lundi 28 septembre 2009

Communauté Urbaine de Nouakchott: Deux ans après son arrivée, peut-on parler de mission difficile pour Ahmed Hamza ?



C’est devenu presqu’un rituel. Depuis, son élection à la tête de la Communauté Urbaine de Nouakchott (CUN), il organise, tous les ans, au mois de septembre, une conférence de presse pour défendre son bilan. Entouré de son premier vice-président M. Abderrahmane Ould Mohamed (APP), de sa troisième vice-présidente Mme Hawa Adama Diallo (UFP) et de son conseiller juridique Dr El Ide Diarra, Ahmed Hamza, le maire des maires de Nouakchott, a fait le tour des problèmes de la ville de Nouakchott, des communes qui composent la CUN et mis les points sur les i en ce qui concerne la gestion du quotidien des nouakchottois.

Les idées ne lui ont jamais fait défaut. Les projets non plus. Le président de la CUN a toujours clamé sa détermination à en découdre avec la «pagaille monumentale» qui fait office dans la capitale. Hargneux et persévérant, il a toujours cru qu’il pouvait changer en un clin d’œil Nouakchott et ses habitants. Croyant bien faire, il trimait et descendait à des heures poussées. Même malade, il retroussait toujours ses manches. Il tournait dans tous les sens, allait par-ci, se rendait par-là pour donner des signaux forts de ce que sera son mandat tout en faisant preuve de courage et d’abnégation.
Il inaugurait ainsi une nouvelle forme de rapprochement avec ses citoyens. Dès le lendemain de sa prise de fonction, il prône une «gestion rigoureuse» des ressources de la CUN. En bon chef, il montre l’exemple tout en restant cassant. «L’électricité est coupée, je suis là, dans mon bureau, je transpire et je travaille comme un nègre de service», se glorifie-t-il.
Il ne tergiverse pas à critiquer ses collaborateurs pour leur manque de travail et de dynamisme. Il leur impose un rythme de travail et s’impose la transparence et l’honnêteté. «Je n’ai jamais donné à quelqu’un un marché, se défend-il. Et, je défends quiconque de me prouver le contraire. »
Ses prises de bec lui ont valu d’ailleurs d’être écarté dans le démolissement des «blocs manivelles» de la capitale. Aussi, depuis son arrivée, la CUN n’est plus un souk. L’ordre y règne. Il refuse de se plier comme un roseau. Lorsque par exemple la Banque Mondiale lui propose de procéder à un dégraissage de son personnel, il y opposa un niet catégorique en évoquant des raisons sociales montrant ainsi qu’on ne pouvait pas le défléchir.
Fidèle à son slogan de campagne pour les élections municipales et législatives de 2006 «Hamza pour tous», il surmonte les préjugés raciaux et promeut la politique du mérite au sein de la CUN. Son arrivée va sonner le glas du laisser-aller et du favoritisme. Il semble ne pas danser avec ses adversaires politiques ou de son propre camp sur le même son de cloche. Parfois même, il en a ras-le-bol. Mais, il assume car il a compris que gouverner est un métier ingrat notamment au pays de Moktar Ould Daddah. «Je plains ceux qui veulent gouverner la Mauritanie», déclare-t-il.
Une année. Deux ans. Bientôt trois ans…Les choses semblent ne pas évoluer d’un iota. Nouakchott n’a pas grandement changé. Aujourd’hui, sans regimber, il a compris qu’il lui était très difficile voire impossible de mettre fin à «40 ans de mauvaise gestion et de panne d’idées», comme il le fustige. «Je suis moi-même déçu et pour la ville de Nouakchott que j’aime beaucoup et pour moi-même», confesse-t-il au début de sa conférence de presse du 23 septembre dernier. «Je ne pensais pas que c’était aussi catastrophique que ça!», poursuit-il.
Plus qu’un aveu d’impuissance, ces propos de Ahmed Hamza dérobent une remise en cause d’une gestion antérieure de la Communauté Urbaine de Nouakchott.
«Quelque part, je n’avais pas compris le système de la ville de Nouakchott. Je pensais que c’était comme toutes les villes du monde où il y a le maire et les maires d’arrondissement. Il s’est avéré que je me suis trompé. Nouakchott est découpé autrement. Il y a neuf communes avec neuf maires et un budget autonome, une gestion autonome et un conseil municipal autonome», fait-il observer pour dégager toute sa responsabilité dans tout ce qui se passe dans les autres communes et rappeler par ailleurs qu’il est tout simplement le président de la CUN. «J’aurai souhaité être le maire de Nouakchott. Là, je réponds aux problèmes de tout Nouakchott. Malheureusement, je ne le suis pas. Et ça, il faut le comprendre. Je suis le président de la CUN. Allez savoir ce que c’est. Même moi, je ne sais pas encore. Tout me concerne et dans la pratique rien ne me concerne», explique-t-il.
Avec un budget de plus d’un milliard d’UM, c’est à peine que la CUN parvienne à financer ses projets de développement. Espace de solidarité et de coordination, la CUN permet aux communes membres d’élaborer et de conduire ensemble des projets de développement. Dans ce sens, Ahmed Hamza a révélé que son institution a pu négocier avec l’Agence Française de Développement un montant de deux millions d’euro versés à ces mêmes communes. Actuellement, la CUN est engagée avec l’appui de certains partenaires comme la Banque Mondiale, Ile de France, la ville de Lausanne, le Gret, l’Union Européenne, à construire des routes dans les 9 communes de Nouakchott, un marché de bétail, à procéder à l’éclairage solaire de certains quartiers de Nouakchott, à aménager des parking pour les transports urbains, à approvisionner en eau certains quartiers populaires de Nouakchott. «Il n’y a pas eu un sou de l’Etat», s’indigne-t-il.
Deux ans et demi après son arrivée à la CUN, Ahmed Hamza refuse qu’on parle de mission impossible pour lui. Il continue à afficher sa bonne détermination et à soutenir mordicus que son bilan est positif. «Les projets existent mais c’est les autorités qui ne suivent pas», se défend-il en exhibant des piles de dossiers où sont contenus ses innombrables projets pour la ville de Nouakchott tout en demandant plus de compétences dans l’exercice de ses fonctions. «Soit l’Etat nous les donne ou nous retire nos compétences», lance-t-il. Du Hamza pur jus !

Babacar Baye Ndiaye

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