samedi 29 mai 2010

Après avoir été victime d’expropriation, un paysan originaire d’Aleg sera gardé à vue pendant huit jours

Mieux vaut se crever les yeux que de croire que l’esclavage ou les pratiques à caractère esclavagiste ont disparu en Mauritanie. Malgré une loi portant incrimination et répression de toutes les pratiques esclavagistes en Mauritanie adoptée le 13 décembre 2007 par l’Assemblée Nationale et le Sénat, sous la présidence de Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi, ceux qui tentent d’aliéner, d’oppresser, d’asservir ou de déshériter certaines personnes, ne sont jamais punis et sanctionnés.


Né en 1957 à Aleg, El Maouloud Ould Brahim Ould El Haimir est un paysan. Son cas est un exemple de la pérennité des expropriations terriennes. Il avait un champ qu’il cultivait de père en fils. Mais, un jour, les maîtres de son père sont venus, à sa grande surprise, l’exproprier par des prétentions esclavagistes. A l’en croire, cette opération a été entretenue par la gendarmerie de la ville d’Aleg sur ordre du Hakem de cette moughataa. Face à cette tentative d’expropriation, il opposa un niet catégorique. Ce culot de sa part ne manqua pas de les irriter. Du coup, il sera gardé à vue pendant huit jours.


Pour bien le punir, il sera roué à coup de bâton, de bottes et de matraques puis trainé comme un mouflon. Finalement, il ne récoltera pas le fruit de ses efforts alors que son champ était presque prêt à la moisson. La gendarmerie, a-t-il confié, après l’avoir exclu de son champ, ceux qui prétendent être le maître de son père se sont appropriés de la récolte de ce pauvre père de famille.


Lorsqu’il a porté cette affaire au niveau de la Cour d’appel de Nouakchott, il a obtenu gain de cause. Et un jugement en sa faveur a été arrêté. Mais, c’était sans compter sur l’entêtement de ses anciens maîtres qui ne désarmeront pas. Au contraire, ces vis-à-vis ont fait comme s’il n’y avait jamais eu un jugement rendu en faveur d’El Maouloud Ould Brahim El Haimir.


A nouveau, ce dernier, lorsqu’il voulut récupérer son champ, il sera brutalisé avant de se faire signaler qu’il n’était plus le bénéficiaire du champ.


La récolte ainsi que le champ, par un supposé procès-verbal rendu par la tribu de ses anciens maîtres, a été attribué à un des cousins de ses anciens maîtres à qui il revient désormais d’occuper le champ. Alors qu’il n’y a pas eu un jugement qui stipule qu’El Maouloud Ould Brahim Ould El Haimir doit quitter son champ.

Désespéré et déshérité, il est venu se plaindre au niveau de l’Initiative de Résurgence du mouvement Abolitionniste présidé par Birame Ould Dah Ould Abeid. Ce dernier, quand il appela le Hakem pour s’informer du cas, il se verra signifier lui aussi qu’il devait plutôt s’occuper de ses oignons. A son tour, le commandant de la Brigade de gendarmerie d’Aleg soutiendra qu’El Maouloud Ould Brahim Ould Haimir a accepté de quitter le champ! Aux yeux de Birame Ould Dah Ould Abeid, les autorités de l’intérieur du pays sont en train de se conduire, comme au bon vieux temps, pareillement en territoires occupés contre les noirs et les harratines en s’érigeant en juges pour exproprier les terres des faibles pour les donner aux forts.


"En ces temps où le gouvernement mauritanien prétend s’engager dans une politique nouvelle de refonte de l’Etat sur des bases de bonne gouvernance, de justice et de soutien aux franges traditionnellement opprimées et déshéritées, l’administration et la justice s’emploient à rendre et à exécuter des décisions renforçant les liens d’asservissement et d’oppression qu’entretiennent les féodalités nationales avec les strates laborieuses comme les paysans, les éleveurs et autres", a déclaré Birame Ould Dah Ould Abeid par rapport à ce cas.


Et pour lui, il y’a beaucoup de gens qui sont victimes de ces genres de maltraitance, d’expropriation et d’abus de pouvoir de la part des autorités de l’intérieur du pays.

Babacar Baye NDIAYE

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