mercredi 17 mars 2010

Mohamed Ould Nah, leader du Parti du Rassemblement Populaire (PRP)


«Les syndicalistes ont échoué dans leur tentative de déstabiliser le gouvernement »


En réaction à la grève des centrales syndicales, le leader du Parti du Rassemblement Populaire (PRP) Mohamed Ould Nah, a considéré que celles-ci doivent s’estimer heureuses par rapport aux indemnités qui leur ont été accordées par le gouvernement de Moulaye Ould Mohamed Laghdaf. Au passage, il a regretté que ces mêmes centrales syndicales soient sorties de leur cadre de revendication syndicale après avoir minimisé leur influence sur l’ensemble des travailleurs.


Mohamed Ould Nah accuse l’opposition d’être derrière les motivations des syndicalistes animés par l’intention de vouloir déstabiliser le gouvernement et le régime de Mohamed Ould Abdel Aziz. «Ces politiciens qui les manœuvrent sont considérés même comme des symboles de la gabegie. Cette grève ne peut qu’échouer sur l’ensemble du territoire national parce qu’elle n’a pas sa raison », a-t-il soutenu.


Du coup, il a appelé les syndicalistes à démissionner de leurs postes puisqu’ils ont trahi la majorité des travailleurs mauritaniens. Pour lui, les centrales syndicales ayant décrété les trois jours de grève représentent les arrières cours de l’opposition sur le terrain syndical. Dans le même ordre d’idées, le leader du Parti du Rassemblement Populaire (PRP), un parti de la majorité, n’a pas manqué d’adresser des griefs à l’opposition qui est, selon ses propres termes, égarée et dépourvue de discours politique clair.


«On l’a vue défendre les symboles de la gabegie. Elle est porteuse de messages qui ne sont pas consistants. L’opposition fait des déclarations à bout de force, des déclarations qui ne sont pas fondées », raille-t-il. «L’opposition est constituée d’écoles de la gabegie. Ce qu’on cherche maintenant, c’est l’émergence d’une nouvelle classe politique», conclut-il tout en appelant l’opposition à être beaucoup plus conséquente avec elle-même.

Babacar Baye NDIAYE

lundi 15 mars 2010

Filles domestiques mineures : La présidente de l’Afcf suggère la création de centres d’accueil


Dimanche 14 mars, Aminétou Mint El Moctar présidente de l’Association des Femmes Chefs de Famille (Afcf), a suggéré, au cours d’une conférence de presse, au Centre Culturel Français Antoine de Saint-Exupéry, la création de centres d’accueil en faveur des filles domestiques mineures. Et pour cause. Ces dernières, une fois expulsées de leur maison d’accueil, se retrouvent, sans protection ni encadrement ni assistance, dans la rue, sujettes à toutes sortes de menaces. D’ailleurs, récemment, l’Association des Femmes Chefs de Famille (Afcf) a entrepris une enquête sur la problématique des filles mineures domestiques victimes d’abus sexuels, de violences ou de maltraitances corporelles.
Pour Aminétou Mint El Moctar, il est nécessaire, pour pouvoir identifier les contraintes physiques et sexuelles que peuvent subir les jeunes filles domestiques, de connaître leurs zones d’afflux et d’atterrissage. Dans ce sens, Aminétou Mint El Moctar a fait remarquer que la majorité des parents ignorent les conditions dans lesquelles leurs filles travaillent.
Souvent analphabètes et issues de familles pauvres, ces filles domestiques n’ont pas de contrat de travail et rien n’indique qu’elles sont des employées à plus forte raison prétendre à un congé de travail. Une telle situation, selon la présidente de l’Afcf, doit pousser les autorités à prendre des mesures en vue de protéger les filles domestiques régulièrement à la merci des employeurs souvent sans scrupules. Ceux-ci profitant d’un cadre répressif inexistant exploitent sans vergogne cette catégorie de la société.
"Tous les employeurs ne sont pas mauvais, précise Aminétou Mint El Moctar. Il y a parmi eux certains qui traitent bien les filles domestiques mineures". Pour ne pas développer un complexe d’infériorité chez les filles domestiques mineures, Aminétou Mint El Moctar a souligné la nécessité de les mettre dans de bonnes conditions comme par exemple s’habiller, se soigner et avoir une couchette respectable.

L’autre front que veut attaquer l’Association des Femmes Chefs de Famille se situe au niveau de l’harmonisation des salaires des filles domestiques mineures souvent rachitiques, exploitées voire humiliées dans leur amour-propre.
Ce branle-bas de combat consécutif à une absence de cadre juridique adéquat justifierait, à en croire Aminétou Mint El Moctar, la dégénérescence du phénomène à l’intérieur du pays et notamment dans les grandes villes comme Nouakchott à forte démographie.
Derrière cette dynamique pour pousser les pouvoirs publics à créer un cadre de protection juridique et de réglementation du travail des filles domestiques mineures, il y a l’Ong internationale Terre des Hommes et la Coopération Espagnole qui ont récemment financé une étude sur ce phénomène.

Et pour Aminétou Mint El Moctar, plus que dégradante, la situation des filles domestiques mineures est de plus en plus alarmante. Et nul n’ignore que ces dernières, on les retrouve chez les Ministres, les magistrats, les directeurs, les élus du peuple…D’où la nécessité pour Aminétou Mint El Moctar de les assister, les encadrer et les protéger.

