samedi 22 août 2009

Elections présidentielles du 18 juillet: Les mécanismes anti-fraudes sont-ils assurés?


Serrée, la présidentielle de juillet 2009 l’est incontestablement. Et, elle a été essentiellement focalisée autour de quatre candidats : Ely Ould Mohamed Vall, Messaoud Ould Boulkhéir, Ahmed Ould Daddah et enfin Mohamed Ould Abdel Aziz. Le dernier est à l’origine du déclenchement de l’escalade verbale qui s’est intensifiée durant les derniers jours de la campagne électorale.

La tension est montée d’un cran en conséquence à quelques heures avant la fin de la campagne électorale pour l’élection présidentielle du 18 juillet 2008. Dans ce compte à rebours époustouflant, les candidats à cette élection présidentielle haute en risques en raison de son enjeu politique et électoral, continuent à régaler les mauritaniens avec des révélations croustillantes et à tenir des propos corrosifs et provocateurs. Le tout dans une ambiance de dénigrements, d’accusations accablantes, de sauts d’humeur…

Dans certains directoires de campagnes comme celui de Ahmed Ould Daddah, de Messaoud Ould Boulkheir et d’Ely Ould Mohamed Vall -principaux adversaires de Mohamed Ould Abdel Aziz- on suppute déjà qu’une fraude électorale rampante se profilait à l’horizon.

Et, la déclaration intempestive de Messaoud Ould Boulkheir est venue jeter le pavé dans la marre laissant planer désormais le doute sur la fiabilité de l’élection présidentielle du 18 juillet prochain. Le candidat du Front National pour la Défense de la Défense (Fndd) a préféré plutôt enfoncer le clou, un jeu qui dérobe bien un sentiment de suspicion et de crainte.

Y’aura-t-il fraude à l’élection présidentielle du 18 juillet 2009 ? En tout cas, c’est ce qu’a soutenu le président de l’Assemblée Nationale, Messaoud Ould Boulkheir au cours d’une interview qu’il a eue, ce 14 juillet, avec Rfi (Radio France Internationale). Il déclare, lui qui a combattu avec la dernière énergie le putsch de 2008, que toutes les conditions ne sont pas réunies pour une élection neutre et transparente.

"En toute sincérité, je ne pense pas que toutes les conditions soient réunies pour des élections honnêtes et transparentes, dit-il. Il n’empêche que c’est de plein gré que nous avons voulu participer à ces élections parce que nous faisons un devoir de ne pas laisser le général putschiste puisse aller tout seul à ces élections-la et ce d’autant plus que nous savons que c’est la débâcle et la débandade à son niveau et qu’il n’a aucune chance pour remporter ces élections".

Toutefois, "nous craignons qu’il falsifie ces élections", avoue-t-il. Messaoud Ould Boulkhéir est formel et met en garde le général Mohamed Ould Abdel Aziz s’il était tenté par l’envie de frauder cette élection. Plus qu’une mise en garde, les propos de Messaoud Ould Boulkhéir transparaissent comme un défi adressé au général Mohamed Ould Abdel Aziz qu’il considère comme un va-t-en guerre.

"En cas de malversations électorales, de déclarations erronées des résultats du vote, nous contesterons et nous affronterons au besoin le pouvoir en place pour imposer la volonté populaire", dit-il. En d’autres termes, cela va signifier qu’on va revivre un remake de la crise politique née du coup d’Etat du 6 août 2008 dirigé par Mohamed Ould Abdel Aziz contre Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi. Ces déclarations du candidat du Fndd ne sont pas forcément de nature à épousseter la campagne électorale.

De telles craintes aussi de la part du président de l’Assemblée Nationale se justifient-elles ? Peut-on truquer cette élection et comment ? Le ministère de l’Intérieur qui est le grand organisateur de cette élection présidentielle est dans l’escarcelle de l’opposition. Quant à la Commission Electorale Nationale Indépendante, elle est dirigée aussi par l’opposition.

En outre, le Premier ministre issu de l’Accord Cadre de Dakar en l’occurrence Moulaye Ould Mohamed Laghdaf, avait sorti une note d’information demandant à toute l’administration d’être neutre et impartiale avant même le début de la campagne électorale.

Le meeting de Mohamed Ould Abdel Aziz de samedi dernier (11 juillet) à Arafat semble avoir installé la peur dans le ventre de ses adversaires qui l’accusent déjà de comploter un coup électoral.

Dans le camp de Mohamed Ould Abdel Aziz, les récriminations ne manquent non plus. On accuse par exemple le président de la Commission Electorale Nationale Indépendante, M. Ahmed Mahmoud Ould Dey, de tenter de saboter les élections du 18 juillet au profit du Rfd (Rassemblement des Forces Démocratiques) et du Fndd. L’élection présidentielle est-elle donc partie pour être contestée en raison d’irrégularités et de fraudes ?

Ainsi, pour certains candidats à cette élection, l’enjeu est de taille. "Le scrutin du 18 juillet est déterminant pour l’avenir du pays car il nous offre deux voies : celle de la légalisation du putsch du 6 août 2008 ou de son rejet", prévient Ely Ould Mohamed Vall.

Du côté de la société civile, on tente par contre de jouer aux sapeurs pompiers et d’appeler les candidats à la raison. "Le signe que brandissent certains (candidats) de ne pas respecter les résultats des élections présidentielles et de faire retourner le pays à la case des coups d’Etat en usant un langage exclusif est inadmissible", s’insurge Salka Mint Sid’Ahmed, présidente de l’Initiative Nationale pour la Sauvegarde de la Constitution.

Le verdict des urnes sera-t-il contesté ? En tout état de cause, tous les ingrédients qui concourent à cela sont réunis. Et, le code de bonne conduite qui a été élaboré par la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) et signé uniquement par Hamadi Ould Meimou, Messaoud Ould Boulkheir, Mohamed Ould Abdel Aziz et Ely Ould Mohamed Vall poussera-t-il ces derniers à "respecter le verdict des urnes" ?

Les mises en garde dans une campagne électorale sont un grand classique en politique. Eh, oui, c’est de bonne guerre. Et, on risque même de s’y perdre ! Aussi, cette élection à forte teneur explosive est loin de mettre un terme à la crise née du coup d’Etat du 6 août 2008 qui a renversé Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi.

Babacar Baye Ndiaye

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