samedi 13 mars 2010

Promesses électorales de Mohamed Ould Abdel Aziz: Pour combien de temps, les mauritaniens devront-ils prendre leur mal en patience?

Difficile d’y répondre. Mais, une chose est sûre : Mohamed Ould Abdel Aziz ne fait plus rêver ceux qui avaient voté pour lui. Le 18 juillet 2009, Anne Hamady Chérif, un enseignant de formation, avait voté pour Mohamed Ould Abdel Aziz. Quelques mois, après l’avoir porté, avec d’autres mauritaniens, au pinacle, ce quinquagénaire et père de quatre enfants semble rogner ses freins. "La situation est toujours difficile. Si nous n’arrivons pas à joindre les deux bouts avec notre salaire, on ne peut rien réaliser. Est-ce que je peux économiser quelque chose ? Je risque d’aller à la retraite sans maison ni rien du tout", confie-t-il.

L’arrivée au pouvoir de Mohamed Ould Abdel Aziz n’a pas grandement changé la vie des mauritaniens. Bien au contraire, eux qui espéraient vivre comme dans les pays du Golfe, continuent à tirer le Diable par la queue et mener une vie extrêmement difficile. Sous Mohamed Ould Abdel Aziz qui leur avait donné un second souffle, ils vivent un semblant d’insouciance teinté d’optimisme.

Ceux-là, tout en marquant leur indifférence face à la lutte contre la dilapidation des biens publics, de l’immigration et du terrorisme,- certainement parce qu’ils se sentent moins concernés- l’attendent également sur le terrain de la lutte contre les discriminations, le chômage, du renforcement de la cohésion sociale, de l’instauration de l’égalité des chances dans l’emploi. Nombreux sont les fonctionnaires de l’Etat qui sont aujourd’hui logés à la même enseigne que Anne Hamady Chérif. Et pour ces derniers, la manière dont Mohamed Ould Abdel Aziz gère le pays sur le plan social ne traduit pas une volonté de leur faire profiter la croissance économique du pays. Comme en témoignent les primes de transport et de logement accordés aux hauts fonctionnaires de l’Etat.

"Je crois qu’il y a beaucoup d’espoir mais la situation est encore difficile. Nous sortons d’une grande crise politique. Un processus d’actualisation de certains programmes est actuellement engagé avec certains de nos partenaires. J’espère que d’ici peu de temps, la situation va s’améliorer", déclare Mohamed Ould Moktar tout en espérant que celui dont il avait soutenu le programme, durant la campagne présidentielle de juillet 2009, va augmenter les salaires. Il poursuit, plus réaliste : "Pour le moment, on lui laisse encore du temps puisqu’on sait, il en a besoin".

Mais, pour combien de temps, les mauritaniens vont-ils devoir prendre leur mal en patience ? Assurer leur quotidien qui peut tourner en un véritable calvaire est devenu leur sport favori. Pour certains, comme Abdoulaye Camara, il faut s’adapter. "C’est difficile, mais il faut le faire", concède-t-il, impuissant. Face à cette situation, la foi devient un exécutoire pour tenter de s’échapper à la dure réalité de la vie. "On est des croyants. Donc, il y a toujours espoir. Certainement que les choses vont s’améliorer", explique Ablaye Guèye.

La demande sociale est de plus en plus forte et pressante. Si Mohamed Ould Abdel Aziz n’obtient pas des résultats enchanteurs, il aura dû mal à convaincre les mauritaniens et principalement ses détracteurs à changer véritablement la Mauritanie. Et dans ce sens, le meilleur baromètre, aujourd’hui, pour jauger le niveau de développement économique et social du pays, c’est de se rendre à l’intérieur.

Babacar Baye NDIAYE

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