Quatre, tel est le nombre de mois que sont restés les contractuels de la direction du tourisme sans percevoir leurs salaires. Ils ont adressé en vain de multiples missives à leur ministre Bamba Ould Dramane qui est là depuis le 31 août 2008 dans l’espoir de le mettre au parfum et qu’il apporte une solution à leur dilemme. «On ne travaille pas. On n’a pas d’activités. On monte. On descend. On ne fait rien. Tous les jours se ressemblent», résume un de ces contractuels de la direction du tourisme.
Il est dans cette direction depuis le 15 mai 2007. «On nous dit qu’il n’y a pas d’argent alors que les fonctionnaires sont payés», refuse-t-il de comprendre. Au nombre de 70 répartis dans les différentes directions du ministère du tourisme, de l’artisanat et du commerce, ces contractuels dont le salaire ne dépasse pas 32.000 UM sont recrutés à partir d’un stage de formation de 3 mois à la suite duquel on leur fait signer un contrat d’une année renouvelable avant de caresser le rêve de devenir un cadre de la fonction publique.
Aujourd’hui, ils sont tous animés par un sentiment de désespoir, de frustration et de désolation et n’ont que leurs propres yeux pour pleurer. Les indemnités dont il bénéficiait sous Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi ont été retirées depuis le coup d’Etat du 6 août 2008. A cette époque, c’est l’actuelle ministre de la Culture, de la Jeunesse et des Sports Cissé Mint Cheikh Ould Boïde qui était la directrice du tourisme. «Là, actuellement, elle nous manque sincèrement. Elle était sociable avec nous au moins. Depuis qu’elle est partie, on est devenus des orphelins. Elle nous comprenait parce que c’est une mère de famille. Elle nous donnait de temps à autre 10.000 UM ou 15.000 UM. Depuis son départ, notre situation s’est empirée», confie un autre contractuel de la direction du tourisme.
Certains d’entre eux, découragés, n’ont plus remis les pieds au ministère. D’autres par contre continuent à faire le pied de grue de tous les jours dans l’espoir de trouver de l’argent. «On ne veut plus travailler. On veut notre argent. On sait que ça va être très difficile à l’Etat de nous payer tout notre argent. Mais, au moins, qu’on nous donne les 2/3 de notre argent pour qu’on puisse régler nos petits besoins. J’ai des collègues dont les parents n’habitent pas à Nouakchott. Ils doivent payer leur loyer. Maintenant, ils sont obligés d’aller faire autre chose pour vivre », tempête quelqu’un d’autre, trouvé dans les couloirs du ministère.
La plupart de ces contractuels sont sortants des grandes universités ou Instituts de formation du Mali, Sénégal, Maroc, Tunisie, Jordanie, Syrie, Canada et maîtrisent souvent la langue de Shakespeare. Ils traînent ici comme des poubelles. Dans les couloirs du ministère du tourisme, de l’artisanat et du commerce, on croise des jeunes diplômés fraîchement débarqués à Nouakchott en provenance d’autres pays à la recherche de l’emploi. Partis sur les frais de l’Etat mauritanien, ils reviennent au bercail pour devenir diplômés chômeurs ou au meilleur des cas stagiaires.
Soulé Abdou Diarra, stagiaire à la direction du tourisme depuis 2 mois, en fait partie. A son retour au pays, après avoir crânement décroché un master en tourisme à l’Université Mohamed V de Tanger, il ne mettra pas beaucoup de temps pour déchanter vite. «On est vraiment déçus parce le tourisme est considéré comme un secteur qui peut contribuer énormément au développement socio-économique de notre pays. C’est une solution providentielle. Dans les années 70, ça a été toujours ainsi surtout dans les pays développés. Nous sommes dans un pays où il y a l’exclusion, la pauvreté et le chômage. Le tourisme peut constituer dans ce sens un secteur qui permet de partager les retombées tant sur le plan socio-économique que financier. On est ensuite déçus parce que c’est l’Etat qui a investi dans nos études. Normalement, il devait prendre sa responsabilité et l’assumer en nous intégrant par exemple dans la fonction publique», glose-t-il longuement.