Babacar Baye NDIAYE

dimanche 14 mars 2010

Ladji Traoré au sujet du dialogue Pouvoir /Opposition


«On a le sentiment qu’Aziz n’a jamais lu les accords de Dakar qui lui ont permis de se couvrir d’un cache-sexe pour transformer un coup d’état militaire en coup d’état démocratique»


Ladji Traoré, une des figures de proue de l’Alliance Populaire Progressiste (APP), balaie d’un revers de la main les charges portées par le Président de la République Mohamed Ould Abdel Aziz lors de son meeting d’Arafat contre l’opposition qu’il a accusée d’être de mèche avec l’étranger. A son tour, il n’a pas manqué de dénoncer sa politique qu’il a qualifiée de populiste et de démagogique tout en l’invitant à s’asseoir pour une confrontation des programmes et des problèmes du pays. «S’il n’a pas peur de la confrontation, nous l’invitons au dialogue inclusif que nous n’avons cessé de réclamer depuis toujours et avec nous d’ailleurs la communauté internationale », lance-t-il. Entretien.

Le Rénovateur Quotidien : Comment analysez-vous le discours du Président de la République à Arafat où il a déclaré qu’il est prêt à dialoguer à condition que vous reconnaissiez sa victoire du 18 juillet 2009?

Ladji Traoré : En Afrique, dans ce processus de démocratisation vécu ça et là différemment, il ne faut rien minimiser. Le président ou le général Ould Abdel Aziz doit savoir qu’en ayant mis fin arbitrairement au régime démocratiquement élu du président Sidi Ould Cheikh Abdallah, un homme compétent respecté à l’intérieur et à l’extérieur du pays, il a créé l’une des plus grandes crises en Mauritanie qui aurait pu se solder par d’autres conséquences. Si l’opposition est allée aux négociations de Dakar, c’est pour pouvoir réfléchir aux autres questions du pays de manière consensuelle y compris en préparant des élections anticipées. On a le sentiment qu’Aziz n’a jamais lu les accords de Dakar qui lui ont permis de se couvrir d’un cache-sexe ou d’un prétexte pour transformer un coup d’état militaire en coup d’état démocratique. L’opposition, à la suite de la décision du conseil constitutionnel, a reconnu la légalité de son pouvoir dans la mesure où nous l’appelons au dialogue mais nous ne lui reconnaissons aucune légitimité parce que nous savons dans quelles conditions les élections de juillet se sont déroulées. On est habitué, en Afrique, à ce que des gens passent en force avec n’importe quelle élection. C’est de ce circuit que nous voulons sortir et aller vers un dialogue inclusif et apaisé y compris trouver des solutions aux problèmes graves que connait notre pays.

Le Rénovateur Quotidien : Dans son discours, Mohamed O. Abdel Aziz ne s’est pas empêché de vous titiller en disant que vous manquez de programme et de vision politique claire, d’où vos critiques fortuites?

Ladji Traoré : Sidi Ould Cheikh Abdallah, conscient de la gravité des problèmes que vivait la Mauritanie, avait reconnu deux choses : premièrement, la gravité du legs du passif humanitaire et deuxièmement l’urgence du retour des déportés mauritaniens au Sénégal et au Mali. Ces questions ont fait l’objet d’accords négociés entre APP et Sidi Ould Cheikh Abdallah pour mettre la Mauritanie sur les rails et la route de la réconciliation nationale sans tricherie et sans velléité de tromper qui que ce soit. Où en sommes-nous aujourd’hui de la solution correcte et non pas stipendiée du passif humanitaire ? Où en sommes-nous de la question du passif humanitaire ? Où en sommes-nous avec le problème du retour et de la réinsertion des réfugiés qui sont revenus dans leur propre pays après vingt ans et qui restent encore sous les hangars? On tait ces problèmes-là, on les banalise. On fait des discours, on fait de la démagogie. Un programme, ce n’est pas dire une chose aujourd’hui et dire son contraire demain ou chaque jour sortir ou aller à Haye Essakine ou à Arafat pour donner quelques terrains et les arracher ou les donner à d’autres. Il faut s’asseoir et de penser aux problèmes du pays non pas transformer des villas de passage en Centre Mère et Enfant inadapté mais d’avoir un véritable programme d’équipement du pays et de création de centres hospitaliers. C’est de cela qu’il s’agit. Dire que l’opposition n’a pas de programme montre qu’Aziz ignore son programme politique. Il ne croit qu’à son programme politique populiste et démagogique. Nous l’invitons à s’asseoir pour une confrontation des problèmes du pays. S’il n’a pas peur de la confrontation des programmes, nous l’invitons au dialogue inclusif que nous n’avons cessé de réclamer depuis toujours et avec nous d’ailleurs la communauté internationale.

Le Rénovateur Quotidien : Le Président de la République vous a également appelé à demander au peuple mauritanien pardon pour avoir défendu les prévaricateurs, le terrorisme et dénoncé la décision du gouvernement de rappeler son ambassadeur à Bamako. Quel commentaire en faites-vous.

