samedi 3 octobre 2009

Ibrahima Moctar Sarr se lâche



«Nous sommes prêts à accompagner le président de la République jusque là où il peut s’arrêter par rapport à nos propres objectifs »

Dans une interview accordée à l’avomm.com, le candidat malheureux à l’élection présidentielle de juillet 2009 Ibrahima Moctar Sarr par ailleurs président de l’Alliance pour la Justice et la Démocratie/Mouvement pour la Rénovation lève le coin du voile sur sa campagne électorale. Dans ses déclarations renflées comme des panses, l’indétrônable président de l’Ajd/mr n’hésitent pas à utiliser de subterfuges, de papouilles pour expliquer sa défaite du 19 juillet face à Mohamed Ould Abdel Aziz. Toutefois, il continue à soutenir mordicus ses ambitions politiques à la limite pantagruéliques de diriger un jour la Mauritanie. Dans cette interview, il y fait parade de son talent de grand discoureur. Extraits.

Dénouement de la crise politique

«L’objectif fondamental de mon parti a été atteint, à savoir le dépassement, avec l’aide et la bénédiction de la communauté internationale, de la crise institutionnelle dont le premier jalon fut le dépôt d’une motion de censure contre l’ex Président Sidi Ould Cheikh Abdallahi. Ainsi, dès notre meeting du 31 janvier 2009, nous exhortions l’ensemble de la classe politique à participer à l’élection présidentielle et proposions à l’opposition de s’unir pour battre le Général. Aux militants venus nombreux démontrer la force de notre parti mettant fin aux rumeurs d’implosion entretenus par quelques membres du bureau politique après leur exclusion pour leur soutien inconditionnel des militaires alors qu’il avait été décidé de ne pas accompagner la transition, j’affirmai sans détours que l’AJD/MR participerait à l’élection du 6 juin si ses instances le décident. Ce qui fut le cas lors de notre Congrès extraordinaire du 11 avril qui m’a investi comme candidat de l’AJD/MR. Et lors de contacts avec certains partis de l’opposition, nous avions insisté pour qu’ils ne rééditent pas les erreurs stratégiques du boycott de 1992 en pratiquant la politique de la chaise vide.»

Négociations de Dakar

«Certains ont interprété notre attitude comme une neutralité, mais d’autres plus sourds l’ont habillé comme un soutien des militaires. Qu’ils nous expliquent alors notre refus d’accompagner la seconde transition, l’exclusion de membres du bureau politique qui ont rallié les militaires, mon absence remarquée à Kaédi. Je vous renvoie à notre déclaration sortie le jour du coup d’État où nous constatons tout simplement la reprise du pouvoir par les militaires conformément à nos prévisions d’il y a trois ans ! Nous ne sommes pas considérés comme partie prenante à la crise car nous n’étions pas pour le retour de Sidi Ould Cheikh Abdallahi, et nous n’avions jamais soutenu le HCE, bien que nous ne soyons pas contre la candidature d’un militaire dès lors qu’il démissionnait. Donc l’absence de Dakar ne nous choquait pas. Contrairement à ceux que d’autres pensent, le véritable risque était que les élections aient lieu sans l’accord de la Communauté internationale, avec tout ce que cela aurait eu comme conséquence pour le pays. C’est pourquoi l’AJD/MR a inlassablement contribué à éloigner ce risque d’instabilité et de menace de la paix civile en posant des actes concrets.»

L’argent de sa campagne

«Le directoire de campagne avait vu grand pour son budget électoral prévisionnel, prés de 100 millions d’UM. Nos ressortissants du Gabon et de la Libye ont contribué pour prés de 700.000 (sept cent mille ouguiyas), les seuls hommes d’affaires mauritaniens qui nous ont aidés financièrement durant cette campagne de 2009 sont : - Isselmou Ould Tagidine de la BCI pour un million cinq cent mille (1.500.000) ouguiyas - Mohamed Ould Bouamatou de G.B.M. pour trois millions (3.000.000) d’ouguiyas. Pour la petite histoire, nous n’avions pas sollicité l’aide de Monsieur Bouamatou. Il m’a téléphoné de lui-même pour m’offrir son aide. J’ai consulté une partie du Directoire de campagne pour voir si nous devions accepter cette aide vu les accointances qui existent entre Bouamatou et le Général (notre adversaire). Il a été admis qu’en général, les hommes d’affaires aident tous les candidats contribuant ainsi à leur manière au développement du pays et de sa démocratie. En acceptant cette aide généreuse que beaucoup de nos plus proches nous ont refusée, cela ne nous liait en rien. J’ai tenu personnellement, tout en remerciant Monsieur Bouamatou, à lui demander s’il ne voyait pas d’inconvénients à ce que son aide soit publiée. Il a répondu que non. Il y a eu quelques rares personnes qui veulent garder l’anonymat et qui ont contribué pour un total de 1.000.000 UM (un million d’ouguiyas). Nous avions auparavant emprunté totalement les cinq millions qui ont servi pour la caution (elle vient juste d’être remboursée). En argent liquide, le Directoire de campagne n’a pas disposé de plus de dix millions d’ouguiyas mais nous avons engagé des frais et des dépenses ont également été effectuées au nom du Directoire. Nous traînons à ce jour des dettes pour des engagements du parti vis-à-vis des tiers, vis-à-vis même des membres du parti qui ont pris en charge certaines dépenses. Des engagements ont été pris auprès de tiers notamment dans nos directoires de campagne à l’intérieur du pays. Nous avons eu des dons en nature telles que les affiches et les photos. Un imprimeur mauritanien installé au Sénégal nous a fourni l’essentiel de nos photos, nos structures en France ont pris sur elles les T-shirt et autres gadgets de campagne. Si l’on budgétisait tout ce qui a été produit en matériels et en activité, les déplacements, les réceptions des délégations, le transport des militants, on ne serait pas loin de trente millions d’ouguiyas environ. Ceci est une goutte d’eau par rapport à ce que mes concurrents ont dépensé.»


