vendredi 8 mai 2009

IGE-Le Collectif des avocats de Boïdiel persiste et signe : "Si M. Boïdiel avait accepté d’aller à la soupe, on n’en serait pas là aujourd’hui"



idjaameNews-Le collectif des avocats de Boïdiel Ould Homeïd, ex-directeur de la Caisse Nationale d’Assurance Maladie (CNAM) en l’occurrence Aïssata Tall Sall, Mohamed Salem Ould Bouhoubeyni, Moulaye El Ghaly Ould Moulaye Ely et Lô Gourmo Abdoul a organisé, ce jeudi 7 mai, à l’hôtel Mercure-Marhaba, une conférence de presse au sujet de la mise en demeure adressée par l’Inspection Générale d’Etat à leur client.
Aux yeux de Me Lô Gourmo Abdoul, l’affaire Boïdiel-IGE a une signification politique. "Il y a eu manipulation délibérée d’un dossier pour parvenir à un objectif bien précis qui est celui de tenter de mettre dans de grandes difficultés quelqu’un [Boïdiel Ould Homeïd, Ndlr] qui est connu comme étant une des figures de proue de l’opposition démocratique actuellement dans notre pays" explique-t-il. "Si on ne prend pas le dossier par ce fil d’Ariane, on risque de se perdre dans des considérations forestières, touffues et finalement ne pas en saisir l’essentiel", précise-t-il.
Par ailleurs, Me Lô Gourmo Abdoul a indiqué que le dossier de Boïdiel Ould Homeïd n’a pas été fait dans la sérénité. Suffisant pour lui de mettre en doute le travail de l’Inspection Générale d’Etat dirigée par M. Sidi Ould Ahmed Deya, à l’époque un des frondeurs contre le gouvernement Yayha Ahmed Ould Waghf où Boïdiel Ould Homeïd était nommé comme Ministre conseiller à la Présidence de la République. "On ne peut pas malheureusement ignorer ce fait contextuel dans cet espèce de puzzle des grands autres dossiers qui ont hanté la vie politique de ce pays depuis le coup d’Etat et qui se tiennent comme une énorme machinerie", précise-t-il.
Pour lui, l’affaire Boïdiel-IGE est un immense montage politique. Le dossier de Boïdiel Ould Homeïd s’inscrit, selon les avocats, dans le cadre d’un règlement de compte politique. "Cette affaire est politique", assure Me Aïssata Tall Sall. "Couvrir un dossier contre Boïdiel dans le contexte actuel ne peut pas être innocent d’autant plus qu’il a dit haut et fort ce qu’il pensait de la situation politique actuelle", enfonce Me Moulaye El Ghaly Ould Moulaye Ely.
Boïdiel Ould Homeïd serait-il donc une cible du régime militaire issu du coup d’Etat du 6 août 2008. En tout cas, c’est l’avis de Me Moulaye El Ghaly Ould Moulaye Ely. "Il n’y avait pas seulement Boïdiel qui avait reçu une mise en demeure. Il y avait des dizaines de personnes qui avaient reçu des mises en demeure en même temps que Boïdiel. Ces gens n’ont pas accepté de payer et pourtant ils n’ont aucun problème", rappelle-t-il.
A cette époque, Boïdiel Ould Homeïd avait consigné un montant de 120.000.000 UM. Pour autant, à en croire Me Moulaye El Ghaly Ould Moulaye Ely, cela ne signifie pas que leur client aurait reconnu les faits qui lui sont reprochés lorsqu’il était directeur général de la CNAM.
D’ailleurs, suite à la mise en demeure de l’IGE, Boïdiel Ould Homeïd avait adressé une lettre de contestation qui est restée lettre morte. "Il y a toute une chaîne à remonter avant d’arriver à Boïdiel. Nous avons cette fois-ci l’intention de faire un recours hiérarchique", révèle Me Moulaye El Ghaly Ould Moulaye Ely qui a balayé d’un revers de la main les reproches portés contre son client accusé d’avoir détourné de l’argent public par l’IGE. "Il n’y a aucune preuve qui montre que Boïdiel a utilisé cet argent à des fins personnelles", poursuit-il en laissant entendre que son client n’est coupable que d’une "faute de gestion".
Le collectif des avocats de Boïdiel Ould Homeïd considère la mise en demeure de l’IGE comme une diversion destinée à aveugler l’opinion publique. "Nous considérons que cette affaire n’est pas innocente. Nous considérons que le dossier est vide. Nous allons le démontrer et faire aboutir cette affaire", a promis Me Moulaye El Ghaly Ould Moulaye Ely qui accuse l’IGE d’avoir procédé à un détournement de procédure pour fonder une dynamique d’action judiciaire.