Ladji Traoré : Je crois que les hommes politiques doivent parfois s’expliquer eux-mêmes. Vous êtes devant un homme (Ladji Traoré en personne) qui, pour des raisons de règlement de compte politique en 1980-81, le régime politique l’a jeté en prison en l’accusant de détournements de deniers publics. Après le coup d’Etat de Mâaouiya Ould Sid’ Ahmed Taya en 1984, on m’a demandé de sortir en prison, j’ai dit non. J’ai demandé à être jugé et blanchi ou condamné définitivement à vivre en prison mais je ne veux pas faire partie de ces hommes qui vont sortir et longer les murs le restant de leur vie. Je fais partie de ces hommes qui dirigent l’opposition. Il ne faut jamais passer par les raccourcis judiciaires pour régler des comptes politiques avec des adversaires politiques ou des hommes d’affaires sous prétexte qu’on lutte contre la gabegie. Tout le peuple mauritanien est dans le désarroi. Le cout de la vie économique n’a jamais été aussi précaire. Mohamed Ould Abdel Aziz a supprimé la SONIMEX de même qu’il vient de supprimer la SOCOGIM. Aziz est en train de tout bricoler. Sans s’asseoir et discuter des problèmes du pays, il est en train de tout mélanger et liquider les acquis du peuple mauritanien. Si quelqu’un doit bien demander pardon au peuple mauritanien, c’est bien Aziz. Ses décisions improvisées, contradictoires ne font qu’empirer la situation et aggraver les conditions de vie des populations. En 2007, ce sont ses hommes qui le soutiennent qui sont sortis dans la rue de Nouakchott pour dénoncer le terrorisme et appelé les oulémas à s’élever contre ce phénomène. Aziz était le premier en charge des problèmes sécuritaires du pays. Si, depuis lors, dans des conditions toujours obscures, il y a des affrontements avec les terroristes, qu’on dit nettoyer par-ci sans jamais montrer au peuple mauritanien ; quand on dit qu’on a saisi des tonnes de drogue, qu’on les détruise publiquement parce qu’il est arrivé parfois que des gens saisissent sur les terroristes ou les narcotrafiquants des tonnes de drogue et en font autre chose. Il faut cesser de taquiner notre opposition démocratique qui est très responsable. L’opposition a toujours dénoncé le terrorisme et nous continuerons toujours à le faire. Nous disons qu’il faut d’abord retourner les forces armées de sécurité à leur mission première qui est de sécuriser les biens et les services en Mauritanie, de sécuriser nos hôtes étrangers et que cela n’est pas possible tant qu’il n’y a pas une entente entre la Mauritanie et les pays voisins. Al Qaeda est logé là où on le sait. Nous pensons qu’il faut prendre ce problème ave beaucoup de sérieux, y mettre les moyens, mobiliser les forces anti-terroristes et donner la main aux pays étrangers pour organiser une véritable lutte contre le terrorisme dans la zone saharo-sahélienne. Les décisions prises par le gouvernement au sujet de la lutte contre le terrorisme montrent déjà leurs conséquences néfastes pour les populations. Tout le monde n’est pas terroriste et tout le monde n’est pas candidat au terrorisme. Nous ne sommes pas non plus les gardiens de l’arrière cour de l’Europe contre l’immigration clandestine qui a d’autres motivations et d’autres raisons. Il faut éviter de prendre le peuple mauritanien sous n’importe quel prétexte. Les récentes décisions administratives de surveillance des frontières ont déjà commencé à aggraver la corruption. Je crois que les villages sur le fleuve Sénégal et ceux des éleveurs et agriculteurs du Mali et de la Mauritanie sont condamnés à coopérer quotidiennement et je crois que ceux-ci ne sont pas complices des terroristes. Il ne faut pas pénaliser les populations mauritaniennes sous prétexte de lutte contre le terrorisme ou l’immigration clandestine. Et dire que les leaders politiques de l’opposition sont à la solde de l’étranger et du terrorisme relève de la démagogie. Dans les pays comme les nôtres, les complices des terroristes ou les facilitateurs des actes terroristes sont souvent cachés dans les arcanes du pouvoir parfois même dans les arcanes des forces de sécurité. Est-ce que la Mauritanie échappe à cette règle. Je me pose cette question parce qu’en réalité, il y a beaucoup de choses qui se sont passées dans ce pays dans la lutte antiterroriste qui interpelle et qui inquiète parce qu’il y a des noms de personnalités qu’on avance qu’ils soient dans les affaires ou les forces de sécurité. C’est à eux maintenant de faire leur autocritique.

Propos recueillis par
Babacar Baye NDIAYE

samedi 13 mars 2010

Préavis de grève : Les centrales syndicales dénoncent la "sourde oreille" du gouvernement

Les centrales syndicales durcissent le ton à quelques jours de la fin de leur préavis de grève adressé aux autorités. Lors d’une conférence de presse tenue, mercredi matin, au siège de l’Union des Travailleurs de Mauritanie (UTM), elles ont dénoncé la "sourde oreille" du gouvernement face à leurs revendications.

Dans un communiqué de presse rendu public, les organisations syndicales de travailleurs signataires du préavis de grève des fonctionnaires et agents de l’Etat prévue le 15, 16 et 17 mars prochain, ont réaffirmé leur détermination à œuvrer pour l’aboutissement de leurs revendications en vue de l’amélioration de leurs conditions de vie et de travail à travers la revalorisation des indemnités de transport et de logement.