Dès son arrivée à la direction du tourisme, il a pris connaissance de touts les rapports de travail de stratégie de développement. A son grand étonnement, il n’y a pas eu un seul dans lequel il n’est pas mentionné que la direction du tourisme souffrait de problèmes de compétences mais aussi du manque de personnel. «On dit que pour développer le tourisme, il faut avoir des statistiques. Ici, on n’en dispose pas alors qu’il y a des jeunes diplômés qui sont là et qui sont en mesure d’aller prendre ces chiffres, de les organiser et de les mettre à la disposition de la direction », dit-t-il.
A la direction du tourisme, les ressources humaines font cruellement défaut. Et, pourtant, il y a des jeunes diplômés qui sont là et qui répondent aux exigences de la formation et de l’expérience mais ils n’arrivent pas à trouver le boulot. «En réalité, il n’y a pas de travail, souffle un contractuel de la direction du tourisme. Toute la journée, c’est la morosité. On se contente souvent de faire ce qui n’existe pas. Les gens n’ont pas de vision. Les jeunes diplômés qui viennent ici sont un peu déçus et démotivés. »
Pour autant, certains d’entre eux continuent à réclamer leurs salaires. Quelques uns d’entre eux affirment même qu’ils ne tergiverseront pas à s’aggriper sur la première opportunité qui s’offrirait à eux. «Nous sommes obligés un jour ou l’autre de quitter », confie Soulé Abdou Diarra, le cœur meurtri.
Au sujet de ces arriérés de salaires, la direction du tourisme a dégagé toute sa responsabilité et a renvoyé la balle à la comptabilité qui dépend directement du ministère de l’économie et des finances. «On doit planifier les gens qu’on envoie. Mais, on n’envoie pas n’importe qui n’importe comment. Et, on ne forme pas des ingénieurs en électronique pour qu’ils deviennent plus tard des cadres en tourisme. On doit savoir ce qu’on veut, ce qui nous manque en termes de gestionnaires ou d’ingénieurs agronomes », déclare un cadre de la direction du tourisme. Il poursuit : «Croyez-vous que ça nous fait plaisir que ces gens-là restent des mois sans salaires ? Croyez-vous que ça nous fait plaisir ? ».
Au niveau de la comptabilité, on soutient à leur tour que cette situation n’est pas spécifique au ministère du tourisme, du commerce et de l’artisanat. Là aussi, on a porté la responsabilité sur le dos de la direction du trésor et du budget. Pendant ce temps, les contractuels ruminent leur mal en patience dans l’espoir de voir le ministère de l’économie et des finances décaisse leur argent.
Babacar Baye Ndiaye
Il est dans cette direction depuis le 15 mai 2007. «On nous dit qu’il n’y a pas d’argent alors que les fonctionnaires sont payés», refuse-t-il de comprendre. Au nombre de 70 répartis dans les différentes directions du ministère du tourisme, de l’artisanat et du commerce, ces contractuels dont le salaire ne dépasse pas 32.000 UM sont recrutés à partir d’un stage de formation de 3 mois à la suite duquel on leur fait signer un contrat d’une année renouvelable avant de caresser le rêve de devenir un cadre de la fonction publique.
Aujourd’hui, ils sont tous animés par un sentiment de désespoir, de frustration et de désolation et n’ont que leurs propres yeux pour pleurer. Les indemnités dont il bénéficiait sous Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi ont été retirées depuis le coup d’Etat du 6 août 2008. A cette époque, c’est l’actuelle ministre de la Culture, de la Jeunesse et des Sports Cissé Mint Cheikh Ould Boïde qui était la directrice du tourisme. «Là, actuellement, elle nous manque sincèrement. Elle était sociable avec nous au moins. Depuis qu’elle est partie, on est devenus des orphelins. Elle nous comprenait parce que c’est une mère de famille. Elle nous donnait de temps à autre 10.000 UM ou 15.000 UM. Depuis son départ, notre situation s’est empirée», confie un autre contractuel de la direction du tourisme.
Certains d’entre eux, découragés, n’ont plus remis les pieds au ministère. D’autres par contre continuent à faire le pied de grue de tous les jours dans l’espoir de trouver de l’argent. «On ne veut plus travailler. On veut notre argent. On sait que ça va être très difficile à l’Etat de nous payer tout notre argent. Mais, au moins, qu’on nous donne les 2/3 de notre argent pour qu’on puisse régler nos petits besoins. J’ai des collègues dont les parents n’habitent pas à Nouakchott. Ils doivent payer leur loyer. Maintenant, ils sont obligés d’aller faire autre chose pour vivre », tempête quelqu’un d’autre, trouvé dans les couloirs du ministère.
