Filles domestiques mineures: L’Afcf tire la sonnette d’alarme
L’ampleur de la maltraitance des filles domestiques mineures inquiète aujourd’hui l’Association des Femmes Chefs de Famille (Afcf) dirigée par Aminétou Mint El Moctar. Selon des statistiques, ces filles domestiques constituent 25% de la population dans les principales villes de la Mauritanie à savoir Nouakchott et Nouadhibou.
L’Afcf suit depuis quelques temps et avec beaucoup d’intérêt la situation de cette tranche de la société qui n’a pas de statut juridique qui les protège et garantit leurs droits. C’est dans ce cadre qu’un projet, en partenariat avec Terre des Hommes et la Coopération espagnole, a été initié.
L’objectif de ce projet est d’identifier les filles domestiques mineures et faire une étude de capitalisation de ce phénomène. Il s’agira d’avoir une idée de l’étendue d’un tel phénomène, d’analyser les données qui seront recueillies et partant de là élaborer une stratégie de protection, d’assistance et d’insertion des filles domestiques mineures dans la vie active.
Souvent utilisées dans la domestication, ces filles mineures font l’objet régulièrement de maltraitances, de kidnapping et de trafic sexuel. La plupart d’entre elles travaillent dans la garde des enfants sans aucune mesure de protection. Elles sont souvent exposées aux viols, à la maltraitance, après l’accumulation de plusieurs mois d’arriérés de salaire chez l’employeur, elles sont accusées de vol pour ne pas être payées.
«Et là, elles sont directement envoyées en prison sans protection. Venues à la recherche du pain et pour aider leurs familles qui sont dans une situation de précarité, elles se retrouvent emprisonnées dans des conditions catastrophiques, inhumaines et dégradantes. Elles se retrouvent en prison sans savoir pour quels motifs et sans issue», fustige vertement Aminétou Mint El Moctar.
Elle poursuit sur un ton d’indignation : «On ne juge pas ces filles mineures selon le code pénal mauritanien dont l’application dépend de l’humeur du cadi ou du procureur de la République souvent issu de la classe féodale qui a l’habitude d’opprimer les pauvres».
Aller en croisade contre la maltraitance des filles domestiques mineures passe nécessairement par la mise en place d’abord d’un cadre juridique qui les prémunirait contre toutes sortes d’abus, de violences ou d’injustice…Pourchassées par la pauvreté et la misère, la majorité de ces jeunes filles viennent du milieu rural. «Il y en a même quelques unes d’entres elles qui ont fait l’école. Mais, elles sont contraintes d’abandonner et de chercher du travail pour aider leurs parents», explique Aminétou Mint El Moctar qui n’a pas manqué d’indexé l’absence de campagne d’éducation, d’orientation et de sensibilisation de la part des élus locaux au sujet de ce problème.
Aujourd’hui, certaines organisations de protection des droits de la femme comme l’Afcf butent souvent sur un obstacle. Celui du non transfert des cas de filles domestiques accusées de vols vers la Brigade des mineures de Socogim Ps.
«Nous avons eu un cas de cette nature où une femme a porté plainte au commissariat de Ksar contre une fille de 12 ans pour vol. Au lieu que la fille soit envoyée à la Brigade des mineures, le commissaire a agi directement sur cette affaire pour des raisons de parenté avec la plaignante. C’est très grave», raconte Aminétou Mint El Moctar.
La présidente de l’Afcf a également fustigé le manque de sérieux dans le traitement de ces cas au niveau des commissariats de police «Seule la brigade des mineures répond dans la plupart du temps nos attentes», se félicite-t-elle.
Les problèmes sont donc réels. En plus de cela, il y a une difficulté réelle d’insérer les filles domestiques dans la vie active mais également que les organisations de défense des droits de la femme éprouvent toutes les peines du monde pour pouvoir défendre ou prendre charge de tels cas. A cela s’ajoute la complicité de certains policiers très prompts à les emprisonner sans toute forme de jugement dès que c’est un des leurs qui est victime de ce vol.
Plus inquiétant encore. Ce phénomène ne touche pas spécifiquement les filles mauritaniennes. Il y a celles qui sont issues de l’immigration. La Mauritanie étant devenue un point de passage vers l’Europe, les réseaux de trafic sexuel ont pignon sur rue notamment à Nouakchott et à Nouadhibou. Ces filles, pour l’essentiel, sont originaires du Mali ou du Sénégal. Au départ, recrutés pour être des filles domestiques, elles se retrouvent presque entre quatre murs. «C’est un phénomène grandissant sans qu’il y ait une véritable prise en considération de la part des pouvoirs publics, fulmine Aminétou Mint El Moctar. C’est un phénomène qui constitue un réel problème dans la société mauritanienne.»
A en croire, la présidente de l’Association des Femmes Chefs de Famille (Afcf), il faut qu’il y’ait, pour venir à bout de ce phénomène, un vrai débat, des mesures sérieuses prises dans ce sens mais également une vraie collaboration entre la société civile et les pouvoirs publics pour combattre ce phénomène des temps modernes.