Ces organisations syndicales sont l’Union des Travailleurs de Mauritanie (UTM), la Confédération Générale des Travailleurs de Mauritanie (CLTM), la Confédération Nationale des Travailleurs de Mauritanie (CNTM), le Syndicat Professionnel des Infirmiers et Sages Femmes de Mauritanie (SPISM), le Syndicat National des Médecins et Chirurgiens Dentistes (SNMCD) et le Syndicat National des Professeurs de l’Enseignement Technique et de la Formation Professionnelle (SNPETFP).

Lesdites organisations ont également fustigé la campagne de démobilisation et d’intimidation orchestré par les médias publics par le biais de groupes de pression (tribal, administratif et professionnel) à l’encontre des travailleurs qui n’ont demandé que des améliorations de leurs conditions très dégradées par l’effet de la gouvernance économique et sociale.

Ce qui, à leurs yeux, dénote d’un refus obstiné de la part du gouvernement d’ouvrir les négociations avec elles et d’une volonté de provoquer l’escalade en continuant d’ignorer leurs appels.

Ces organisations n’ont pas manqué en outre de dénoncer les manœuvres de simulations de dialogue du gouvernement avec des organisations syndicales qui n’ont pas apposé leur signature au préavis de grève dans l’intention de saborder la légitimité de leurs revendications. Celles-ci portent sur les indemnités de transport et de logement.

Babacar Baye NDIAYE

Boubacar Ould Messaoud, à propos de l’arabité :"Elle procède d’une démarche d’exclusion et nous ramène à cette dimension de chantage à l’assimilation"



Boubacar Ould Messaoud, président de SOS Esclaves, fait partie de ceux-là que le discours au sujet de l’arabité que tiennent de plus en plus les pouvoirs publics ne rassure pas du tout. Et pour lui, ceux qui le véhiculent astreindre les autres communautés du pays à être des appendices des arabes.

Le Rénovateur Quotidien : La question de l’arabité est revenue au devant de l’actualité à travers les propos du Premier ministre Moulaye O. Mohamed Laghdaf qui a soutenu que la Mauritanie est un pays arabe. Quelle est votre réaction par rapport à cette question ?

Boubacar Ould Messaoud : La Mauritanie est un pays multiculturel. L’arabité procède d’une démarche d’exclusion et d’une tendance à vouloir faire de la Mauritanie un pays totalement arabe alors qu’il y a des mauritaniens qui ne sont pas des arabes. Personnellement, je ne me considère pas comme un arabe. Et le discours que tiennent les pouvoirs publics n’est pas du tout rassurant. Cela nous ramène à cette dimension de chantage à l’assimilation. Les hommes du pouvoir veulent obliger tout le monde à être un appendice des arabes. Ce n’est pas du tout rassurant, aujourd’hui, que les pouvoirs publics développent un tel discours. Il faut s’inquiéter du fait que des nationalistes arabes chauvins soient installés aujourd’hui dans les arcanes du pouvoir.

Le Rénovateur Quotidien : Est-ce qu’il ne faudrait pas poser cette question et d’en finir une bonne fois pour toutes que de l’esquiver ?

Boubacar Ould Messaoud : C’est un débat qu’on aurait pu poser. Le syndrome de la Côte d’Ivoire semble se réveiller en Mauritanie. Qu’est-ce qu’il faut débattre ? Mais, il n’y a rein à débattre. Il y a des mauritaniens qui sont arabes. Il y en a certains qui ne le sont pas. Quel est le débat à poser ? Ceux qui ne sont pas arabes, il faut les laisser être ce qu’ils sont. Il faut les développer, ils ont le droit de se développer. L’arabe n’est pas notre religion. Tout le monde n’est pas obligé de devenir arabe. Ce serait injuste. Nous sommes tous musulmans, d’accord. Mais, nous ne sommes pas tous des arabes. L’Islam appartient à tous ceux qui croient en Dieu et en son prophète(PSL) et font leurs prières.

Le Rénovateur Quotidien : Pour vous donc, c’est un faux problème et qu’au lieu de le poser, les mauritaniens peuvent se l’épargner ?

Boubacar Ould Messaoud : C’est un problème dangereux. Il n’est pas faux parce qu’il y’a des gens derrière, une réalité derrière. Cette réalité, c’est quoi ? C’est de faire de la Mauritanie un pays arabe ; c’est d’exclure les autres, c’est de revenir pour dire que certains sont des étrangers. Ce discours ramène à dire que les déportés devaient être déportés. C’est ce discours qui va continuer à éliminer les négro-africains de beaucoup de choses. Je suis un mauritanien et en moi, il y a le Wolof, le Peul, l’Arabe, etc. Et c’est cela que je veux développer, le concept du mauritanien qui n’est pas un produit spécial. Je n’ai rien contre les arabes. Ils ont leur place dans ce pays. Ils ont dominé ce pays. C’est leur pays mais c’est aussi le pays des Wolofs, des Poulars et des Soninkés. Il faut respecter les spécificités de toutes les communautés qui sont là et qui doivent continuer à cohabiter dans le respect de chacune d’elles en sachant qu’elles sont unies parce qu’elles appartiennent à la Mauritanie. On appartient au monde arabe mais également au monde africain.