La plupart de ces contractuels sont sortants des grandes universités ou Instituts de formation du Mali, Sénégal, Maroc, Tunisie, Jordanie, Syrie, Canada et maîtrisent souvent la langue de Shakespeare. Ils traînent ici comme des poubelles. Dans les couloirs du ministère du tourisme, de l’artisanat et du commerce, on croise des jeunes diplômés fraîchement débarqués à Nouakchott en provenance d’autres pays à la recherche de l’emploi. Partis sur les frais de l’Etat mauritanien, ils reviennent au bercail pour devenir diplômés chômeurs ou au meilleur des cas stagiaires.
Soulé Abdou Diarra, stagiaire à la direction du tourisme depuis 2 mois, en fait partie. A son retour au pays, après avoir crânement décroché un master en tourisme à l’Université Mohamed V de Tanger, il ne mettra pas beaucoup de temps pour déchanter vite. «On est vraiment déçus parce le tourisme est considéré comme un secteur qui peut contribuer énormément au développement socio-économique de notre pays. C’est une solution providentielle. Dans les années 70, ça a été toujours ainsi surtout dans les pays développés. Nous sommes dans un pays où il y a l’exclusion, la pauvreté et le chômage. Le tourisme peut constituer dans ce sens un secteur qui permet de partager les retombées tant sur le plan socio-économique que financier. On est ensuite déçus parce que c’est l’Etat qui a investi dans nos études. Normalement, il devait prendre sa responsabilité et l’assumer en nous intégrant par exemple dans la fonction publique», glose-t-il longuement.
Dès son arrivée à la direction du tourisme, il a pris connaissance de touts les rapports de travail de stratégie de développement. A son grand étonnement, il n’y a pas eu un seul dans lequel il n’est pas mentionné que la direction du tourisme souffrait de problèmes de compétences mais aussi du manque de personnel. «On dit que pour développer le tourisme, il faut avoir des statistiques. Ici, on n’en dispose pas alors qu’il y a des jeunes diplômés qui sont là et qui sont en mesure d’aller prendre ces chiffres, de les organiser et de les mettre à la disposition de la direction », dit-t-il.
A la direction du tourisme, les ressources humaines font cruellement défaut. Et, pourtant, il y a des jeunes diplômés qui sont là et qui répondent aux exigences de la formation et de l’expérience mais ils n’arrivent pas à trouver le boulot. «En réalité, il n’y a pas de travail, souffle un contractuel de la direction du tourisme. Toute la journée, c’est la morosité. On se contente souvent de faire ce qui n’existe pas. Les gens n’ont pas de vision. Les jeunes diplômés qui viennent ici sont un peu déçus et démotivés. »
Pour autant, certains d’entre eux continuent à réclamer leurs salaires. Quelques uns d’entre eux affirment même qu’ils ne tergiverseront pas à s’aggriper sur la première opportunité qui s’offrirait à eux. «Nous sommes obligés un jour ou l’autre de quitter », confie Soulé Abdou Diarra, le cœur meurtri.
Au sujet de ces arriérés de salaires, la direction du tourisme a dégagé toute sa responsabilité et a renvoyé la balle à la comptabilité qui dépend directement du ministère de l’économie et des finances. «On doit planifier les gens qu’on envoie. Mais, on n’envoie pas n’importe qui n’importe comment. Et, on ne forme pas des ingénieurs en électronique pour qu’ils deviennent plus tard des cadres en tourisme. On doit savoir ce qu’on veut, ce qui nous manque en termes de gestionnaires ou d’ingénieurs agronomes », déclare un cadre de la direction du tourisme. Il poursuit : «Croyez-vous que ça nous fait plaisir que ces gens-là restent des mois sans salaires ? Croyez-vous que ça nous fait plaisir ? ».
Au niveau de la comptabilité, on soutient à leur tour que cette situation n’est pas spécifique au ministère du tourisme, du commerce et de l’artisanat. Là aussi, on a porté la responsabilité sur le dos de la direction du trésor et du budget. Pendant ce temps, les contractuels ruminent leur mal en patience dans l’espoir de voir le ministère de l’économie et des finances décaisse leur argent.
Babacar Baye Ndiaye
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