jeudi 22 octobre 2009

Mauritanie- Eradication définitive du trachome: Le Lions Club "La Rose des Sables" met les bouchées doubles

C’est devenu presqu’un rituel. Tous les 10 octobre, la Rose des Sables organise, en marge de la journée du lionisme du 8 octobre, une journée de dépistage des maladies cécitantes au profit des populations les plus démunies. Pour l’année 2009, la journée de dépistage du 10 octobre s’est déroulée au centre Kissal d’El Mina en présence du secrétaire général du Ministère de la Santé.
A Nouakchott, presque toutes les moughataas sauf deux ont bénéficié de cette journée de dépistage qui vise aussi à pousser les populations à respecter les règles d’hygiène. «En faisant ce dépistage, on essaie de trouver du trachome et d’autres maladies cécitantes comme la cataracte et le glaucome. Après tout cela, on prescrit des ordonnances. On donne des rendez-vous aux personnes consultées afin qu’elles se présentent au Centre Priorité à la Vue de Teyarett où il y a des appareils nécessaires pour les traiter, approfondir le dépistage et voir si cela nécessite une opération chirurgicale», explique madame Limam, administrateur du projet Sight first en Mauritanie et par ailleurs présidente de la commission Sight first du Lions club La Rose des Sables.
Le docteur Hassane Ould Mohamédou est le coordonnateur adjoint du Programme National de Lutte contre la Cécité (PNLCC). Mis en place depuis 1998, ce programme dispose d’un Centre Priorité à la Vue qui se trouve à Teyarett, des antennes à Arafat, à la Polyclinique et à El Mina ainsi qu’à l’intérieur du pays. Il revient ici sur les orientations de ce programme. «En 2000, on a fait une enquête pour avoir une idée des maladies cécitantes. L’objectif de ce programme, c’est de lutter contre ces maladies cécitantes ou les prévenir. La première maladie, c’est la cataracte qui est la première cause de cécité en Mauritanie. En plus, il y a le trachome plus fréquent chez les enfants et les femmes», précise-t-il.
Aujourd’hui, les populations sont suffisamment informées au sujet des maladies cécitantes parce que de nombreuses campagnes de sensibilisation ou des missions techniques ont été effectuées à travers toute la Mauritanie quasiment. En parallèle, le ministère de la santé a élaboré un cadre de stratégie de lutte contre les maladies cécitantes et leur prise en charge qui est gratuite. A partir de janvier 2010, un nouveau projet estimé à 325.000 $ et financé par le Lions Club International va démarrer. Ce programme s’inscrit dans le cadre de la lutte contre la cataracte dans toutes les régions de la Mauritanie. Au sujet de la journée de dépistage du 10 octobre, l’accent a été essentiellement mis sur le trachome, la cataracte et le glaucome.
«A la fin de ces dépistages, les cas de trachome qu’on a retrouvés, on va leur donner des traitements à base d’antibiotiques appelés Zitromax. Les cas de cataracte, on les renvoie au Centre Priorité à la Vue de Teyarett ou à l’hôpital ophtalmologique de la fondation Bouamatou. Ils seront pris en charge gratuitement dans ces deux centres ainsi que les cas de glaucome», explique le docteur Abdallahi Ould Minnih, coordonnateur du Programme National de Lutte contre la Cécité.

Vers l’élimination définitive du trachome en Mauritanie avant 2012

C’est en tout cas la conviction des responsables du Programme National de Lutte contre la Cécité qui sont convaincus que la maladie du trachome qui est la deuxième cause de cécité en Mauritanie va bientôt être éradiqué. Le trachome représente aujourd’hui un problème de santé publique. Cette maladie est plus fréquente chez les enfants et les enfants. Pour cette maladie, il y a un programme depuis 2000 qui a touché toute la Mauritanie. «On est presque à la dernière phase d’éradication de cette maladie. Il ne reste plus que deux wilayas à savoir Tiriz-Zemmour et Inchiri», a déclaré docteur Hassane Ould Mohamédou. La cataracte et le trachome sont plus persistants en Mauritanie. Quant au glaucome, il est moins sévère. Les personnes les plus touchées par les deux premières maladies vivent souvent dans les quartiers les plus défavorisés de la capitale et à l’intérieur du pays dû en partie à la rareté de l’eau. C’est pour cela que le docteur Hassane Ould Mohamédou a insisté sur la nécessité d’observer une hygiène de vie rigoureuse. Il précise : «Si on arrive à observer une certaine propreté, on peut éradiquer cette maladie comme cela s’est passé en Europe. On croit qu’en 2012 le trachome n’existera plus en Mauritanie et on aura la certification de l’OMS», déclare-t-il, très optimiste.
En 2004, des enquêtes pour pouvoir définir le taux de prévalence de cette maladie en Mauritanie ont été menées. Les traitements des populations se font dans toutes les moughataas où il y’a un taux de prévalence avoisinant les 10%. Le Programme National de Lutte contre la Cécité est aidé en cela par l’Initiative Trachome International qui fournit gratuitement les médicaments de traitement et la fondation Bouamatou qui assure les frais de distribution, le stockage et le transport des médicaments.
Au sujet de la cataracte, c’est un plus délicat. Durant cette journée de dépistage, des cas de dernier degré ont été enregistrés. «Les gens viennent quand ils ne voient plus rien. C’est justement pour les bousculer qu’on organise cette journée de dépistage. Il ne faut pas attendre que la cataracte soit très épaisse et qu’on ne puisse plus l’opérer pour se manifester», tempête madame Limam sur un coup de gueule.
En marge de cette journée de sensibilisation, la présidente de la Rose des Sables Mme Mariam Chérif en a profité pour lancer la campagne de collecte de fonds destinés à financer les campagnes de dépistage des maladies cécitantes en Mauritanie. Et, spontanément, les membres de tous les clubs confondus ont mis leurs mains dans la poche y compris l’hôte de marque sénégalais Blaise Diédhiou qui a donné sa contribution en francs CFA. Même certaines personnes auscultées ont contribué à leur manière !
Toujours dans le cadre des activités de la Rose des Sables, en marge de la célébration de la journée du lionisme du 8 octobre, des dons en vivres variés (huile, mil, farine, sucre, lait, riz…) d’une valeur de 50.000 UM ont été distribués à des populations démunies au Centre de Récupération et de l’Education Nutritionnelle (CREN).

Babacar Baye NDIAYE

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