Propos recueillis par
Babacar Baye NDIAYE

Diplomatie décentralisée :Le maire de Kaédi demande à l’Etat d’accorder plus de moyens à l’AMM



Dans le domaine de la gouvernance locale, la Mauritanie a encore beaucoup de chemin à faire. Et pour le maire de Kaédi, Sow Moussa Demba, il faut que l’Etat accélère le processus de décentralisation.

"Aujourd’hui, dans le monde entier, l’Etat central veut se désengager au profit des gouvernements locaux car c’est eux qui vivent les problèmes des populations", a-t-il rappelé en insistant sur la nécessité de dissocier le ministère de l’Intérieur à celui de la Décentralisation.
Le 6 mars dernier, à Abuja au Nigéria, la Mauritanie a été réélue au Bureau Exécutif et Conseil Panafricain des Cités et Gouvernements Locaux Unis Afrique.

Sur les 45 membres, notre pays a eu deux postes en la personne d’Ahmed Hamza et Sow Moussa Demba respectivement président et vice-président de l’Association des Maires de Mauritanie (AMM). Il faut rappeler, dans le même ordre d’idées, que le Bureau Exécutif des Cités et Gouvernements Locaux Unis Afrique est aujourd’hui le porte-parole des municipalités auprès des Nations Unies et de la Banque Mondiale.

Le maire de Kaédi regrette que la diplomatie décentralisée ne soit pas toujours prise pas en compte par les pouvoirs publics. Ce qui se fait se ressentir naturellement dans la représentativité des structures de coopération décentralisée. Du coup, Sow Moussa Demba a souhaité que la diplomatie décentralisée ait un soutien beaucoup plus affirmé de la part des autorités du pays.
Autrement dit, accorder plus de moyens à l’Association des Maires de Mauritanie (AMM) afin de lui permettre de jouer pleinement son rôle dans le domaine de la coopération décentralisée. Ce manque d’appui conséquent, d’ailleurs, à l’Association des Maires de Mauritanie (AMM) affecte considérablement le volontarisme de ses membres.

"Si les associations ne sont pas à jour en ce qui concerne leurs cotisations, les bailleurs de fonds vont se dire qu’elles ne font aucun effort. Du coup, elles vont s’interroger sur la nécessité de les subventionner", explique Sow Moussa Demba. Et sur ce plan-là, a-t-il indiqué, l’Etat gagnerait à donner plus de moyens à l’Association des Maires de Mauritanie (AMM).

Sow Moussa Demba a exhorté de ce fait les pouvoirs publics à développer cette diplomatie décentralisée ou des villes. Cela suppose, pour lui, qu’on accorde plus de moyens à l’Association des Maires de Mauritanie (AMM), à l’image des autres associations africaines et de par le monde, pour assurer son rôle.

Cela permettrait à la Mauritanie d’avoir plus de visibilité à condition qu’on donne plus de sens à la diplomatie des villes pour faire progresser la décentralisation.

Babacar Baye NDIAYE

Programme d’Assistance Communautaire : Le gouvernement américain alloue 13 millions d’Ouguiya à 5 Ongs mauritaniennes

Lundi matin, l’ambassade des Etats-Unis d’Amérique à Nouakchott a procédé à une signature de conventions de financement avec les représentants de cinq associations villageoises. Ce financement marque le démarrage des activités du fonds d’appui aux efforts déployés pour la promotion et le développement des collectivités locales pour l’année fiscale 2009-2010.

Cette aide du gouvernement américain s’inscrit dans le cadre du Programme d’Assistance Communautaire annuel communément appelé "Self Help". Le montant global de l’enveloppe allouée à ses associations s’élève à 50.000 $, soit plus de 13 millions d’Ouguiya.

Les cinq projets répartis dans cinq localités du pays (Kiffa, Djigui, Gounguel, Mbalal et Bousteila) couvriront plusieurs domaines d’activités parmi lesquels on peut citer l’approvisionnement en eau potable, de l’appui au maraîchage et à la sécurité alimentaire, de la santé et de l’aide sociale.
Un tel geste qui met en évidence l’attachement des Etats-Unis au peuple mauritanien a été beaucoup apprécié par les associations bénéficiaires.
"La cérémonie qui nous réunit aujourd’hui montre l’importance que les Etats-Unis d’Amérique accordent au développement local et la prise en charge des populations de leur propres processus de développement", a déclaré Boudah Ould Hmeyid, maire de Mbalal, au nom des Représentants Communautaires. "Il est important, a-t-il poursuivi, de souligner l’impact positif que ces projets auront sur la vie quotidienne des communautés les plus vulnérables et les plus pauvres de nos populations".

L’apport financier du gouvernement des Etats-Unis d’Amérique dans le domaine de la réalisation de projets destinés à venir en aide aux nécessiteux a permis de lutter contre la pauvreté dans les zones les plus vulnérables du pays.

"Votre engagement contribue de façon très éloquente à la construction d’une société plus juste et un avenir meilleur pour les générations futures", a lancé Mark Boulware, l’ambassadeur des Etats-Unis à Nouakchott à l’endroit des Présidents des Associations et des Représentants Communautaires.

Mark Boulware a affirmé que son gouvernement "continuera à œuvrer pour le développement des relations de coopération, d’amitié et d’assistance" au profit de la Mauritanie par le biais d’actions bilatérales ou multilatérales.

