Ibrahima Moctar Sarr semble avoir bien digéré, contrairement à Ely Ould Mohamed Vall, Messaoud Ould Boulkheir et Ahmed Ould Daddah qui continuent à crier à la mascarade électorale, sa défaite du 18 juillet 2009 face à Mohamed Ould Abdel Aziz. Décontracté, bonne mine, visage jovial fendu de temps à autre par un large sourire, Ibrahima Moctar Sarr a félicité, au cours d’une conférence de presse organisée ce 20 juillet, le vainqueur du scrutin présidentiel du 18 juillet dernier, Mohamed Ould Abdel Aziz. Le leader de l’Alliance pour la Justice et la Démocratie/ Mouvement pour la Rénovation est sans équivoque. Ses 5% obtenus lors de l’élection présidentielle ne traduisent pas le début d’une nouvelle descente aux enfers pour lui et son parti.
Les raisons d’une débâcle électorale
Une chose est sure : Ibrahima Moctar Sarr ne semble guère avoir été surpris par son résultat qu’il a obtenu à l’élection présidentielle du 18 juillet 2009. Il assimile sa débâcle électorale de à l’action de sape qui a été faite à l’endroit de l’Alliance pour la Justice et la Démocratie/Mouvement pour la Rénovation.
"Des moyens énormes ont été utilisés pour cette élection présidentielle, rappelle Ibrahima Moctar Sarr. Des candidats ont utilisé des milliards au moment où on me taxait d’être acheté alors que je ne pouvais même pas bouger de Nouakchott. D’autres utilisaient des avions ou des hélicoptères pour faire leur campagne".
Il a aussi révélé que durant la campagne électorale pour l’élection présidentielle du 18 juillet 2009, il y aurait eu des achats de conscience. "En cette période des vaches maigres, de crise financière, il n’est pas toujours aisé de résister à l’argent", explique-t-il.
Autre raison évoquée par Ibrahima Moctar Sarr pour expliquer les raisons de sa débâcle électorale, celle relative à la "désinformation qui a été orchestrée" contre sa personne en pleine campagne électorale par le site électronique "Taqadoumy"."Cette action dévastatrice a fini par déranger effectivement une certaine catégorie de notre électorat, regrette-t-il. Nous l’avons sentie en Europe, aux Etats-Unis d’Amérique et même ici en Mauritanie".
Autant de paramètres qui ont expliqué, selon lui, que l’Ajd/mr ait perdu de nombreux électeurs. Toutefois, Ibrahima Moctar Sarr a reconnu que cette débâcle électorale serait aussi consécutive à un problème de fonds. "Ce manque de moyens ne nous a permis d’aller nous confronter directement sur le terrain avec nos adversaires, avoue-t-il. A un moment donné, nos adversaires sont partis même jusqu’à dire à nos électeurs qu’Ibrahima Moctar Sarr n’ira pas aux élections puisqu’il a désisté et rejoint le général Mohamed Ould Aziz".
Le leader de l’Ajd/mr n’a pas manqué de fustiger l’attitude du camp de Mohamed Ould Abdel Aziz qui a intoxiqué son électorat en laissant entendre que leur leader serait rangé derrière le candidat du changement constructif. "Nous savons que cette propagande a été faite, dit-il. Cela a dérouté quelques uns de nos électeurs. Ce qui fait que nous n’avons pas pu obtenir le score que nous étions en droit d’attendre".
Pour autant, Ibrahima Moctar Sarr ne semble pas être traversé par le remords en termes de score en comparaison à celui d’Ely Ould Mohamed Vall qui a déployé des milliards pour se faire élire et de certains leaders politiques. Ses 5% prouvent, à l’en croire, que la base de l’Ajd/mr est réelle et non corrompue. Déjà, du côté de l’Alliance pour la Justice et la Démocratie/Mouvement pour la Rénovation, on se prépare pour les futures élections législatives et municipales. "Nous sommes aujourd’hui dans une bonne posture, tente-t-il de rassurer. Nous pensons même que nous avons remporté une victoire, une victoire par rapport à ceux qui voulaient nous marginaliser, nous écarter et qui ne voulaient pas qu’on joue un rôle dans ce pays".
Au sujet du déroulement du scrutin du 18 juillet 2009, Ibrahima Moctar Sarr a révélé que son parti n’a pas relevé d’anomalies ni avoir été saisi par ses militants par des cas qui devraient remettre en cause cette élection. "C’est pour cette raison, dit-il, que nous avons félicité Mohamed Ould Abdel Aziz".
Le leader de l’Ajd/mr continue à réclamer toujours l’argent qui a été dépensé dans l’élection présidentielle du 6 juin 2009 finalement reportée à la suite de la signature de l’accord-cadre de Dakar qui a arrêté la date de l’élection présidentielle du 18 juillet 2009.
Le début d’une descente aux enfers ?
Ibrahima Moctar Sarr n’a pas réussi à faire mieux à l’élection présidentielle de 2007 où il avait réussi à obtenir plus de 8%. Au contraire, il n’a pas trouvé que de se glorifier et de s’agripper à son score de 2009 et refuse d’assimiler ce piètre score à une descente aux enfers pour lui et son parti. Il récuse non plus d’admettre que son électorat lui ait tourné le dos au profit de Mohamed Ould Abdel Aziz. Refusant d’avouer son échec, il déclare sur un air malicieux : "Cela peut être aussi le début d’une rénovation de l’Ajd/mr".
Le leader de l’Ajd/mr persiste et signe : "Notre objectif fondamental n’est pas de rentrer dans un gouvernement d’union nationale. Notre objectif fondamental, c’est de doter l’Ajd/mr de moyens importants pour s’imposer sur le terrain national". Mais aussi et surtout de porter un discours novateur qui va attirer l’ensemble des communautés du pays et Ibrahima Moctar Sarr semble en être convaincu.
Babacar Baye Ndiaye
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