Un dossier cousu de fil blanc

Pour Me Aïssata Tall Sall, le dossier de Boïdiel Ould Homeïd est un dossier cousu de fil blanc. "Il n’y a pas de dossier. C’est un montage incongru", rappelle-t-elle. Elle lie cette affaire au fait que Boïdiel Ould Homeïd ait refusé de reconnaître le coup d’Etat du 6 août 2008 fomenté par Mohamed Ould Abdel Aziz contre Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi. "Au-delà de Boïdiel, ce sont les libertés qui se jouent en Mauritanie", dit-elle convaincue que cette affaire procède à une véritable extorsion de fonds. "Je ne suis pas étonnée qu’il y ait eu extorsion de fonds parce qu’avant tout il y a eu extorsion de pouvoir. Quand on a extorqué le pouvoir, on peut extorquer l’argent", poursuit-elle.
Le collectif des avocats de Boïdiel Ould Homeïd compte, les jours à venir, engager une procédure administrative. "Nous sommes convaincus que cet inspecteur général d’Etat [Sidi Ould Ahmed Deya, Ndlr] n’est absolument pas compétent pour envoyer une mise en demeure dans une matière qui relève de la Cour des Comptes", affirme Me Aïssata Tall Sall. Toutefois, elle a prévenu : "Si nous voyons qu’il y a un quelconque obstacle à ce que cela aboutisse, nous demanderons que la procédure pénale également soit enclenchée et qu’elle soit vidée".
Le collectif des avocats de Boïdiel Ould Homeïd semble avoir bien compris que le temps joue en défaveur de leur client qui est sous la menace d’une prescription pénale. "Nous le refusons. Nous allons tout faire pour que rapidement tout soit fait et dit sur ce dossier", dit-elle sûre que son client est "propre et qu’il n’a rien fait".

Babacar Baye Ndiaye

vendredi 1 mai 2009

Fête du 1ier mai 2009 : Une fête sur fonds de crise politique

Jamais, une célébration de la fête du 1ier mai n’a été aussi politique. La fête du Travail, organisée ce vendredi dans un contexte national marqué par le coup d’Etat du 6 août 2008 et de crise financière internationale, a rassemblé des centaines de travailleurs réunis autour de l’UTM, de la CGTM, de la CNTM et de la CLTM. Ces centrales syndicales, hostiles au coup d’Etat du 6 août 2008, ont célébré la fête avec le slogan "Ensemble pour le retour à la démocratie". La marche de ces centrales syndicales s’est déroulée sous haute surveillance policière.

Non seulement la fête du Travail a été une occasion pour les travailleurs de rappeler leurs droits mais aussi de parler de la crise politique actuelle. Sans ranger au second plan certaines revendications relatives à la détérioration du pouvoir d’achat, la cherté de la vie, l’augmentation des salaires, les travailleurs ont aussi marché pour exiger le retour à l’ordre constitutionnel. Ainsi, suite au traditionnel défilé, un meeting a été organisé en face de la mosquée de Qatar.

La Coordination des Centrales Démocratiques (CCD) qui regroupe l’Utm, la Cgtm, la Cntm et la Cltm persiste et signe dans son engagement à faire échouer, comme le Fndd, le coup d’Etat du 6 août 2008 qui a vu l’accession au pouvoir de Mohamed Ould Abdel Aziz.

Dans une plate forme revendicative, la CCD déclare que le pouvoir d’achat des travailleurs s’est considérablement détérioré. "Dans ce sens, aucune mesure n’a été entreprise visant à l’amélioration des conditions de vie des travailleurs", s’est offusquée la CCD.

A ce sujet la Coordination des Centrales Démocratiques a suggéré au gouvernement d’augmenter les salaires proportionnellement aux coûts de la vie, la suppression de l’ITS et enfin l’amélioration du contrôle de la qualité des produits de consommation.

"Les programmes de lutte contre la pauvreté et le chômage sont laissées pour compte en faveur des financements de tournées à l’intérieur du pays préparatoires de la campagne présidentielle anticipée, illégitime et anticonstitutionnelle du général", s’est indignée la Coordination des Centrales Démocratiques.

Celle-ci n’a pas caché son inquiétude au sujet du retrait de plusieurs projets économiques, le retrait des investisseurs étrangers, le gel des financements étrangers, la diminution du transfert des capitaux des migrants, la suspension de la coopération avec les Etats-Unis et l’Union Européenne, le retrait des principaux bailleurs de fonds (FMI et BM), la suspension du pays de l’OIF et de l’UA.

La Coordination des Centrales Démocratiques a battu en brèche les politiques d’improvisation initiées par Mohamed Ould Abdel Aziz en procédant à l’achat d’équipement dans des conditions obscures faisant ainsi allusion à l’achat du scanner destiné à l’hôpital national de Nouakchott et qui d’ailleurs avait suscité beaucoup d’interrogations.

La déception semble donc être grande chez les travailleurs notamment au sujet des négociations tripartites sur lesquelles ils avaient fondé de grands espoirs aussi bien pour l’amélioration de leurs conditions matérielles et morales que pour la révision des réglementations contractuelles afin de garantir la sécurité et la promotion du travail et de la production.

Pour la CCD, la Mauritanie s’achemine vers l’instabilité. La solution passerait, à l’en croire, à œuvrer énergiquement pour faire échouer l’agenda unilatéral des putschistes. La lueur d’espoir ne pourrait venir qu’à partir de là. "Nous invitons tous les mauritaniens à se retrouver ensemble dans un dialogue national compréhensif permettant de sortir le pays de la crise actuelle dans laquelle il s’abat et de sauver nos générations futures d’un avenir inconnu", a formulé la Coordination des Centrales Démocratiques.

Babacar Baye Ndiaye