Babacar Baye Ndiaye

Préavis de grève : Les centrales syndicales dénoncent la "sourde oreille" du gouvernement



Les centrales syndicales durcissent le ton à quelques jours de la fin de leur préavis de grève adressé aux autorités. Lors d’une conférence de presse tenue, mercredi matin, au siège de l’Union des Travailleurs de Mauritanie (UTM), elles ont dénoncé la "sourde oreille" du gouvernement face à leurs revendications.
Dans un communiqué de presse rendu public, les organisations syndicales de travailleurs signataires du préavis de grève des fonctionnaires et agents de l’Etat prévue le 15, 16 et 17 mars prochain, ont réaffirmé leur détermination à œuvrer pour l’aboutissement de leurs revendications en vue de l’amélioration de leurs conditions de vie et de travail à travers la revalorisation des indemnités de transport et de logement.
Ces organisations syndicales sont l’Union des Travailleurs de Mauritanie (UTM), la Confédération Générale des Travailleurs de Mauritanie (CLTM), la Confédération Nationale des Travailleurs de Mauritanie (CNTM), le Syndicat Professionnel des Infirmiers et Sages Femmes de Mauritanie (SPISM), le Syndicat National des Médecins et Chirurgiens Dentistes (SNMCD) et le Syndicat National des Professeurs de l’Enseignement Technique et de la Formation Professionnelle (SNPETFP).
Lesdites organisations ont également fustigé la campagne de démobilisation et d’intimidation orchestré par les médias publics par le biais de groupes de pression (tribal, administratif et professionnel) à l’encontre des travailleurs qui n’ont demandé que des améliorations de leurs conditions très dégradées par l’effet de la gouvernance économique et sociale.
Ce qui, à leurs yeux, dénote d’un refus obstiné de la part du gouvernement d’ouvrir les négociations avec elles et d’une volonté de provoquer l’escalade en continuant d’ignorer leurs appels.
Ces organisations n’ont pas manqué en outre de dénoncer les manœuvres de simulations de dialogue du gouvernement avec des organisations syndicales qui n’ont pas apposé leur signature au préavis de grève dans l’intention de saborder la légitimité de leurs revendications. Celles-ci portent sur les indemnités de transport et de logement.

Babacar Baye NDIAYE

Lutte contre les discriminations : Des femmes syndicalistes appellent le gouvernement à redoubler d’efforts

Dimanche après midi, la coordination des femmes syndicalistes de la CGTM, la CNTM, l’UTM et la CLTM a organisé, à l’ancienne maison des jeunes de Nouakchott, la journée internationale de la femme sous le thème "syndicalisation des jeunes pour assurer une meilleure relève".

Dans une allocution présentée à l’occasion, Mahjoub Mint Saleck, membre du comité mondial des femmes de la Confédération Syndicale Internationale (CSI), a appelé les pouvoirs publics à redoubler d’efforts par rapport à l’intégration des questions relatives à l’égalité des sexes, l’accès des femmes à l’emploi et aux centres de décision, l’insertion des femmes handicapées, la lutte contre la violence à l’égard des femmes, la promotion de l’arsenal juridique ayant pour vocation la sécurité et de la protection sociale de la femme, l’amélioration des conditions de vie et de travail des femmes, la ratification et l’application des Conventions de l’Organisation Internationale du Travail relatives aux femmes et l’accès au crédit et au foncier pour les femmes.

La coordination des femmes syndicalistes de la CGTM, la CNTM, l’UTM et la CLTM n’y est pas allé avec le dos de la cuillère pour rappeler au gouvernement aussi la non implication des femmes syndicales par le département en charge de la question genre au niveau du Ministère des Affaires Sociales, de l’Enfance et de la Famille (MASEF) dans la définition des politiques d’intégration de genre, le manque de dispositions juridiques en matière de travail domestique, les problèmes de restructuration des femmes travaillant dans le secteur informel et la liberté syndicale.

Les débats, qui ont été animés par des femmes, ont tourné autour de la syndicalisation des jeunes, de la protection de la femme au milieu du travail et de la santé de la femme. Il faut souligner enfin la présence des femmes ressortissantes du Sénégal, du Mali, du Burkina Faso, de la Gambie et des deux Guinées qui ont honoré de leur présence la fête du 8 mars 2010.

Babacar Baye NDIAYE

Moulaye Ould Mohamed Laghdaf :"La Mauritanie est un pays arabe!"



Moulaye Ould Mohamed Laghdaf l’a rabâché à nouveau. Lors d’une conférence de presse donnée jeudi 4 mars, à la Primature, pour présenter les réalisations de son gouvernement nommé après l’élection présidentielle du 18 juillet 2009, il a déclaré que la Mauritanie est un pays arabe. "On est en Mauritanie. La Mauritanie est un pays arabe", a-t-il soutenu.

Comme quoi, le gouvernement parait plus que jamais déterminé à imposer la langue arabe en Mauritanie. Une fois de plus, Moulaye Ould Mohamed Laghdaf, le porte-voix de Mohamed Ould Abdel Aziz, n’a pas raté l’occasion pour rappeler, en signant et persistant, la volonté du gouvernement à promouvoir la généralisation de l’arabe comme langue de travail et d’échanges administratifs.

