mercredi 26 août 2009

Coumba Ndaw- Litige foncier entre une famille Cissokho et Camara: La Cour Suprême traîne toujours les pieds dans la délibération


idjaameNews-Coumba Ndaw est une localité située à quelques 18 kilomètres de Sélibaby dans la commune de Khabou. Ici, un litige foncier oppose une famille Cissokho, descendante d’esclaves, à celle des Camara, maîtres esclavagistes de nature. Depuis le déclenchement de cette affaire qui remonte en 2003 et qui a une connotation esclavagiste, il y a deux jugements qui ont été rendus. Le premier a été fait par le procureur de la République de Sélibaby en faveur des Camara.
Ce verdict qui date de 2007 a été balayé d’un revers de la main par la famille Cissokho qui fit aussitôt appel auprès du tribunal départemental de Kiffa. Celui-ci va à son tour confirmer la décision de justice du tribunal départemental de Sélibaby. C’est par la suite que la famille Cissokho décidât de porter cette affaire devant la Cour Suprême. Depuis lors, aucune suite n’a été donnée à ce dossier. Pendant ce temps-là, les deux familles continuaient à se crêper les chignons.
Ce terrain appartiendrait à la famille Cissokho qui l’exploite depuis plus de 45 ans. "A la dernière minute, il y’a une famille Camara qui s’est déclaré propriétaire du terrain en prétextant qu’il appartiendrait à leurs aïeuls", renseigne un membre de la famille Cissokho sous le couvert de l’anonymat.

Règlement de comptes ?

Pour la présidente de l’Association des Femmes Chefs de Famille (Afcf), c’en est véritablement un. Et, à l’en croire, l’affaire Coumba Ndaw constitue "une violation flagrante de la loi criminalisant l’esclavage" et montre en outre que "cette loi n’a pas été appliquée" en pareille circonstance.
Ecœurée et indignée, Aminétou Mint El Moctar a vertement attaqué "les esclavagistes qui sont en train de spolier leurs anciens esclaves" sous le nez et la barbe des autorités administratives et judiciaires. Pour elle, "la terre appartient à ceux qui la mettent en valeur" et cela est suffisant à ses yeux pour remettre ces terres à la famille Cissokho.
Des cas comme celui de Coumba Ndaw, il en existe partout en Mauritanie. En réalité, le litige foncier qui oppose la famille Cissokho à celle des Camara n’est que l’arbre qui cache la forêt. Déposséder des terrains, c’est devenu presque une mode. "C’est tous les maîtres esclavagistes qui créent des problèmes autour des parcelles de terres, des propriétés de leurs anciens esclavages. Ils veulent se venger. Ils sont contre la loi. Ils sont contre la justice. Ils n’ont qu’une seule idée à l’esprit : arracher les terres des pauvres gens qui vivent de ça", s’écrient Aminétou Mint El Moctar.
Cette affaire de Coumba Ndaw pose un autre débat, celui de l’application et de l’efficacité de la loi criminalisant l’esclavage et les pratiques analogues ainsi que la loi sur la réforme agraire de 1983.
Dans ce sens, la présidente de l’Association des Femmes Chefs de Famille, Aminétou Mint El Moctar a mis en garde l’Etat mauritanien contre la perpétuation des cas de dépossession de terres à caractère esclavagiste comme celui de Coumba Ndaw qui sont devenus légion en Mauritanie.
Elle n’a pas non plus manqué de battre en brèche "la solidarité féodale" qui existe entre la justice, l’administration et les maîtres esclavagistes."Le cas de Coumba Ndaw doit être réglé très rapidement et que la famille Camara soit punie parce qu’elle a porté préjudice à la famille Cissokho", a préconisé Aminétou Mint El Moctar.
En attendant d’être fixés sur leur sort par la cour suprême où a terri cette affaire, les Cissokho et les Camara continuent à se regarder en chiens de faïence. La présidente de l’Association des Femmes Chefs de Famille (Afcf) craint aussi que l’Affaire Coumba Ndaw ne soit "une base de conflit" qui pourrait entraîner des dégâts considérables. "Si, aujourd’hui, la Mauritanie veut être un Etat de droit, un Etat démocratique, il faut faire une rupture claire et nette avec ces pratiques de l’administration judiciaire et territoriale qui sont nuisibles au progrès du pays", dit-elle, promettant qu’elle va se battre afin que justice soit rendue à la famille Cissokho.

Babacar Baye Ndiaye

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