Son procès contre Taqadoumy

«Taqadoumy ne pouvait fournir aucune preuve, mais le mal est déjà fait et l’objectif de ceux qui voulaient me nuire est atteint. Pour le procès lui-même, il a révélé encore une fois la carence de notre système judicaire. On a laissé croire que nos lois ne prévoient pas de sanctions contre les délits par voie de presse électronique ; c’est une aberration ! En ce qui concerne la diffamation, la loi vise tous les moyens audiovisuels et l’Internet en est un. Plus est, j’ai été membre de la commission qui a préparé cette ordonnance pour le CMJD. Je n’ai pas souhaité ce qui est arrivé à Hanavy, je lui ai exprimé publiquement et devant le procureur ma sympathie, sachant qu’il n’est pas directement responsable. Devant le refus de la rédaction du site de s’excuser, lui-même ne voulant se désolidariser d’avec ses collègues, en bon capitaine de bateau, j’étais obligé de défendre ma dignité. Pour en revenir aux effets de cette campagne diffamatoire, il faut dire que l’objectif a bel et bien été atteint. Il y a eu une véritable défection parmi mes sympathisants qui avaient accrédité bêtement cette thèse.
Les partisans de Ould Abdel Aziz ont participé à cette campagne de désinformation, notamment au Fouta et au Guidimakha pour dissuader les électeurs de voter pour Ibrahima Moctar Sarr, affirmant que je suis avec eux et qu’ils m’ont bel et bien acheté. Pendant la deuxième campagne, cette intoxication a fait des ravages parmi mes électeurs et je n’étais même pas sur les lieux pour apporter un quelconque démenti .On n’est allé jusqu'à dire que j’ai désisté en faveur de Aziz ou de Messaoud.»


Gestion des affaires du pays

«Personne ne peut nous obliger à participer à la gestion du pouvoir si nous estimons que les conditions ne sont pas réunies. Notre objectif demeure la consolidation de notre parti pour préparer les élections législatives et municipales dont nous demandons la tenue le plus rapidement possible. Cela dit, le bureau politique sur recommandation du conseil national, au lendemain de la proclamation des résultats, avait décidé de répondre favorablement à toute invite des nouvelles autorités pour participer à la gestion concertée des affaires du pays en cette phase cruciale où la Mauritanie traverse une période difficile où elle a besoin du concours de tous ses fils. Nous n’avons jamais fait de l’entrisme au gouvernement un objectif à atteindre coûte que coûte, sinon, nous aurions pu aller avec Sidi Ould Cheikh Abdallah et Ould Waghef lorsque ces derniers nous avaient sollicités pour participer au gouvernement. Nous ne le ferons que sur la base d’une plate-forme qui déterminera le rôle que nous pouvons jouer dans la phase actuelle du développement du pays aux cotés du nouveau président de la république, j’ai eu de très nombreux entretiens avec lui et je crois qu’il a de sérieuses ambitions pour la Mauritanie et qu’il est prêt à relever beaucoup de défis. Nous sommes prêts à accompagner le président de la République jusque là où il peut s’arrêter par rapport à nos propres objectifs, je lui demande seulement de ne pas oublier la promesse qu’il avait faite à l’issu des États généraux de la démocratie (EGD) d’appliquer tous les points d’accord de ces journées.»

Les Forces de Libération Africaines de Mauritanie (FLAM)

«Elles se trompent de combat, du moins certains de ses dirigeants. Ibrahima Mokhtar Sarr ne doit pas être leur programme politique même s’il partage avec eux le même programme politique. Nous sommes divergents sur les méthodes et les stratégies, ce n’est pas la fin du monde; cela n’exclut pas les critiques objectives mais il faut savoir raison garder. Chacun n’a qu’à faire ce qu’il peut de son coté pour arriver à la victoire finale. Je ne sais pas si j’aurai l’occasion d’écrire mes mémoires pour donner un aperçu sur notre itinéraire politique, mais le moment ne m’autorise pas à étaler sur la place publique des aspects de ce combat commun qui peuvent être exploités négativement contre l’objectif essentiel. L’AJD/MR en tant que parti n’a aucune relation avec les FLAM.»

Babacar Baye Ndiaye

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