dimanche 30 août 2009

Nouakchott- Recrudescence de la violence sexuelle:La présidente de l’Afcf au bord du ras-le-bol et de l’énervement


idjaameNews-Aminétou Mint El Moctar, la présidente de l’Association des Femmes Chefs de Famille, est dans tous ses états. Et pour cause. La recrudescence de la violence sexuelle dans la capitale, Nouakchott. Les mis en cause sont souvent des chefs de famille. Et, nonobstant les campagnes de dénonciation de la part de l’Afcf, une Ong impliquée dans la promotion des femmes, ce phénomène continue à monter en flèche. D’où l’inquiétude d’Aminétou Mint El Moctar. Le constat est plus que dramatique qu’amer.
"Aujourd’hui, les femmes sont victimes de violences conjugales, d’abus sexuels, de viols, de maltraitances et les filles domestiques sont aussi maltraitées, violées et escroquées par leurs employés", s’indigne-t-elle.
Difficulté de trouver un interlocuteur, absence d’assistance, manque d’application de la loi, ces femmes sont abandonnées à leur propre sort. Excepté la brigade des mineurs, les commissariats de Police refusent souvent de collaborer avec les rares Ongs qui militent dans le domaine de la protection des femmes. Leur attitude frise même l’irresponsabilité.
Et, ce qui provoque l’ire de la présidente de l’Afcf, c’est que les auteurs de tels actes ne sont point inquiétés par la Police. Au lieu d’être protégée, la femme victime devient "la risée des autorités policières", s’indigne-t-elle. "On lui refuse la réquisition, soutient-elle. Et, si, on lui donne la réquisition, l’auteur est libéré avant le résultat de l’expertise. C’est très grave !"

Un cadre juridique défaillant

Cet état de fait renseigne sur le cadre juridique très défaillant en terme de lutte contre les violences faites aux femmes ; notamment, en ce qui concerne la protection des filles domestiques, très vulnérables. Autre raison favorisant la recrudescence des violences à l’égard des femmes, l’absence d’une loi criminalisant de telles pratiques. "C’est pour cela que les viols font rage ainsi que les violences familiales ", explique Aminétou Mint El Moctar.
Hormis les articles 309 et 310 du code pénal qui appréhendent de telles pratiques, il n’y a pas de lois spécifiques qui criminalisent les violences à l’égard des femmes y compris les filles domestiques. Non plus, il n’y a pas une juridiction qui traite spécifiquement ces problèmes.
Rien que dans la journée du 26 août 2009, l’Afcf a enregistré 10 cas de jeunes filles domestiques violées et violentées. Parmi elles, Aminata Ndiaye, 12 ans, originaire du Sénégal, qui a été enfermée et ligotée pendant 3 jours, rapporte la présidente de l’Afcf, par son employeuse. De même que le 25 août, une femme du nom de Néné Keita qui est en terme a été, elle aussi, violentée par son mari, un maçon de son état. Oumou Ndiaye, 14 ans, mauritanienne, est logée dans la même enseigne qu’Aminata Ndiaye. A la seule différence, elle a été violée et escroquée. Elle a été même battue par ses employés pour l’empêcher de dévoiler au grand jour son calvaire.
Saisie de toutes ces affaires, l’Afcf a décidé de porter plainte contre ces familles. Toutefois, la présidente de cette association, craint qu’il n’y ait pas de suite dans le traitement de ces affaires. "Combien de victimes sont venues nous voir ? Combien de victimes ont été à la police et qui n’ont pas trouvé gain de cause ?", s’interroge-t-elle. "Nous espérons que ces dossiers ne seront pas classés sans suite", prie-t-elle afin que ces cas ne finissent pas comme ceux des jeunes filles esclaves domestiques qui avaient récemment défrayé la chronique à Nouakchott au su de tout le monde.
Et, face à la recrudescence de tels phénomènes, Aminétou Mint El Moctar a dû mal à cacher son inquiétude. Pire encore, à ses yeux, cela démontre une certaine démission de la part de la police, une négligence de la prise en compte de cette question dans les lois. Mais, ce que cela démontre surtout, c’est l’inefficacité de la justice dans ce domaine.

Babacar Baye Ndiaye

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