désarroi, l’on m’ordonna de me taire sinon l’on me ferait subir ce que je ne pourrais jamais supporter", ajoute-t-elle.
Elle n’avait pas de logement et pour demeure elle n’avait qu’un abri à l’emporte-pièce, un assemblage de simples haillons. Elle devait se contenter d’une vielle couverture et d’un vieux drap. "Mes gamins et moi, subissions des châtiments corporels de la part de Mohamed Ould Abdallahi qui n’hésitait pas à me piétiner moi-même, devant eux. Il me frappait avec des branches d’épines. Les stigmates en sont, encore, visibles sur mon dos", se rappelle-t-elle, écœurée.
"Ni moi ni mes enfants n’avons connu des moments de loisirs, encore moins des sorties en guise de divertissement. Nous ne connaissons rien d’autre que le travail, exclusivement", dit-elle. C’est dans ces conditions qu’un jour, une voiture de la gendarmerie est venue la transporter vers Mboirick des Ideghchemma à Yaghref, avec comme viatique six têtes de caprins offerts par ses maîtres.
"Je le compris plus tard, il fallait ainsi dissimiler ma vraie condition d’esclave", dit-elle. Et la voilà qui se retrouve chez un célèbre officier de l’armée du nom de Vouyah Ould Mayouf, celui-là même qui l’avait mis en contact avec "Akhouk El Hartani". Ce dernier fit d’elle et de ses enfants, des esclaves, à nouveau. "Avec lui, j’ai enduré plus de souffrance qu’auparavant. Son exploitation ne s’est pas arrêtée à moi seule. Elle s’est étendue à mes enfants ; eux aussi ont été réduits en esclaves", dit-elle.
"Vouyah m’utilisait toutes les fois qu’il avait besoin de moi et me ramenait au village pour m’y abandonner quand je n’étais plus utile. Ainsi, se comportait-il avec moi", poursuit-elle en expliquant que celui-ci la terrorisait souvent en tirant des balles au dessus de sa tête.
Actuellement à Nouakchott où elle est prise en charge par SOS Esclaves, Oumoulkheir Mint Yarba ne veut que revoir sa fille Selek’ha. "On m’a informée qu’elle s’était mariée sans que je le sache. Ce mariage est pour moi nul et non avenu pour plusieurs raisons : d’abord, parce qu’il s’est fait sans tuteur légal ; ensuite, la fille est encore mineure, enfin, j’ai le droit de connaître son mari et c’est à moi de l’accepter ou non", a déclaré Oumoulkheir Mint Yarba. Et pour elle, cette union a eu lieu pour couvrir les agissements de Vouyah Ould Mayouf. Du coup, elle a décidé de porter plainte contre Vouyah Ould Mayouf et Mohamed Ould Abdallahi Ould Boulemsak.
Babacar Baye NDIAYE
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