Babacar Baye NDIAYE
L’ampleur de la maltraitance des filles domestiques mineures inquiète aujourd’hui l’Association des Femmes Chefs de Famille (Afcf) dirigée par Aminétou Mint El Moctar. Selon des statistiques, ces filles domestiques constituent 25% de la population dans les principales villes de la Mauritanie à savoir Nouakchott et Nouadhibou.
L’Afcf suit depuis quelques temps et avec beaucoup d’intérêt la situation de cette tranche de la société qui n’a pas de statut juridique qui les protège et garantit leurs droits. C’est dans ce cadre qu’un projet, en partenariat avec Terre des Hommes et la Coopération espagnole, a été initié.
L’objectif de ce projet est d’identifier les filles domestiques mineures et faire une étude de capitalisation de ce phénomène. Il s’agira d’avoir une idée de l’étendue d’un tel phénomène, d’analyser les données qui seront recueillies et partant de là élaborer une stratégie de protection, d’assistance et d’insertion des filles domestiques mineures dans la vie active.
Souvent utilisées dans la domestication, ces filles mineures font l’objet régulièrement de maltraitances, de kidnapping et de trafic sexuel. La plupart d’entre elles travaillent dans la garde des enfants sans aucune mesure de protection. Elles sont souvent exposées aux viols, à la maltraitance, après l’accumulation de plusieurs mois d’arriérés de salaire chez l’employeur, elles sont accusées de vol pour ne pas être payées.
«Et là, elles sont directement envoyées en prison sans protection. Venues à la recherche du pain et pour aider leurs familles qui sont dans une situation de précarité, elles se retrouvent emprisonnées dans des conditions catastrophiques, inhumaines et dégradantes. Elles se retrouvent en prison sans savoir pour quels motifs et sans issue», fustige vertement Aminétou Mint El Moctar.
Elle poursuit sur un ton d’indignation : «On ne juge pas ces filles mineures selon le code pénal mauritanien dont l’application dépend de l’humeur du cadi ou du procureur de la République souvent issu de la classe féodale qui a l’habitude d’opprimer les pauvres».
Aller en croisade contre la maltraitance des filles domestiques mineures passe nécessairement par la mise en place d’abord d’un cadre juridique qui les prémunirait contre toutes sortes d’abus, de violences ou d’injustice…Pourchassées par la pauvreté et la misère, la majorité de ces jeunes filles viennent du milieu rural. «Il y en a même quelques unes d’entres elles qui ont fait l’école. Mais, elles sont contraintes d’abandonner et de chercher du travail pour aider leurs parents», explique Aminétou Mint El Moctar qui n’a pas manqué d’indexé l’absence de campagne d’éducation, d’orientation et de sensibilisation de la part des élus locaux au sujet de ce problème.
Aujourd’hui, certaines organisations de protection des droits de la femme comme l’Afcf butent souvent sur un obstacle. Celui du non transfert des cas de filles domestiques accusées de vols vers la Brigade des mineures de Socogim Ps.
«Nous avons eu un cas de cette nature où une femme a porté plainte au commissariat de Ksar contre une fille de 12 ans pour vol. Au lieu que la fille soit envoyée à la Brigade des mineures, le commissaire a agi directement sur cette affaire pour des raisons de parenté avec la plaignante. C’est très grave», raconte Aminétou Mint El Moctar.
La présidente de l’Afcf a également fustigé le manque de sérieux dans le traitement de ces cas au niveau des commissariats de police «Seule la brigade des mineures répond dans la plupart du temps nos attentes», se félicite-t-elle.
Les problèmes sont donc réels. En plus de cela, il y a une difficulté réelle d’insérer les filles domestiques dans la vie active mais également que les organisations de défense des droits de la femme éprouvent toutes les peines du monde pour pouvoir défendre ou prendre charge de tels cas. A cela s’ajoute la complicité de certains policiers très prompts à les emprisonner sans toute forme de jugement dès que c’est un des leurs qui est victime de ce vol.
Plus inquiétant encore. Ce phénomène ne touche pas spécifiquement les filles mauritaniennes. Il y a celles qui sont issues de l’immigration. La Mauritanie étant devenue un point de passage vers l’Europe, les réseaux de trafic sexuel ont pignon sur rue notamment à Nouakchott et à Nouadhibou. Ces filles, pour l’essentiel, sont originaires du Mali ou du Sénégal. Au départ, recrutés pour être des filles domestiques, elles se retrouvent presque entre quatre murs. «C’est un phénomène grandissant sans qu’il y ait une véritable prise en considération de la part des pouvoirs publics, fulmine Aminétou Mint El Moctar. C’est un phénomène qui constitue un réel problème dans la société mauritanienne.»
A en croire, la présidente de l’Association des Femmes Chefs de Famille (Afcf), il faut qu’il y’ait, pour venir à bout de ce phénomène, un vrai débat, des mesures sérieuses prises dans ce sens mais également une vraie collaboration entre la société civile et les pouvoirs publics pour combattre ce phénomène des temps modernes.
Babacar Baye NDIAYE
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