Durant cette conférence de presse, le Premier ministre a exprimé les "soucis" du gouvernement mauritanien qui ne semble pas avoir bien digéré la libération des trois combattants d’Aqmi par le gouvernement malien. D’ailleurs, à ce propos, Moulaye Ould Mohamed Laghdaf a estimé que le gouvernement malien a commis "un geste pas très amical" vis-à-vis de la Mauritanie. "Nous estimons que ce n’est pas bien pour la sécurité de nos deux pays", a-t-il expliqué.

Le Premier ministre a par ailleurs indiqué que le gouvernement mauritanien ne négocierait pas avec les groupes terroristes ou céderait à la pression de l’Aqmi en procédant à des échanges de prisonniers salafistes. "Nous estimons que les rançons ne sont pas la bonne solution", a-t-il affirmé. Cependant, il a laissé entendre que son gouvernement fera tout, sauf échanger des prisonniers ou donner des rançons, pour libérer le couple d’Italiens enlevés en décembre dernier en Mauritanie et les trois humanitaires espagnols enlevés au mois de novembre dernier sur la route de Nouadhibou.

Au sujet de la loi sur le terrorisme dont 10 articles ont été annulés par le Conseil Constitutionnel, Moulaye Ould Mohamed Laghdaf, faisant fi des inquiétudes des organisations de défense des droits de l’Homme qui ont vertement critiqué cette loi, a affirmé qu’elle répond aux défis qui attendent la Mauritanie dans le domaine de la lutte contre le terrorisme, l’immigration clandestine et le trafic de drogue.

Par rapport à la grève générale lancée par la CGTM, l’ATM, la CNTM et la CLTM et prévue le 15, 16 et 17 mars prochain sur l’ensemble du territoire national, le Premier ministre a déclaré que son gouvernement reste ouvert au dialogue.

Babacar Baye NDIAYE

Oumoulkheir Mint Yarba : Une vraie condition d’esclave !!!


Oumoulkheir Mint Yarba est une esclave née vers 1965 à Guelb Heboul dans la Wilaya d’Adrar. "Je ne me suis jamais mariée. Je n’ai jamais reçu une quelconque aide de la part de l’Etat. Ni mes enfants, ni moi ne détenons de pièces d’Etat civil ; je n’ai jamais voté", déclare-t-elle.
La dernière fois qu’elle a vu son père, elle était très petite encore. Cette esclave de la famille d’Abdallahi Ould Boulemsak ne garde de sa mère aucun souvenir. C’est elle qui, depuis son jeune âge, fait la lessive, expédie les commissions à la demande des maîtres, apporte le bois mort, prépare le thé, garde le croît des animaux, les attache et les détache, pile le mil dans le mortier et assure la cuisson des aliments. Une vraie vie d’esclave.
C’est elle aussi qui était chargée de garder les caprins, les ovins et les camelins, de les mener aux points d’eau pour les abreuver, de procéder elle-même à l’exore de puits profonds qui est un travail pénible. Au retour, elle était contrainte, malgré la fatigue, de s’occuper de la corvée de ménage. Quand elle finit, elle commence à traire les caprins et les chamelles.
Chaque matin, à l’aube, elle recommence les mêmes activités et cela doit continuer jusqu’à très tard dans la nuit. Ses enfants et elle mangeaient le plus souvent les reliefs des repas.
Le plus difficile qu’elle a eu à endurer, dit-elle, sous le joug de ses maîtres, c’est d’avoir gardé les animaux alors qu’elle était en état de grossesse.
La corvée s’est poursuivi jusqu’au jour de son accouchement. Ce qui ne l’empêchait pas de porter son nouveau né et de suivre le bétail comme d’habitude. Un jour, ses maîtres lui arrachent sa fille Mbarka Mint Oumoul Khairy et la contraignent à l’abandonner au profit de surveillance du troupeau.
Quelques jours plus tard, au retour de la maison, elle retrouve sa petite fille d’un an morte, cadavre dans les sables, les yeux ouverts, envahis par les fourmis. Sa demande d’assistance pour l’enterrer ne rencontra que silence et mépris total. Ses maîtres ne daignèrent pas se soucier d’elle et à l’aider à la sépulture. "Arrivée sur place, c’est moi-même qui ai creusé le trou et enseveli mon enfant", se souvient-elle. "J’ai beaucoup pleuré et ma fille et ma condition. Au lieu de comprendre mon désarroi, l’on m’ordonna de me taire sinon l’on me ferait subir ce que je ne pourrais jamais supporter", ajoute-t-elle.
Elle n’avait pas de logement et pour demeure elle n’avait qu’un abri à l’emporte-pièce, un assemblage de simples haillons. Elle devait se contenter d’une vielle couverture et d’un vieux drap. "Mes gamins et moi, subissions des châtiments corporels de la part de Mohamed Ould Abdallahi qui n’hésitait pas à me piétiner moi-même, devant eux. Il me frappait avec des branches d’épines. Les stigmates en sont, encore, visibles sur mon dos", se rappelle-t-elle, écœurée.
"Ni moi ni mes enfants n’avons connu des moments de loisirs, encore moins des sorties en guise de divertissement. Nous ne connaissons rien d’autre que le travail, exclusivement", dit-elle. C’est dans ces conditions qu’un jour, une voiture de la gendarmerie est venue la transporter vers Mboirick des Ideghchemma à Yaghref, avec comme viatique six têtes de caprins offerts par ses maîtres.
"Je le compris plus tard, il fallait ainsi dissimiler ma vraie condition d’esclave", dit-elle. Et la voilà qui se retrouve chez un célèbre officier de l’armée du nom de Vouyah Ould Mayouf, celui-là même qui l’avait mis en contact avec "Akhouk El Hartani". Ce dernier fit d’elle et de ses enfants, des esclaves, à nouveau. "Avec lui, j’ai enduré plus de souffrance qu’auparavant. Son exploitation ne s’est pas arrêtée à moi seule. Elle s’est étendue à mes enfants ; eux aussi ont été réduits en esclaves", dit-elle.
"Vouyah m’utilisait toutes les fois qu’il avait besoin de moi et me ramenait au village pour m’y abandonner quand je n’étais plus utile. Ainsi, se comportait-il avec moi", poursuit-elle en expliquant que celui-ci la terrorisait souvent en tirant des balles au dessus de sa tête.
Actuellement à Nouakchott où elle est prise en charge par SOS Esclaves, Oumoulkheir Mint Yarba ne veut que revoir sa fille Selek’ha. "On m’a informée qu’elle s’était mariée sans que je le sache. Ce mariage est pour moi nul et non avenu pour plusieurs raisons : d’abord, parce qu’il s’est fait sans tuteur légal ; ensuite, la fille est encore mineure, enfin, j’ai le droit de connaître son mari et c’est à moi de l’accepter ou non", a déclaré Oumoulkheir Mint Yarba. Et pour elle, cette union a eu lieu pour couvrir les agissements de Vouyah Ould Mayouf. Du coup, elle a décidé de porter plainte contre Vouyah Ould Mayouf et Mohamed Ould Abdallahi Ould Boulemsak.

