samedi 17 octobre 2009

Nouakchott, Mauritanie- A deux mois de la rencontre de Copenhague, les pays riches invités à tenir compte des intérêts des pays en voie de développement


«Enjeux et perspectives pour les pays d’Afrique, d’Amérique latine et d’Asie. Partager une vision commune des arrangements Post-Kyoto». Tel est le thème du symposium international sur le changement climatique qui s’est ouvert hier à Nouakchott au Palais des congrès et qui se poursuivra jusqu’au 16 octobre.
Cette rencontre internationale est une initiative de l’African Network of Environmental Journalists (ANEJ) dirigé par le mauritanien Sidi El Moctar Cheiguer. Ce symposium qui s’inscrit en perspective de la prochaine conférence des Nations Unies sur les changements climatiques du 7 au 18 décembre à Copenhague a pour objectifs, entre autres, de renforcer les positions des pays du sud.
Et, à ce sujet, le président du Réseau Africain des Journalistes de l’Environnement a laissé entendre que les pays asiatiques, latino-américains et notamment africains ont intérêt à développer entre eux une dynamique d’opinion pour pouvoir faire face aux conséquences des changements climatiques.
Il a invité par la même occasion, dans son discours, les pays industrialisés à «adopter des mesures pour réduire les effets sur les changements climatiques ». Pour lui, la volonté de changer doit exister au niveau de ces pays qu’il a appelés à «réapprendre à marcher sur terre » avant qu’il ne soit trop tard.
Il a aussi mis l’accent sur la nécessité de faire face à la «fréquence des catastrophes naturelles » qui sont une preuve vivante que les dirigeants des pays industrialisés doivent faire des efforts pour limiter l’impact du changement climatique.
«Le compte à rebours a déjà commencé », a rappelé Maria De Vello Ribero, coordinatrice du système des Nations Unies en Mauritanie. «L’horloge climatique tourne à grande vitesse », a-t-elle prévenu. Face aux dégâts qu’engendrent les changements climatiques à travers le monde, elle a déclaré que l’humanité ne peut plus attendre. Et, à l’en croire, il urge de «renverser la tendance actuelle » dans ce cadre. En Afrique, le coût de la dégradation de l’environnement représente 14%.
«Nos pays ont intérêt, en termes de lutte contre les changements climatiques, à fédérer et à mettre en place des projets qui intègrent plusieurs pays. Un seul pays ne peut pas mener une action de lutte contre les changements climatiques. C’est à travers des actions fédératrices de plusieurs pays qu’on peut avoir des résultats sur le terrain», a laissé entendre Babacar Bachir Sané, journaliste au quotidien national sénégalais «Le Soleil».
Si les journalistes ont été mis à contribution, c’est pour qu’ils incitent les dirigeants africains, en les mettant en garde, contre les menaces actuelles d’ordre environnemental que le continent est en train de vivre et qui sont liées aux changements climatiques à savoir les sécheresses, les inondations, la fonte des glaces, les ouragans...
Ce symposium va donc explorer les voies et moyens de soutenir les négociateurs des pays en développement pour une meilleure prise en compte, dans la capitale danoise en décembre prochain, des intérêts des pays vulnérables. Les récentes inondations dans certains pays de la planète y compris la Mauritanie sont là pour rappeler que les changements climatiques sont une évidence.
Aujourd’hui, le développement durable est rudement mis à mal par les pays industrialisés obnubilés par la concurrence et leurs intérêts au détriment des pays vulnérables. Dans de nombreux pays en voie de développement comme la Mauritanie, une stratégie nationale de développement durable a été élaborée dans ce sens pour face aux gaz à effets de serre.
Toutefois, les récentes inondations ont recelé au grand jour une absence de gestion environnementale préventive dans certains pays africains. «Dans les villes africaines, le volet aménagement a été toujours occulté. Si vous parcourez l’Afrique, beaucoup de pays sont en train d’aménager de secondes villes à caractère économique», rappelle Babacar Bachir Sané.
L’environnement est rangé aujourd’hui, comme à l’image de la lutte contre le Sida ou la pauvreté en priorité par les Etats membres des Nations Unies. En Afrique par exemple, face à l’avancée du désert, la grande muraille verte a été initiée pour servir de réponse au phénomène de la désertification. Les changements climatiques sont devenus aujourd’hui l’affaire de tout le monde et aucun pays ne peut se targuer d’être épargné.
«Nous sentons également les effets des changements climatiques au Cameroun. Cela veut dire que c’est un problème réel. Cela veut dire que les camerounais soufrent eux aussi. Nous ne sommes pas encore au niveau que nous voulons mais nous sommes en train de progresser. Les pays en développement sont énormément frappés par les effets de changement climatique.
Il faudra absolument que nous, en tant que hommes de médias, arrivions à accompagner nos pays à trouver une vision commune avant d’aller à Copenhague», déclare David Akana, journaliste à la CRTV.
La rencontre de Nouakchott semble être décisive. Cependant, nombreux sont les participants qui nourrissent déjà des à priori au sujet de la conférence des Nations Unies sur le changement climatique qui aura lieu du 7 au 18 décembre dans la capitale danoise et s’interrogent même si les pays en voie de développement pourront peser sur la balance.
«Peut-être sur le plan médiatique, ils pourront influencer les décisions qui seront prises à Copenhague. En tout cas, ça ne sera pas tellement fameux. Le monde, c’est des intérêts. Avec les questions d’environnement, ce sont généralement les pays développés qui les financent. Je vois mal ces pays ne pas mettre en avant leurs intérêts par rapport aux questions environnementales», explique Babacar Béchir Sané.

Babacar Baye Ndiaye

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