Babacar Baye NDIAYE


Promesses électorales de Mohamed Ould Abdel Aziz: Pour combien de temps, les mauritaniens devront-ils prendre leur mal en patience?

Difficile d’y répondre. Mais, une chose est sûre : Mohamed Ould Abdel Aziz ne fait plus rêver ceux qui avaient voté pour lui. Le 18 juillet 2009, Anne Hamady Chérif, un enseignant de formation, avait voté pour Mohamed Ould Abdel Aziz. Quelques mois, après l’avoir porté, avec d’autres mauritaniens, au pinacle, ce quinquagénaire et père de quatre enfants semble rogner ses freins. "La situation est toujours difficile. Si nous n’arrivons pas à joindre les deux bouts avec notre salaire, on ne peut rien réaliser. Est-ce que je peux économiser quelque chose ? Je risque d’aller à la retraite sans maison ni rien du tout", confie-t-il.

L’arrivée au pouvoir de Mohamed Ould Abdel Aziz n’a pas grandement changé la vie des mauritaniens. Bien au contraire, eux qui espéraient vivre comme dans les pays du Golfe, continuent à tirer le Diable par la queue et mener une vie extrêmement difficile. Sous Mohamed Ould Abdel Aziz qui leur avait donné un second souffle, ils vivent un semblant d’insouciance teinté d’optimisme.

Ceux-là, tout en marquant leur indifférence face à la lutte contre la dilapidation des biens publics, de l’immigration et du terrorisme,- certainement parce qu’ils se sentent moins concernés- l’attendent également sur le terrain de la lutte contre les discriminations, le chômage, du renforcement de la cohésion sociale, de l’instauration de l’égalité des chances dans l’emploi. Nombreux sont les fonctionnaires de l’Etat qui sont aujourd’hui logés à la même enseigne que Anne Hamady Chérif. Et pour ces derniers, la manière dont Mohamed Ould Abdel Aziz gère le pays sur le plan social ne traduit pas une volonté de leur faire profiter la croissance économique du pays. Comme en témoignent les primes de transport et de logement accordés aux hauts fonctionnaires de l’Etat.

"Je crois qu’il y a beaucoup d’espoir mais la situation est encore difficile. Nous sortons d’une grande crise politique. Un processus d’actualisation de certains programmes est actuellement engagé avec certains de nos partenaires. J’espère que d’ici peu de temps, la situation va s’améliorer", déclare Mohamed Ould Moktar tout en espérant que celui dont il avait soutenu le programme, durant la campagne présidentielle de juillet 2009, va augmenter les salaires. Il poursuit, plus réaliste : "Pour le moment, on lui laisse encore du temps puisqu’on sait, il en a besoin".

Mais, pour combien de temps, les mauritaniens vont-ils devoir prendre leur mal en patience ? Assurer leur quotidien qui peut tourner en un véritable calvaire est devenu leur sport favori. Pour certains, comme Abdoulaye Camara, il faut s’adapter. "C’est difficile, mais il faut le faire", concède-t-il, impuissant. Face à cette situation, la foi devient un exécutoire pour tenter de s’échapper à la dure réalité de la vie. "On est des croyants. Donc, il y a toujours espoir. Certainement que les choses vont s’améliorer", explique Ablaye Guèye.

La demande sociale est de plus en plus forte et pressante. Si Mohamed Ould Abdel Aziz n’obtient pas des résultats enchanteurs, il aura dû mal à convaincre les mauritaniens et principalement ses détracteurs à changer véritablement la Mauritanie. Et dans ce sens, le meilleur baromètre, aujourd’hui, pour jauger le niveau de développement économique et social du pays, c’est de se rendre à l’intérieur.

Babacar Baye NDIAYE